Le mouvement « Buy Black » présent depuis quelques années aux États-Unis continue à se développer davantage ces derniers temps. Il consiste à acheter des produits provenant exclusivement de la communauté noire. Les Afro-américains prennent conscience de l’importance de leur poids économique et vont le faire valoir en leur faveur, de façon à enrichir leur communauté.
Ce mouvement, qui ne cesse d’évoluer, encourage donc les Afro-américains à acheter, consommer et investir quoi que ce soit provenant d’un autre Afro-américain. Le but est clairement de boycotter l’économie non-blanche. Les récentes bavures policières survenues aux États-Unis à l’encontre de la population noire ont favorisé ce climat de défiance. En réponse, certains rétorquent par l’activisme noir en employant des termes comme
« Black Power » ou « Black Lives Matter » et en créant des cyber communautés comme le « Black Twitter/Tumblr ». En allant jusqu’au bout du mouvement «Buy Black», une prise de conscience generalisée pourrait s’installer dans les mentalités et faire bouger les lignes.
BOYCOTT : L’EXEMPLE DE ROSA PARKS
Qui se rappelle de l’affaire Rosa Parks ? Un boycott par la population noire de la société de bus qui avait créé le scandale entraîna une faillite quasi immédiate (à peine un mois après) de cette dernière. En excluant les commerces et les entreprises non-noires, les Afro-américains représentent 1000 milliards de revenus.
Le « Buy Black » peut donc engendrer une paralysie de l’économie « blanche » en causant une énorme perte de clientèle et de chiffre d’affaires. Des initiatives telles que la création du site internet «We Buy Black» ont été mises sur pied pour promouvoir des commerces noirs. Pour vendre ses produits sur le site, le vendeur doit impérativement être d’origine afro-américaine. Créé par un Afro- américain, Sharif Abdul Malik y vend des biens de consommation. Ce mouvement ne pousse pas à rejeter une personne d’une autre ethnie ou même de ne pas travailler avec, mais pousse à la solidarité et l’entraide au sein de la communauté noire qui est mise à l’écart. Le but final étant d’imposer un respect de cette même communauté par le gouvernement américain, en lui faisant prendre conscience qu’elle est un pilier indispensable à l’économie des États-Unis.
UNE FAMILLE EXPÉRIMENTE LA CONSOMMATION “100% BLACK” PENDANT 1 AN
La famille Anderson, une famille Afro-américaine de classe moyenne a fait l’expérience d’acheter et consommer uniquement dans des commerces « black owned », durant une année. La mère de famille, Maggie Anderson, a d’ailleurs écrit un livre sur cette expérience intitulée « Our black year » où elle relate leurs aventures familiales. Elle explique avoir eu, au départ, des a priori sur les commerces détenus par des noirs concernant les prix, la distance, etc.
C’est avec stupeur qu’elle découvre qu’il n’y avait qu’un seul pressing dont le propriétaire était noir dans la ville de Chicago. Dans son experience, le couple Anderson a fait des recherches et remarqua également qu’il n’y avait plus de supermarchés dont les propriétaires étaient noirs.
Avec l’aide de l’école de management Kellogg et leurs recherches, ils ont appris qu’en 1930 il y avait 640 supermarchés détenus par des noirs aux États-Unis. Aujourd’hui, ce chiffre est de… 3 !
Maggie Anderson s’est d’ailleurs exprimée à ce sujet lors d’une conférence TED TALKS. Économiquement, la communauté noire est insignifiante. L’argent des Afro-américains ne circule entre la communauté afro-américaine que pendant 6 heures contrairement aux Asiatiques où l’argent circule entre eux pendant 28 jours. Maggie Anderson en a conclu que si chaque Afro-américain dépensait dans des commerces appartenant aux noirs, leurs conditions de vie seraient, socialement, sans aucun doute meilleures !
Édition : ROOTS n°19
Par Anne Duret
Commentaires