Le terme « nègre marron » aux Antilles françaises désignait l’esclave qui fuit le domaine de son maître pour aller se réfugier ailleurs. Le nègre marron ou « neg marron », provenant du mot espagnol « cimarrón » (signifiant vivant sur les cimes), fuyait pour s’installer dans les territoires reculés, pratiquement inaccessibles d’accès aux colons. Ils vivaient de ce fait vers les montagnes ou dans les forêts, en communautés indépendantes. Ceci leur a permis de sauvegarder leurs traditions et leurs langues venues d’Afrique et de les transmettre aux autres.
Ces « neg marron » avaient pour mission de secourir les autres esclaves qui travaillaient sur les plantations et, par la même, combattre les colons qui se trouvaient sur leurs passages. Ils étaient de véritables rebelles qui combattaient de manière féroce et sanglante pour garder leur liberté. Il leur arrivait même de décimer un village complet de Blancs pour se maintenir en vie.
La multiplication des nègres marrons et de leurs « forfaits » pousse les esclavagistes à engager des chasseurs d’esclaves. Ceux qui étaient attrapés étaient sanctionnés par mutilation du tendon d’Achille afin qu’ils ne puissent plus courir. Une punition radicale qui sème la peur parmi les autres esclaves et les dissuadent de prendre la fuite.
En Martinique, le 12 octobre 1822, 4 000 esclaves influencés et guidés par les nègres marrons se soulèvent contre les Blancs dans un massacre sanglant. Ils tuèrent leurs maîtres ainsi que tous les Blancs présents dans les habitations. Cette pratique s’est répandue dans toute l’île. Le gouverneur de l’époque va donc envoyer 1000 hommes, dont des Noirs, pour exterminer ces esclaves en fuite. Les femmes laissées derrière serviront de témoins, pointant les hommes ayant pris part à ce massacre afin de les faire exécuter. Les têtes de ces « neg marron » seront plantées sur des troncs d’arbre de manière à semer la peur chez les autres esclaves. L’exécution eut lieu le 19 novembre de cette même année.
En Guadeloupe, il existe une statue historique de la résistance noire appelée « la mulâtresse Solitude ». Elle est l’emblème du marronnage. Elle rend hommage aux combats incessants des esclaves face à l’asservissement. Solitude, femme ayant réellement existé, était fille d’une esclave et fruit d’un viol. À l’âge de 8 ans, sa mère la quitte et fuit sa plantation. Solitude rejoindra plus tard la communauté marron de Guadeloupe et, suite à la réhabilitation de l’esclavage sur l’île, combattra pour la liberté. Elle sera dirigeante d’une troupe de nègres marrons, mais sera capturée. Enceinte, elle sera exécutée à l’âge de 30 ans après son accouchement sous les cris de « vivre libre ou mourir ».
Cette statue lui rend hommage, elle qui a tout fait pour éviter que l’enfant qu’elle portait ne naisse en tant qu’esclave.
Aux Antilles françaises, ainsi que dans toutes les sociétés esclavagistes, les esclaves n’ont jamais accepté leur sort et ont toujours combattu, par tous les moyens possibles, afin de retrouver leur liberté et de chasser leurs oppresseurs. Hommes et femmes ont pris part dans ce mouvement de marronnage, à jamais gravé dans les mémoires.
Par Anne DUret
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