Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Yann Stève Mabicka Dzondault, Congolais de Brazzaville, 36 ans. Je suis Ingénieur (Corporate Finance) à Paris et j’ai lancé une ligne d’autocars à Brazzaville : MAYOMBE LINERS.
Décrivez-nous la genèse de votre société ? D’où est venue cette envie d’investir dans le transport de personnes à Brazzaville ?
Le génie consiste à deviner la veille la pensée encore inconnue du lendemain. Ayant, pendant la durée de mes études supérieures, parcouru le monde entre les USA, l’Europe et l’Afrique, j’ai eu dans chaque pays à faire des déplacements régionaux. J’ai été inspiré, il y a 4 ans déjà, par un mode de transport absent dans mon pays d’origine, à l’époque. Celui des autocars de tourisme utilisés comme mode de voyage économique à la place de l’avion ou du train par tous les étudiants, les personnes aux revenus modestes et les amoureux de l’aventure et de la nature…
Quel état des lieux faites-vous du transport au Congo, actuellement ?
Actuellement, au Congo, le modèle de transport le plus utilisé est l’avion, étant donné que les infrastructures du chemin de fer sont quasi inexistantes, obsolètes et aussi détruites par les conflits armés d’antan, sans oublier l’insécurité socio-politique qui prévaut dans la région du Pool. Prenant en compte ces paramètres et avec la mise en service, par le gouvernement congolais, d’une nouvelle route nationale reliant Brazzaville à Pointe-Noire, un nouveau mode de transport routier a vu le jour. Depuis, de nombreuses compagnies se sont lancées dans l’activité de transport par autocar pour relier les différentes grandes villes du pays au profit des populations congolaises, avec des tarifs abordables.
Quel avantage comparatif pour les usagers apportez-vous avec votre flotte de cars ?
Je trouve les compagnies de transport installées au Congo assez limitées dans leurs services en termes d’épanouissement et de satisfaction clientèle. Avec ma flotte de cars j’aimerais créer un vrai confort d’avion sur route avec tous les services à bord, à l’instar de la connexion internet par wifi, un repas à la carte offert à bord, une boisson soda ou eau. Ajoutée à cela une facilité d’achat de billets avec le système mobil money pour les usagers de réseaux téléphoniques tels que Airtel et MTN. Les personnes usant de la 3G ou internet bénéficieront d’un mode d’achat de billet en ligne par le biais de notre site web www.mayombeliners.com. Enfin, nous garantissons la sécurité car tous les trajets seront suivis par satellite.
Quel est votre positionnement ? Nous sommes sur une offre premium ou bien ciblez-vous la masse ?
Etant donné que la plus forte demande est plutôt enregistrée auprès de la population modeste au Congo, notre positionnement se fera sur deux axes : le Premium et l’Économique, comme dans les avions de ligne. Il y aura des bus dits «Premium» qui feront le transport express sans arrêt Brazzaville – Pointe-Noire et d’autres bus dits « Économiques » qui feront toutes les villes desservies par les réseaux des transports routiers.
Votre vision de développement à court et moyen termes ?
À court terme, la flotte de bus desservira Brazzaville vers Pointe-Noire. Ensuite, avec une augmentation significative de notre flotte bus, nous pourrons aussi desservir le nord du pays, c’est-à-dire Brazzaville-Ouesso en passant par les autres villes du nord. À moyen terme, nous desservirons suivant la demande les villes des pays limitrophes au Congo, notamment au Gabon, Cameroun, RCA et pourquoi pas l’Angola.
Quels sont vos lieux de prédilection à Brazzaville ?
J’ai quitté le pays très jeune, je devais avoir moins de 15 ans. Quand je rentre au Congo, j’adore passer du temps avec ma famille et mes ami(e)s. Jusque-là, mon lieu préféré au Congo est le pont du Djoué où se trouve les cataractes et les chutes d’eau, cela reste une source d’inspiration pour moi.
Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?
Cela évoque en moi un underground, qualifie un style, un esprit, une culture alternative prônant un retour aux racines…
Édition ROOTS n°20 – Spécial Kongo
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