Contrôle d’identité, s’il vous plait ?
Je m’appelle Mohammed, j’ai 21 ans et mon nom de scène est MHD. J’habite dans le 19ème arrondissement de Paris. J’ai commencé à faire de l’Afrotrap il y a 7 mois. Il y a quelques semaines j’ai sorti mon premier album et là je suis en pleine tournée.
On a connu la trap, on a connu l’afro beats, tu as fait ton mélange des deux et on te surnomme désormais « le prince de l’Afrotrap ». Te considères-tu comme le dépositaire de cet univers musical ? Est-ce arrivé par pur hasard ou était-ce une fusion mûrement réfléchie ?
Rien n’est fait par hasard. J’ai su jouer sur les deux terrains car j’estimais pouvoir les gérer. L’afro beats parce que j’écoutais beaucoup de sons afro et la trap parce que, de base, c’est ce que je faisais avec mon collectif 19 Rezo. Faire la fusion des deux fut quelque chose de simple, de quasi inné et ce fut une belle autoroute pour moi.
En terme de musicalité africaine, quelles sont tes inspirations ? Tu es plutôt musique « naijas » ou Afrique de l’ouest ?
Franchement, c’est un peu de tout. Je peux par exemple écouter du Davido, ensuite passer à du Salif Keïta qui fait des sons un peu plus traditionnels. J’écoute vraiment de tout en Afrique.
Sur le long terme, l’afrotrap est-ce quelque chose que tu veux pérenniser sur la durée ou bien est-ce un « kiff » du moment ? Comptes-tu revenir sur tes premiers amours : le rap, la trap pure ?
Non ce n’est pas qu’un kiff du moment. J’aimerais que l’afrotrap devienne une catégorie à part entière.
Tu es un enfant du 19ème arrondissement qui a vu émerger des personnalités fortes comme Rokhaya Diallo, Oxmo Puccino, Dawala… Et maintenant MHD. Est-ce pour toi une fierté de représenter ton arrondissement que tu cites régulièrement dans tes chansons ?
C’est sûr que je tiens beaucoup au 19ème ! Toi qui est également du 19ème (Michael Kamdem), tu sais très bien comment les mecs de chez nous sont, ils aiment bien représenter leur quartier, leur arrondissement et en sont fiers. J’ai fait un peu le tour du 19ème et le retour des gens est très positif, ils sont tous fiers et heureux de ce qui m’arrive. J’essaye toujours de leur faire un clin d’œil. J’utilise des mots, des expressions dans mes textes que seuls les gens de chez nous peuvent comprendre.
Si je te donne une baguette magique, et que tu as le choix de faire un featuring avec n’importe quel artiste vivant francophone et anglophone, qui choisirais-tu ?
En anglophone, ce serait Drake et en francophone je n’ai pas de préférence, je ne vois pas avec qui je pourrais faire un featuring pour l’instant. En solo, ça fait déjà l’affaire, on fait le taff (rires).
Qu’est-ce que ça fait, aussi jeune, de se retrouver au devant de la scène ? On n’a pas le souvenir d’un artiste hip-hop qui ait été à ce point médiatisé et en aussi peu de temps. Il y a eu Canal+, D8, Ofive… Tous les plus gros médias mainstream, ce qui est rarissime pour un artiste urbain. Comment le vis-tu au quotidien ? Comment garder les pieds sur terre ?
En fait, dès que je finis de faire un plateau télé ou une radio, je zappe instantanément. Je n’y pense plus et redeviens moi-même, Mohammed. Je continue à marcher tranquillement dans le quartier avec mes potes, on fait tout ce qu’on a l’habitude de faire : on va manger, on va à la chicha, je reviens à ma vie normale. Tous ces changements dans ma vie d’artiste n’ont pas d’impact sur ma vie personnelle, c’est peut-être le regard des gens qui diffère. Ils te reconnaissent, ils veulent des photos… Mais tout ceci ne peut pas me faire tourner la tête.
Quelle a été ta réaction quand Booba t’as proposé de l’accompagner sur sa première partie ?
Cela m’a fait plaisir, c’est sûr ! Surtout au stade où j’en étais, j’étais en phase de me faire découvrir et le fait qu’il m’ait demandé de faire sa première partie a ajouté beaucoup plus de lumière sur moi. Cela m’a donné énormément de force !
Si tu avais un message à passer à nos lecteurs qui pour la plupart suivent ton actualité musicale…
De se tenir prêt, car il y a de la frappe qui va arriver (rires) !
Énormément d’artistes essaient d’émerger, alors que pour ta part cela a fait un gros boum immédiat. Si en toute humilité tu pouvais donner un conseil à un artiste qui essaie de se lancer ou de percer dans le milieu, lequel serait-ce ?
Le message serait de ne pas lâcher prise. Si cela ne marche pas pour le premier morceau ou album, il faut revenir avec un second encore plus poussé. Regardez-moi, je faisais de la trap avec mes potes du 19 Rezo, au début ça ne marchait pas mais je n’ai pas lâché. Il faut donc toujours persister et partager à fond sur les réseaux sociaux jusqu’à ce que ça marche.
En parlant de 19 Rezo, vas-tu les englober dans tes futurs projets musicaux ?
L’afrotrap est un projet solo. Dans le collectif, nous sommes 5 et presque tout le monde a eu le droit à son projet solo. Mais il est sûr que nous continuerons à travailler ensemble, c’est la famille, ça ne bouge pas ! On les retrouve d’ailleurs dans tous mes clips.
Si je te dis le mot “Roots”, cela t’évoque quoi ?
“Roots” me fait penser à la série afro avec Kunta Kinte, aux histoires africaines, à la culture de chez nous, les traditions. ROOTS magazine c’est la Champions League paw paw paw paw !!!
Édition : ROOTS n°16
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