Né mulâtre libre en Guadeloupe en 1766 à Saint Pierre de la Martinique, ayant gagné ses galons l’armée française, Louis Delgrès est rentré dans l’Histoire de la Guadeloupe, des Antilles et de la France pour son combat contre le rétablissement de l’esclavage sur son île natale.
Fils du directeur des Domaines du Roi à Tobago, Delgrès jouit d’une qualité de vie et d’éducation bien supérieure à celle de la plupart de ses consorts antillais toujours tenus sous esclavage.
Engagé dans l’armée française depuis 1783, ce partisan la Révolution, républicain de cœur, s’illustre sur le champ de bataille dans les combats opposant la France à l’Angleterre royaliste notamment en 1795 en Guadeloupe et à Sainte Lucie.
Le coup d’Etat de Napoléon Bonaparte en 1799 en France constitue un tournant dans la vie de Delgrès élevé au rang de commandant de la Basse Terre la même année. En effet, en 1801, le désormais Premier consul de la République envoie le général Antoine Richepance et 3500 hommes en direction des Caraïbes dans le but de rétablir l’esclavage alors aboli par la Convention en 1794.
Alerté par leur arrivée, Delgrès renonce à l’uniforme pour mener un groupe d’officiers rebelles afin de faire avorter la mission de Richepance et de ses complices en Guadeloupe commandés par Magloire Pelage.
S’en suivent six jours de siège dans le Fort Saint Charles (renommé depuis Delgrès) à Basse Terre dans lequel se sont refugiés Delgrès et ses hommes. Les bombardements incessants des troupes de Richepance, l’épuisement rapide des munitions poussent Delgrès et le reste de la rébellion à se séparer en plusieurs groupes et à se retrancher, du moins pour le groupe amené par Delgrès, à Matouba, sur les hauteurs de Basse-Terre. À bout de souffle et sentant la fin d’un combat de moins en moins équilibré s’approcher, plutôt que de se rendre, Delgrès et ses équipiers choisissent une mort digne.
Le 28 mai 1802, Delgrès et 300 compagnons emportent dans leur mort les troupes françaises qui se rapprochaient de leur camp de retranchement d’Anglemont, en faisant sauter des barils qui entouraient l’habitation.
Finalement, de telles manœuvres n’auront pas suffi à empêcher les desseins de Bonaparte et Richepance : plus d’une semaine avant la mort de Delgrès, de ses compagnons, du reste des soldats guadeloupéens résistants, l’esclavage est rétabli en Guadeloupe et dans toutes les Antilles françaises et ce, jusqu’à son abolition définitive en 1848.
Le 28 mai est aujourd’hui, en particulier à Matouba, une fête de commémoration, commémoration du sacrifice de ces centaines d’hommes au nom de la liberté de tous les hommes, du courage de Louis Delgrès qui signa de son nom le 10 mai 1802 une proclamation antiesclavagiste A l’Univers entier, le dernier cri de l’Innocence et du Désespoir dont voici un extrait :
«Nos anciens tyrans permettaient à un maître d’affranchir son esclave, et tout nous annonce que, dans le siècle de la Philosophie, il existe des hommes, malheureusement trop puissants par leur éloignement de l’autorité dont ils émanent, qui ne veulent voir d’hommes noirs, ou tirant leur origine de cette couleur, que dans les fers de l’esclavage […] La résistance à l’oppression est un droit naturel. La divinité même ne peut être offensée que nous défendions notre cause. Elle est celle de la Justice et de l’Humanité. »
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