Contrôle d’identité stp ?
Je m’appelle Jennifer BATU. Je suis originaire du Kongo avec un grand « K », puisque mes parents sont des deux Congo. Je suis sportive de haut niveau. Je fais de l’athlétisme depuis 14 ans et je représente le Congo de Brazzaville. Et, à côté, je suis étudiante à l’Université de Droit de Paris Descartes.
Revenons sur ton début de carrière. Quels ont été jusqu’à présent les faits d’armes qui t’ont marquée ?
La première fois que je suis allée en Afrique, c’était pour les Jeux Africains, en 2015, à Brazzaville. J’ai été surclassée parce que j’étais encore jeune. J’y ai gagné une médaille et sincèrement, cela m’a marquée. Je me retrouvais dans un pays où ma mère est née, j’ai pu voir ma famille, voir l’Afrique, représenter un territoire qu’au final je ne connaissais qu’à travers mes parents. Cela m’a réellement changé.
Ce numéro sera un « Spécial Kongo ». Quel est ton rapport avec le Congo, dans ta vie au quotidien, dans la personne que tu es devenue aujourd’hui ?
Je vis le Congo au quotidien. Je le vis à travers ma culture, la musique, la nourriture… Après, je ne m’arrête pas au Congo, je suis une femme africaine et afro-centriste, qui aime lire des auteurs comme Cheikh Anta Diop, par exemple. Mon premier voyage en Afrique m’a vraiment marqué, j’ai dorénavant une autre vision des choses. Même lors de mes cours en fac de droit, nous avons une visée assez internationale et, quand je vois les accords qu’il y a eu entre l’Afrique et les autres puissances étrangères, ça ne peut que me pousser à en chercher davantage sur ma culture.
Ton cœur penche plus vers Kinshasa ou vers Brazzaville ?
Pour moi, les deux c’est la même chose ! Mes parents n’ont jamais fait de distinction et je ne l’ai su qu’après avoir regardé les actes de naissance. Après, je représente le Congo Brazzaville, c’est l’ex-colonie française et c’était plus simple pour la vie et la nationalité. Je m’appelle Jennifer, c’est mon deuxième prénom. Mon premier prénom est le prénom de mon arrière-grand-père qui était de la RDC : « Bansikita », qui veut dire en kikongo « Quoi que tu fasses, tu ne pourras jamais l’avoir ». Donc quoi qu’il en soit, le Congo est dans mes gènes.
Aujourd’hui, quel état des lieux ferais-tu du sport en Afrique ?
Pour connaître les gens de mon équipe, les qualités sont là, les performances aussi. Le stade de Brazzaville est très bien, comparativement à la France, c’est « kif-kif ». Je ne dirais pas que c’est un problème de structures, mais un problème de formation des entraîneurs et d’encadrement.
C’est un domaine dans lequel tu aimerais t’investir à la fin de ta carrière ? As-tu déjà pensé à ta reconversion ?
Ah oui, très clairement, sinon je ne ferais pas d’études à côté. Déjà plus jeune, je voulais faire des choses pour l’Afrique et mes études vont dans ce sens. Après, je vais faire un MS à HEC en Finance Internationale pour pouvoir utiliser les quotas de l’hémisphère sud, puisque j’ai la double nationalité, pour entrer dans les grosses organisations telles que le FMI ou l’OMS et travailler aussi en parallèle avec les bureaux sport pour agir au niveau de l’Afrique, et pas uniquement du Congo.
Si tu avais un message à adresser à la diaspora et à la jeunesse congolaise qui aura ce numéro, lequel serait-ce ?
Le seul message serait de ne jamais oublier, qu’à la base, le Congo était le Royaume Kongo. Cette idée de division n’est apparue qu’avec les anciens colons. Un fleuve, ce n’est rien, ça se traverse en pirogue donc, restons unis !
Si je te dis l’expression « génération roots » qu’est-ce que ça t’évoque ?
Mes racines… Tout simplement.
Édition : ROOTS n°20 spécial Kongo
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