L’idée est de pouvoir répondre à toute demande d’une personne souhaitant manger dans une vaisselle raffinée, de confection française et aux inspirations africaines.
Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Absa Sar Chay. Je suis d’origine sénégalaise. J’ai 38 ans, je suis mariée et mère de 4 enfants. Je suis une ancienne cadre dans un fond d’investissement et désormais Présidente-Fondatrice de Wax On the Table, qui propose de la porcelaine de Limoges designée avec des motifs wax.
La genèse de Wax On The Table ?
C’est un projet que j’ai commencé à mûrir pendant ma 3ème grossesse. Ce projet s’est avéré être une évidence car, depuis petite, nous avons toujours gravité autour des beaux services de table. Mon père était un amateur de la belle table à la française, avec tout ce qui la complète : les fromages, les pains, etc. À l’époque, je prenais cela plus comme une charge, une logistique éprouvante étant donné qu’il fallait mettre la table tous les soirs. Quand je regardais dans mon entourage, je me rendais d’ailleurs compte qu’il était rare pour un père africain de dîner à table.
On a ri, on a pleuré autour de cette table. Cette table était vectrice de valeurs de partage, de discussions, de réunions… Quand j’ai mis un nom sur mon projet, Wax On the Table, les idées ont commencé à fuser. J’ai dessiné des vases, des carafes, des sets apéritifs, des plats à gâteaux, des plateaux… J’ai imaginé l’étendu de l’univers de la table. Mon père est donc, malgré lui, la source de ce projet qui fait sens et me lie parfaitement avec mon enfance.
Comment décririez-vous vos gammes de produit ?
Nous sommes sur un positionnement haut de gamme. J’ai choisi le matériau noble qu’est la porcelaine. C’est un matériau reconnu internationalement, de pure qualité française et je mets volontairement l’accent sur le made in France. L’idée est de véhiculer un message de mixité et de réussite de mon métissage entre l’Afrique et la France.Je suis née en France, j’ai grandi avec la pleine culture africaine et ce mélange fait de moi ce que je suis. Aujourd’hui, on propose des services de table complet allant de 18 à 24 pièces. On a des plats de présentation, des assiettes plates creuses pour les desserts, des mugs, des bols, des saladiers, des services à thé et à café… Pour répondre aux demandes des professionnels, à savoir les traiteurs et restaurateurs, nous avons des serviteurs à 3 étages, des plats designés différemment, des broques, des pichets de lait, des saucières, des poivriers, des salières… L’idée est de pouvoir répondre à toute demande d’une personne souhaitant manger dans une vaisselle raffinée, de confection française et aux inspirations africaines.
Comment se procurer du Wax on The Table ?
Nous avons notre site Internet www.waxonthetable.com.
Nous sommes également présents sur les réseaux : Linkedin, Facebook et Instagram. On participera bientôt à la 1ère édition du salon Business Africa les 24 et 25 Octobre au Palais des Congrès de Porte Montreuil. Nous aurons également une session de crowfounding durant cet automne 2020.
Des projets à destination du Sénégal ?
Le Sénégal, cela représente tout. Cela représente mon éducation, mon enfance, mes valeurs. C’est là-bas que je tends à développer mon activité, à termes. L’objectif est bien sûr d’étendre les activités de la société et surtout de pouvoir gérer la production de A à Z. Dans un premier temps, j’aimerais avoir ma propre usine de production, ici en France. Dans un second temps, des boutiques et une usine de production au Sénégal. Mon envie est de contribuer au développement de ma communauté en France et au développement économique de mon pays d’origine le Sénégal.
L’art de la table à la française, est-il compatible ou antinomique avec la gastronomie africaine ?
C’est pleinement compatible. La gastronomie, en général, est en train de prendre une certaine place en Afrique. Tant dans la diplomatie, les classes aisées que dans les classes moyennes. Je vois de plus en plus de start-ups en Afrique qui tournent autour de l’art de la table et mettent en avant l’artisanat local. Pour avoir commencé une petite étude de marché sur le sujet, nous avons totalement notre place. L’idée est d’avance,r pas à pas, mais ce n’est que le début de l’aventure Wax On The Table !
Quels sont vos modèles dans votre parcours d’entrepreneure ?
Je ne peux malheureusement pas citer ma mère parce qu’elle est fonctionnaire et le principe de l’entreprenariat lui fait un peu peur. C’est mon père qui m’a inculqué cette envie, lui même était consultant international. Plus jeune, il avait d’ailleurs mis en place un forum pour lier les jeunes Africains venant étudier en France avec les structures africaines. Le but était de réduire la fuite des cerveaux et les faire revenir en Afrique de l’Ouest. C’était dans les années 90, cela s’appelait le forum Afrique Entreprises. Il a fait cela pendant 3 années et j’étais, en quelque sorte, sa secrétaire. Il a donc été le premier à me mettre le pied à l’étrier. Sinon, sur les réseaux sociaux, je suis certaines femmes qui inspirent et redonnent du boost. Je ne vais pas être très originale : Oprah Winfrey, Michelle Obama… Leur parcours est extraordinaire et je me dis que nous avons la chance de ne pas être passées par les difficultés qu’elles ont rencontrées, je pense notamment à Oprah. Je n’ai pas eu autant de portes fermées qu’elle, j’ai pu faire mes études tranquillement, j’ai pu avoir un bon job et un salaire à hauteur de mes compétences, j’ai pu évoluer et accéder à un certain niveau de vie. J’ai tout pour réussir donc je ne dois pas chercher d’excuses ou me plaindre. J’ai un rêve en tête et je ferai tout pour emmener Wax On The Table le plus haut possible.
Un message pour la diaspora africaine ?
Si vous voulez quelque chose, allez le chercher !
Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?
Kunta Kinté.
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