Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je suis Lez Obambi, 35 ans et originaire du Congo. Je suis le fondateur de Wortis, une box intelligente d’encaissement et de gestion connectée, permettant aux petites et moyennes entreprises d’accroître leurs performances et leurs profits tout en se modernisant. En d’autres termes, un appareil de type caisse enregistreuse, intuitif et tout-en-un, permettant une meilleure organisation de l’entreprise, une automatisation des ventes, un suivi des stocks, une fidélisation des clients, un meilleur contrôle du personnel… Le tout sans avoir besoin d’ordinateurs et avec possibilité de tout gérer à distance depuis un smartphone.
Pouvons-nous revenir sur votre parcours…
Après l’obtention d’un BTS en informatique de gestion, j‘intègre, en 2006, la Société Nationale des Pétroles du Congo comme développeur informatique. J’y évolue comme planning manager des chantiers pétroliers. Poussé par l’ambition d’être à la tête de ma propre entreprise, j’alterne alors entre des formations et la création de ma première entreprise de service numérique (ESN) tout en changeant d’employeur. Dès lors, j’ai l’opportunité de travailler sur la communication corporate et le RSE pour l’opérateur mobile MTN Congo.
En 2012, je m’installe en France pour achever mes études avec un MBA en consulting et stratégie, parallèlement je co-créé NOSIM, le premier opérateur IP en France, en Belgique et au Canada proposant des forfaits téléphoniques principalement vers l’Afrique centrale. Enfin, en 2015, fort de mes expériences, Wortis voit le jour.
Comment est né le projet Wortis ?
En m’installant en France, j’avais laissé derrière moi une entreprise avec une dizaine de salariés et qui a malheureusement fini par déposer le bilan à cause de mon absence. En effet, le suivi des activités n’était plus au rendez-vous et chacun était devenu maître dans son domaine jusqu’à ce que le chiffre d’affaires chute. L’entreprise ne pouvait plus faire face aux différentes charges, les clients ainsi que les bons éléments ont fini par aller voir ailleurs.
Cette situation désolante m’a poussé à réfléchir sur une solution pouvant permettre enfin à celles et ceux qui ont envi de contribuer au développement socio-économique de leurs pays d’origine, d’investir en toute confiance et à gérer eux-mêmes toutes les activités de leurs entreprises, de n’importe où. En gros, il s’agissait d’apporter une solution aux entrepreneurs de divers horizons.
On connait les difficultés des entrepreneurs afro-descendants qui souhaitent investir en Afrique, notamment la problématique de gérer des business à distance. Cette problématique est-elle entrée dans votre réflexion ?
J’ai fini par comprendre pourquoi la majorité d’Africains de la diaspora ayant pris l’initiative d’investir dans le pays d’origine a fini par abandonner faute de suivi et de prise de conscience. Heureusement qu’après cette réflexion, j’ai effectivement intégré le problématique de la gestion à distance au cœur de la solution Wortis, tout en mettant un accent particulier sur les réalités africaines, notamment en y ajoutant une batterie pour prévenir contre les coupures d’électricité, en y mettant une mémoire temporaire permettant à l’appareil de fonctionner de manière totalement autonome en cas de coupure ou mauvaise qualité d’internet, et en démocratisant l’utilisation du code-barres pour permettre à l’Afrique de lutter contre les produits contrefaits.
Vous êtes présents à Kinshasa et Brazzaville, quels sont vos projets de développement au Kongo ?
Wortis souhaite devenir le premier partenaire dans l’accompagnement de toutes celles et ceux qui tiennent ou qui veulent créer des entreprises de toutes tailles dans n’importe quel domaine comme, par exemple, la restauration, le prêt-à-porter, la beauté, l’hébergement, le bâtiment, le transport, etc. Pour atteindre cet objectif, Wortis va renforcer sa présence sur le terrain avec la création d’une trentaine d’emplois essentiellement pour les jeunes technico-commerciaux sur les deux rives du Congo d’ici la fin 2018, pour faire du Kongo un hub en vue de satisfaire la demande de toute l’Afrique subsaharienne.
Vous êtes un jeune entrepreneur. À quelles difficultés avez-vous fait face à vos débuts ?
Comme dans toute aventure entrepreneuriale, les difficultés ont été nombreuses, notamment sur le financement d’amorçage, le recrutement d’une équipe dynamique et compétente, ou encore les contraintes techniques liées aux technologies mobiles voulues par le projet. Mais il y avait également une difficulté particulièrement liée à l’Afrique, celle du manque de stabilité de la connexion internet, qui a coûté beaucoup de temps de développement au projet.
Si vous aviez un conseil à donner à un jeune entrepreneur qui souhaiterait se lancer dans le business ?
Pour se lancer, il faut associer à la persévérance et à l’optimisme, l’écoute des futurs clients. Le monde entrepreneurial est jonché d’obstacles, émanant aussi bien des aléas du quotidien que de notre entourage, ce qui peut souvent nous amener à douter de la voie qu’on a pu choisir mais il ne faut sous aucun prétexte baisser les bras. On peut être amené à revoir sa stratégie et à rediriger son offre, mais il faut du courage en avançant.
Si un ami non-Congolais faisait 48h à Brazzaville, quels endroits lui recommanderiez-vous ? Vos spots fétiches ?
À Brazzaville comme à Kinshasa, j’ai pu découvrir auprès des clients Wortis, qui sont juste formidables, une Afrique qui gagne et qui s’équipe à la pointe de la technologie. Si un ami veut aller prendre un verre, je lui recommande Bokutani, l’Empire, le Silerwings, la Pirogue, ou la Bodega à Brazzaville ; le Kwilubar, le Pokemon, le Bluebar, le Quartier, le Spot à Kinshasa. Il pourra également regarder un film au Cinebox. Il y a aussi la galerie Design Street, Kimya glam, ou le Capitole à Brazzaville et Zara ou New champagne à Kinshasa pour faire des emplettes.
Que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle année 2018 ?
Ce qu’on peut souhaiter à Wortis en 2018, c’est encore plus d’innovation, et que son message soit bien compris au sein de la diaspora africaine de France. En effet, le développement véritable de l’Afrique passera aussi par l’implication et les investissements de sa diaspora. J’encourage vivement cette diaspora à investir en Afrique en créant des petites et moyennes entreprises pour contribuer à la réduction du chômage des jeunes car, désormais, il n’y a plus de raison de ne pas le faire si on est équipé d’une box Wortis.
Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?
À travers le mot ROOTS, je vois l’authenticité et la qualité.
Édition ROOTS n°20 – Spécial Kongo
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