Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je suis Diaka Camara, une Américano-Guinéenne, journaliste, présentatrice télé, créatrice de contenus audiovisuels, C.E.O de CBC Worlwide Communication and Production et Présidente de la Fondation Diaka Camara pour l’éducation.
Revenons sur votre parcours…
J’ai grandi et ai étudié aux Etats-Unis où j’ai obtenu un Bachelor en communication et journalisme à l’université de Houston. Par la suite, en 2011, je suis rentrée en Guinée et j’ai lancé ma propre agence de communication et de production audiovisuelle. Après des semaines de travail acharné, j’ai créé ma première émission de télé : « Top Ten ». Tous mes repères sont américains, c’est pourquoi je me suis basée sur le talk show « 106 and Park ». C’était la première émission télé que j’ai produite et présentée et c’est ce qui m’a donné cette notoriété en Guinée. Ensuite, j’ai enchaîné avec une émission mode… En parallèle, j’ai eu l’occasion de travailler avec les Nations Unies dans le cadre de campagnes de sensibilisation contre l’excision et avec l’Unicef lors de l’épidémie Ebola afin de sensibiliser les gens contre la maladie. Via mon agence de com’, nous avons réalisé un documentaire regroupant les témoignages de victimes. Ce documentaire a été traduit dans toutes les langues du pays et a été diffusé à une large audience via plusieurs canaux dont la Caravane afin de le diffuser dans les lieux publics. Aujourd’hui, ce documentaire « 1 sur 100 » est utilisé par Médecins Sans Frontières ou encore l’Unicef pour sensibiliser leurs agents sur place en cas d’épidémie. Enfin, c’est en 2018 que j’ai fini par produire la première téléréalité guinéenne : Le Mannequin. À la clé, une signature de contrat avec une agence de mannequinat à l’international. L’objectif de l’émission était la valorisation de la femme Guinéenne et, par conséquent, Africaine ; mais aussi du pays lui-même car je trouve que lorsqu’on parle du continent africain on met toujours l’accent sur les aspects négatifs. J’avais envie de montrer ce que le continent possède de plus merveilleux dans la production audiovisuelle. J’ai tout de suite voulu faire du contenu audiovisuel made in Guinée : par les Africains, pour les Africains et pourquoi pas le reste du monde. L’émission a eu un franc succès et a participé à la valorisation de l’image et de la culture guinéenne. À travers cette émission, j’avais le souhait de mettre en lumière certains maux de la société africaine, en général, car nous avons les mêmes challenges : assainissement, éducation, promotion de la femme…
Décrivez-nous la femme Guinéenne, en trois mots.
Courageuse, accueillante et super-héroïne !
Quel est votre état des lieux de la mode en Guinée ?
Il existe des personnes qui se battent pour valoriser l’industrie de la mode guinéenne, car qui dit industrie dit création d’emplois :
stylistes, coiffeurs, maquilleurs, directeurs artistiques…
Néanmoins, le mouvement n’a pas été fait de manière très soutenue et est même vu de façon dérisoire : « la mode, c’est frivole ». Grâce à cette téléréalité (Le Mannequin), les Guinéens ont pu voir que le métier de mannequin et l’industrie de la mode, en général, étaient des vrais métiers, des métiers difficiles qui génèrent de l’emploi. On tend à faire disparaître cette image un peu accessoire de la mode en Guinée.
Des surprises pour la prochaine saison du Mannequin ?
Des surprises pour la prochaine saison du Mannequin ?
La prochaine saison était prévue pour l’année 2020-2021, d’ailleurs on avait déjà commencé la phase casting et, en raison du succès des deux dernières saisons, il était panafricain. J’ai vraiment le désir de faire du Mannequin une émission phare de la mode sur le continent africain. Les filles s’affronteront en Guinée lors de la troisième saison et la gagnante nous accueillera dans sa terre natale pour la saison 4. Mais en raison de la situation sanitaire mondiale, nous avons mis cela en stand-by.
Un message pour la diaspora guinéenne ?
Rentrez chez vous ! Revenez investir tout le savoir que vous avez acquis, ailleurs, dans notre pays. Personne ne bâtira notre pays à notre place, les Guinéens sont les acteurs principaux de l’émergence de la Guinée ! C’est bien beau de critiquer le système actuel mais j’ai une question pour les personnes de la diaspora guinéenne : « Que fais-tu, toi, individuellement pour faire avancer ton pays ? ».
Justement, pour une femme comme vous ayant toujours vécu aux Etats-Unis, comment avez-vous vécu cette transition ?
Je me suis toujours dit : « la Guinée, c’est chez moi et tu ne peux pas fuir ton chez toi ». Alors c’est vrai, cela n’a pas toujours été facile, ça a même été très difficile, surtout à cause de la mentalité. Il y a ceux de la diaspora qui se croient au-dessus de ceux du pays et ceux du pays qui pensent que tu es « Blanche » ou qui craignent que tu ramènes des manières de « Blancs » chez eux. Ce n’était pas facile, mais j’ai persévéré tout simplement car c’est chez moi et je refuse de quitter mon pays à cause de certaines personnes. Je dirais d’ailleurs aux femmes de continuer d’être courageuse et persévérante car, dans ce monde, nous devons tout arracher à bout de bras pour obtenir ce que nous méritons !
Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?
Black Power !
Édition ROOTS Afrique de l’Ouest
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