Ils taillent la pierre à la manière de leurs ancêtres au point qu’on les surnomme « les paysans de la pierre ». Du Togo au Bénin en passant par le Ghana, l’ethnie des Kabyès se partage l’Afrique de l’ouest. Avec près de 700 000 membres, elle est considérée comme l’une des plus anciennes ethnies du Togo et la deuxième plus importante après celle des Éwé, représentant ainsi 113% de la population, soit 6 millions de personnes. Situés en majorité dans les préfectures de la Kozah et de la Binah (région de la Kara), lles Kabyès sont aussi appelés Kabrais ou encore Kabiembas.Si l’origine et l’histoire de ce groupe ethnique demeurent encore un mystère pour les experts, plusieurs recherches ont permis d’attester du caractère particulier des Kabyès. Selon l’historien Noël Courrier dans son livre Conquêtes coloniales et intégration des peuples : cas des Kabyès du Togo (1898-1940), les Kabyès vivaient en région montagneuse dans le nord du Togo. Renfermés sur eux-mêmes et réputés pour leur aspect belliqueux, ils s’installèrent dans ces régions et apprirent l’art de manier le fer et tailler la pierre. Seulement, C’est en 1898 par l’intervention des Allemands, que les Kabyés s’ouvrent au monde extérieur. Embrigadés par ces colons germaniques, ils seront amenés à construire les chemins de fer et à développer le centre du Togo.
LE MAINTIEN DES RITES ANCESTRAUX
Le passage à l’âge adulte, comme dans beaucoup d’autres ethnies, est un des faits les plus marquants dans la vie d’un jeune Kabyè. Cette étape est soulignée par de grandes célébrations qui perdurent jusqu’aujourd’hui. Ces rites d’initiation se scindent en deux : les luttes Evala pour les jeunes hommes, et l’Akpéma pour les filles. Célébrées pendant le mois de juillet, les luttes Evala constituent la première partie des rites amenant le jeune garçon à l’âge adulte. Réunissant des jeunes hommes âgés de 18 à 25 ans, ces derniers se livrent une véritable bataille devant toute leur communauté et très souvet, le gouvernement. Un ensemble de rites appelé Akpéma est aussi observé pour les jeunes filles. Cet évènement permet à une jeune fille vierge en l’occurrence d’accéder au statut de femme. Plus qu’un terme désignant un peuple, le kabyè désigne également une langue d’origine gurusi. Les langues nigéro-congolaises qu’on retrouve également dans les Etats limitrophes tels que le Nigéria, la Côte d’Ivoire. Parlé au Togo, Bénin et Ghana, le kabyè fait partie des trois langues officielles du Togo avec le français et l’éwé. Les Kabyès d’aujourd’hui conservent leur héritage culturel tout en s’ouvrant à la modernité. A l’image de la dynastie Gnassingbé qui préside le Togo depuis plusieurs décennies, les Kabyès ont su rester authentiques tout en intégrant l’élite de la nation.
Par Marie-France Makutungu
Édition : ROOTS n°12
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