Ils sont souvent décrits par l’apparence, vêtements bayadère, le ndiakhass, et locks- en réalité des ndiagne. Rapidement catalogués comme les « rastas musulmans », l’histoire des Bay Fall ne peut être évoquée sans celle de Cheikh Ibrahima Fall et Cheikh Ahmadou Bamba. Ce dernier, théologien et mystique, né en 1853, mort en 1927, crée les conditions pour qu’émerge le mouridisme, une confrérie soufie, la plus importante au Sénégal, dans un contexte politique troublé. Populaire mais dérangeant les colons, son engagement lui vaut d’être envoyé en exil au Gabon en 1895. Outre la valorisation de la science, il met l’importance du travail au cœur de sa doctrine. Un de ses fidèles compagnons, Cheikh Ibrahima Fall, né en 1858 et en quête d’absolu religieux, s’élève au rang de premier taalibé (disciple) et fait acte d’allégeance à Bamba en 1883, date-clé. Devenu guide spirituel, il reprend en partie les préceptes forgés par le maître de Touba, perçue comme la Mecque africaine et ville vers laquelle les croyants effectuent le grand Magal, pélerinage. Il imprime sa marque en renforçant le lien que les taalibés entretiennent avec leurs marabouts.
Les Bay Fall doivent respecter le djebbelou, la soumission à leur serigne, à qui ils doivent tout. Autre particularité : ils ne jeûnent pas. Le fait de prier pour le marabout les exempt d’observer cette règle. L’aumône remplace ce devoir religieux. Et mendier est une preuve d’ascétisme. Cela écorne leur image actuelle. Les enfants envoyés dans des daaras -écoles coraniques- passent leur journée à chercher leur pitance plutôt qu’à lire les textes Saints. Ils sont vite assimilés à des parasites. L’équation bay fall égale personne de mauvaise vie est récurrente. En 2008, Youssou N’Dour leur a dédié une chanson, Baay Faal, rappelant si besoin qu’ils se doivent avant tout d’être des croyants zélés.
Par Dolorès Bakela
Édition : ROOTS n°7
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