Prenant racine du mot « ki-ngombo » de la langue bantou de région angolaise, le gombo est un aliment à part dans la gastronomie africaine. Lorsque vous étiez enfants, soyons francs, il n’était pas le plat qui enjaillait le plus. Originaire d’Afrique et fort d’une histoire qui transcende les frontières, il était jadis une pitance dédiée aux esclaves noirs des plantations américaines, notamment au sud. Il constitue aujourd’hui le fer de lance de l’art culinaire de la Louisiane, où il est appelé « okra » et dont le nom originel « gombo » est désormais celui d’une célèbre soupe de la cuisine cajun. Son engouement est tel que quasiment aucun restaurant de cette région des Etats- Unis n’est exempt de gombo dans la composition de ses menus. Mais avant de s’installer dans le pays de l’oncle Tom, le gombo a connu une longue migration. En effet, les Egyptiens furent les premiers à le cultiver, sur le bassin du Nil. Le légume vert arrivera en Europe au XIIe siècle grâce à l’importation des Maures espagnols, puis au Brésil, au XVIIe siècle, avec l’arrivée des premiers esclaves africains, avant de s’étendre sur la Guinée hollandaise, la Nouvelle Orléans et les Etats-Unis plus sporadiquement. Mais le gombo n’est pas un aliment comme les autres… Et pour cause, il possède de nombreuses et spectaculaires vertus pour l’ensemble de notre corps. Pourvu d’une forte concentration en vitamine A, il est reconnu bénéfique pour renforcer le muscle cardiaque et booster les sécrétions de glandes sexuelles. Une sorte de viagra 100% bio. Consommé en soupe, il lutte contre la constipation. Consommé cru, il agit sur les problématiques d’incontinence urinaire. Aux Antilles, on l’utilise également pour calmer les troubles gastro-intestinaux, après une bonne cuite. Tandis que des nutritionnistes s’accordent à dire que le gombo aurait la vertu de faire chuter le taux de cholestérol chez l’individu. Vous l’aurez donc compris, le gombo a tout de l’aliment parfait : globetrotter, aide-soignant et nourrissant. Présent dans la plupart des cuisines des foyers africains, il est décliné sous mille et une recettes. C’est ainsi que l’on retrouve le foufou et poisson sauce gombo au Cameroun, le soupounkandjia au Sénégal, le placali sauce gombo en Côte d’Ivoire ou encore le touffé de requin au citron vert et gombo aux Antilles. Quant au goût, c’est comme les couleurs, ça ne se discute pas…
Édition : ROOTS n°10
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