Que peuvent bien avoir en commun Yannick Noah, Dieudonné M’balla M’balla et Léon Mba ? Hormis le fait d’être trois réputés dans leurs domaines respectifs, ces personnalités sont issues de l’ethnie des Fangs. Venus de la Haute-Egypte près des rivages du Nil et des Grands Lacs, les Fangs auraient migré vers le sud du continent africain au XIXème siècle, s’établissant dans l’Afrique centrale actuelle. Petit rappel historique : dès 1840, leur présence est signalée au nord-ouest du Gabon dans la province du Moyen-Ogooué. Du Gabon, l’exode se suit jusque dans les pays voisins tels que le Cameroun ou Sao Tomé-et-Principé. Ils se partagent aujourd’hui plusieurs territoires dont le Cameroun, Sao Tomé-et-Principé, la Guinée-Equatoriale ainsi que le Congo-Brazzaville et le Gabon où ils représentaient 35 à 40% de la population en 2012. L’exode, période cruciale de pplusieurs années, a permis au peuple Fang de construire son identité.
Le poids de la mythologie
Durant leur migration vers le sud de l’Afrique nommé « Obane » qu’on situe au XVème siècle, les Fangs furent la proie de nombreuses autres tribus semant embûches sur leur passage. La légende raconte alors qu’Oyone Ada Ngone, sage notable, tomba dans le coma : une cause de désespoir pour le reste du peuple. Pendant son sommeil, un esprit vint remettre « le mvett » à Oyone Ada Ngone. Il s’agit d’un instrument de musique qui, par ses mélodes et ses récits fantastiques, va redonner aux Fangs la force nécessaire pour vaincre leurs ennemis.
Le mvett est aussi un recueil de récits épiques qui donnent naissance à la mythologie fang qui tout comme la mythologie grecque permet la rencontre de personnages réels et imaginaires. Cette rencontre a toutefois pour objectif de traiter de sujets profonds tels que les relations humaines ou l’immortalité. Très axés sur l’art, les Fangs sont également réputés pour leurs prouesses artistiques faisant d’eux d’excellents sculpteurs. En plus de leurs aptitudes créatives, les Fangs constituent un peuple enclin à la spiritualité. Georges Balandier, ethnologue et sociologue français, auteur de l’article : « Aspects de l’évolution sociale chez les Fangs du Gabon » publié en 1950, et Henri Trilles, missionnaire au Gabon ont tous les deux étudié le penchant de cette civilisation pour le spirituel et ses coutumes. Monothéiste, leur croyance est fondée sur le dieu Eyoh ou « le Nomant » qui signifie « celui qui crée en parlant ».
De nombreux artistes et personnalités politiques sont issus de l’ethnie des Fangs tels que Paul Biya Bi Mvondo, président du Cameroun et Sally Nyolo, compositrice et interprète camerounaise. Toutefois, malgré un décor élogieux, cette communauté est aussi la cible de multiples préjugés attribuant un caractère violent à ses membres. Une vision bien sûr rejetée par l’ensemble du peuple Fang.
Par Marie France MAKUTUNGU
Édition : ROOTS n°12
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