Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Yannick Beauce, 33 ans, d’origine camerounaise. Je suis chef d’entreprise dans le secteur du BTP et de la sécurité privée.
Revenons sur votre parcours professionnel. Vous étiez présents dans les premiers numéros de ROOTS (il y a 10 ans) et votre activité était, à l’époque, tournée vers le domaine de la sneakers…
Effectivement, il y a 10 ans, j’ai lancé un magasin de sneakers et de prêt-à-porter à Boulogne-Billancourt. Nous mettions à disposition des éditions limitées et des modèles collector de baskets auprès de nos clients. Suite à cette expérience, j’ai vendu mon entreprise et j’ai décidé de me lancer dans le nettoyage et la maintenance des installations. Cette seconde entreprise que j’ai lancée en 2013 a été rachetée en 2020 par un groupe qui souhaitait faire une croissance externe. En parallèle, j’avais également une entreprise de sécurité privée et une entreprise de rénovation. Depuis 2020, je me suis consacre donc exclusivement à ces deux entreprises.
Comment s’est construite votre carrière d’entrepreneur ? Était-ce une évidence ?
Au départ, j’ai commencé sur internet. Je me rappelle que LeBoncoin n’existait pas encore et je faisais des deals de sneakers sur Ebay. J’achetais des produits que je revendais et, à l’époque, je réussissais à générer de l’argent en misant sur la conversion Euro/Dollar. À cette période, 1 euro était l’équivalent de 1,30 dollars. Il y avait tout de même 30% de différence et c’est ainsi que je faisais ma marge. J’achetais mes baskets aux USA, en dollars, et je revendais en France, en euros. Cela fonctionnait tellement bien que j’avais donc décidé d’ouvrir ce fameux magasin à Boulogne pour offrir une structure physique à mes clients afin qu’ils aient la possibilité d’essayer les paires sur place. Je me suis très vite rendu compte qu’un magasin physique est trop limitant. Je savais qu’internet était le futur mais je n’avais pas réalisé à quel point et ce fut une erreur de quitter le business du web pour ouvrir en dur. Une boutique génère énormément de charges de structure et de personnels. Alors qu’avec un site internet, ta clientèle est beaucoup plus large et tes frais quasi nuls. Ma clientèle était donc surtout locale et, pour me développer, il fallait vraiment toucher un maximum de personnes sur Boulogne.
Je me suis alors demandé quel type de business ne nécessite pas énormément de moyens et où je pourrais toucher un maximum de personnes ? C’est ainsi que l’idée de me lancer dans le nettoyage est apparue. Tout le monde en a besoin, toutes les entreprises, et c’est ainsi que je me suis lancé. À force d’évoluer dans ce domaine, je me suis rendu compte d’une niche, celle du nettoyage des hôtels. À l’époque, les hôtels embauchaient des femmes de chambre mais il y en avait de plus en plus qui cherchaient à externaliser cette tache. Je me suis donc engouffré dans la brèche et spécialisé dans ce domaine. Ce fut un carton ! Nous avons commencé à travailler avec le Royal Monceau, avec les hôtels du groupe Accor, etc. En parallèle, je proposais la sécurité privée car ce sont deux univers qui vont de paire. Les entreprises qui ont besoin de nettoyage ont aussi besoin de sécurité, c’est la même clientèle. En 2018, j’ai donc créé Lion Service Rénovation car je voulais apporter à notre clientèle la maintenance des installations et la possibilité de faire des travaux. En résumé, je voulais fournir à mes clients ce que l’on appelle du Facility management, c’est-à-dire : « On nettoie, on sécurise et on entretient ». Nettoyage, sécurité et maintenance.
Ressentez-vous la force de la diaspora dans le développement de votre clientèle ?
J’ai une offre qui s’adresse à tout le monde et qui n’est pas ciblée communautaire. Que vous soyez noir, blanc, jaune, peu importe, tout le monde a besoin de nettoyer, sécuriser ou maintenir ses biens. Mais, évidemment, cela fait toujours plaisir de voir lorsqu’une communauté est solidaire et encourage ses entrepreneurs. C’est forcément agréable de tomber sur un client de la diaspora qui me booste et cela me donne envie de travailler encore plus d’arrache-pied. J’ai de plus en plus de gens qui m’appellent et souhaitent que l’on fasse des travaux de leurs appartements ou magasins car ils ont cette fibre d’entraide et de « Black business ». Je ne peux que l’encourager !
Le nom de votre structure est Lion Services Group. Est-ce en clin d’œil à votre pays d’origine (Le Cameroun) dont l’emblème est le lion ? Par ailleurs, dans la rubrique
racines, nous faisons un focus spécial sur l’ethnie Bamiléké dont vous êtes originaire et qui est réputée pour son goût de l’entreprenariat. Que représente le poids de vos origines dans votre trajectoire ?
Il est clair que le Cameroun occupe une bonne partie de moi. J’y suis né, j’y ai passé mon enfance. Effectivement, quand j’ai décidé de choisir un symbole pour mon entreprise, le lion est apparu comme une évidence. Le lion représente un animal noble, majestueux et qui évolue en bande. C’était aussi un clin au Cameroun, mon pays d’origine. Mon choix a tourné autour de ces deux aspects. Pour la deuxième partie de votre question, effectivement je suis Bamiléké et fier de l’être. Je pense que cela se ressent dans ma façon de traiter mes affaires. Depuis tout petit, j’ai toujours baigné dans cet environnement de commerce, de business, qu’il s’agisse de ma famille ou de mes proches, où chacun essayait de se battre et de lancer son business. Ce sont des valeurs qui me portent au quotidien. Je ne saurais pas l’expliquer, je pense que l’on nait avec, ce n’est pas quelque chose que l’on peut développer ou acquérir. Cette soif d’entreprendre, cette détermination au travail, voilà les valeurs auxquelles j’ai été biberonné.
Que peut-on vous souhaiter pour les 5 prochaines années ?
De m’implanter dans d’autres grandes villes de France, je pense notamment à Lyon, Bordeaux, Lille… L’idée serait d’ouvrir à la fois nos propres agences, mais aussi de décliner des franchises. D’ici fin 2022, on va certainement commencer à mettre en place nos contrats dans les grandes villes en se développant en licence de marque ou licence de franchise.
Un message pour nos 10 ans ?
Je suis très fier à avoir été parmi les premiers à figurer dans le magazine. ROOTS a pris beaucoup d’ampleur, s’est épaissi et apporte un contenu qu’on ne retrouve nul part ailleurs. Vous avez réussi à créer un véritable lifestyle afropéen et ce n’est pas un hasard si vous fêtez aujourd’hui vos 10 ans. Votre magazine a une âme.
Si je vous dit le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?
Une communauté. Derrière ROOTS, je vois toute la communauté afropéenne française. C’est ce qui permet à toute notre diaspora de se créer un tronc commun.
Contact : 07 56 94 33 33
www.lionservices.fr
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