LES KONGOS : De Pointe Noire à Luanda

Majoritairement éparpillés dans trois pays d’Af- rique Centrale que sont l’Angola, la République du Congo et la République Démocratique du Congo, les dix millions de Kongos (ou Bakongos en langue kikongo) forment plus qu’un peuple que l’histoire a réparti sur différentes localités géographiques. Ce peuple est l’héritier du royaume de Kongo, dont les origines et les limites territoriales sont débattues à ce jour entre les historiens.

Somme de mythes transmis oralement de génération en génération, les origines du royaume de Kongo re- montent entre les XIIIè et XIVè siècles par l’union de deux principautés situées dans le sud de Matadi, au- jourd’hui capitale de la région Bas-Congo de la Répub- lique Démocratique du Congo. Descendant des deux principautés, Nimi ya Lukeni aurait fait de M’banza Kongo la capitale de ce royaume fondé sur la fédéra- tion de provinces conquises.

Aujourd’hui, le peuple Kongo compte plusieurs ethnies et plusieurs dialectes qui ne sont pas que le fruit de la colonisation. On peut retracer le multiculturalisme de ce peuple à l’annexion progressive de provinces ayant permis l’expan- sion territoriale du royaume qui, à son apogée, s’étendaient sur plus de 300 000 km2.

Le royaume de Kongo se distinguait des autres anciens royaumes africains par son administra- tion centralisée. Cette organisation politique stricte conformait aux activités commerciales du royaume dont la stabilité était garantie par le travail obligatoire imposé à la population. Or- ganisé dans un système de clans et de castes qui déterminaient le rôle des individus au sein de la société, le peuple Kongo pratiquait l’agriculture, la chasse et l’élevage. Le royaume de Kongo produisait et revendait des métaux, de l’ivoire, et était notamment connu pour sa culture de l’igname.

Comme de nombreuses anciennes sociétés africaines, la société Kongo était une société matriarcale. La descendance au sein des clans était également matrilinéaire, si bien qu’hom- mes et femmes pouvaient prétendre au titre de souverain du Kongo (Mwene ou ManiKongo). L’épouse du Mwene possédait elle-même des prérogatives particulières telles que le pouvoir de destituer son mari en tant que roi ou de lever une armée.

L’arrivée des Portugais en 1482, menés par Diego Cao marque la rencontre de l’Europe avec le royaume de Kongo. Cette rencontre engendre très vite le déclin de l’entité politique que l’on reconnaît comme la plus organisée du conti- nent à cette époque. De la fin du XVIè siècle à la conférence de Berlin de 1884-1885, le royaume de Kongo s’est vu dépecé par les intérêts rivaux européens qui convoitaient notamment la pop- ulation pour son commerce d’esclaves et les travaux forcés. Le partage du royaume de Kongo n’a pas pour autant ôté son identité à sa popu- lation. Malgré sa disparité géographique, le peu- ple Kongo se revendique encore aujourd’hui une identité commune reposant sur la solidarité lin- guistique et culturelle héritée de l’ancien royaume.

Par Ndeye Diarra

Édition : ROOTS n°12