Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Fading le D, 29 ans, j’habite dans le 19e arrondissement et suis originaire du Sénégal. Je fais de la poésie urbaine, du rap, appelez cela comme vous voulez (rires).
Revenons sur votre parcours dans l’univers du hip-hop…
Je n’ai pas atterri dedans par hasard. Plus jeunes, j’avais des potes qui faisaient du rap et j’étais souvent avec eux. Je faisais les « back ». En 2011, j’ai eu le déclic de faire également du rap et j’ai commencé à écrire et posé en studio. Je faisais partie d’un collectif : C.B.R, qui signifiait « Collectif Braqueur de Rimes », en clin d’œil à notre quartier d’enfance : Cambrai. On a sorti une première mixtape avec l’équipe en 2012. Par la suite, les aléas de la vie ont fait que nous n’avons plus été aussi soudés qu’au départ, et je me suis concentré sur des projets solos. Des projets qui me correspondraient plus et où je pourrais entièrement maitriser mon image. J’ai donc sorti un projet solo qui s’appelle Les Fadingueries et qui a tourné dans le quartier et un peu partout dans Paris. En ce moment, je suis en préparation d’un album un peu plus approfondi et que j’espère totalement abouti.
Comment décririez-vous l’univers « Fading » ?
C’est la folie, la joie, la peine, ce que je vis au quotidien. Je reste authentique, je n’essaye pas de m’inventer une vie ou un personnage. Les thématiques que j’aborde sont souvent autour de la rue, parce que j’en viens, mais aussi des sujets plus festifs ou plus conscients, comme lorsqu’il s’agit du Sénégal.
Que nous réserve cet album en préparation pour 2019 ?
Contre toute attente, on y retrouvera énormément de sonorités africaines. J’ai quelques featurings sur le feu, mais on va garder un peu de suspense.
Un artiste en particulier qui vous a inspiré ?
Havoc de Mobb Deep. Je l’ai beaucoup écouté via mon grand-frère. J’aimais son flow, sa prestance sur scène. C’est avec lui que je me suis réellement initié au rap.
Si je vous donnais une baguette magique et vous offrais la possibilité d’un featuring avec n’importe quel artiste anglophone et francophone vivant, qui choisiriez-vous ?
En artiste américain, je choisirais donc Havoc. En francophone, je dirais Dry, le rappeur de la Mafia K’1 Fry. Le flow, la technique, la simplicité… voici pourquoi j’apprécie cet artiste.
Quelle est la particularité des MCs du 19ème arrondissement ?
C’est le même rap que les autres coins d’Île de France, à une grosse différence : le « vaveu ». En quelque sorte, on invente nos mots, on a pour habitude de rajouter notre propre sauce au vocabulaire « normal ». Pour dire « bon » on dira « bavon », pour dire un « feu » on dira un « faveu », et ainsi de suite. Ça se ressent immédiatement quand tu entends un mec du 19 poser.
Justement, en parlant de « vaveu », Maître Gims dans son dernier album l’utilise pour l’un de ses morceaux. Voyez-vous cela comme une fierté ou comme une réappropriation de votre identité ?
Je le vois comme un clin d’œil. Si d’autres artistes utilisent nos mots, c’est qu’on est entendu et écouté, donc ça ne peut être qu’une fierté.
Cette édition fait un focus sur le Sénégal. Que cela représente-t-il pour vous ?
C’est ma moitié. Je suis né en France, mes parents sont Sénégalais. Le Sénégal, même si je n’y mets pas les pieds souvent, c’est mon second souffle, ma Terre mère. Ces dernières années, j’ai appris à redécouvrir mon pays, sa culture, sa richesse…
Si je vous dis ROOTS, cela vous évoque quoi ?
L’Afrique !
Édition ROOTS n°22 – Spécial Djolof
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