Contrôle d’identité s’il vous plait ?
J’ai 36 ans, je me prénomme Théophane, on me surnomme Théo Paris. Je suis né et ai grandi en France, je suis originaire du Bénin et un amoureux de l’Afrique. Je suis créateur et développeur de concepts, ambassadeur de marque, directeur artistique d’établissements et j’organise des évènements.
Comment as-tu atterri dans cet univers ?
J’étais très jeune. J’ai commencé en 1996 à seulement 16 ans. C’était par le biais du catéchisme. On devait réaliser des actions pour se rendre à Lourdes. Certains ont fait des gâteaux et les ont vendus, par exemple. Malheureusement, il n’y avait pas assez de fonds et on avait les paroisses et salles de l’église à disposition. J’ai alors proposé que l’on organise des après-midi et avec la grâce de Dieu, un après-midi bien réussi a suffi à tous nous amener à Lourdes. J’en ai enchainé un deuxième, puis un troisième et j’ai senti que j’avais la fibre. J’ai alors décidé d’en faire à mon propre compte et j’ai commencé à organiser des après-midi dans plusieurs villes du 93 : Le Bourget, Le Blanc Mesnil, Aulnay, Drancy… J’ai fait cela de 16 à 18 ans et ensuite j’ai démarré avec les boîtes de nuit. J’ai fait mes preuves pendant un an dans une boîte parisienne, avant d’être contacté par les Bains Douches et le HardRock Café. J’ai eu des samedis, des vendredis et là je n’ai plus lâché. Puis, j’ai attaqué d’autres clubs comme le Duplex, le Zebra Square, les Planches… J’ai fait pratiquement tous les clubs du 8ème et du 16ème.
De quelles marques es-tu ambassadeur ?
Depuis 2 ans, je représente quelques marques. J’avais fait un gros deal avec la marque Leef où j’étais brand ambassador pendant un an. Je les ai associés à la saison du Libertalia, j’ai pu faire porter des vêtements à tous les gros invités que je recevais, ils ont pu relayer l’info, etc. Désormais, je suis en train de bosser avec Dream Paris. Il y a également la web série qu’on est en train de faire avec mon frère Babs. L’idée est très simple : Lawson, le producteur de la série, pose les caméras dans le barber et on raconte notre life. Punchines sur punchlines, ambiance garantie ! Vous pouvez retrouver les épisodes sur Konbini. Ce barber est l’un de mes repères à Paris. Ce sont des amis, une famille. Chacun son business et on se booste tous les uns les autres. C’est notre crew, mais je suis moins en avant dans cette web série car je développe mes propres concepts.
Sur ces 5 dernières années, l’une de tes réalisations les plus marquantes est La Love Life. D’où t’es venue l’idée ?
Le concept est né de différents voyages, notamment Londres où je suis resté deux ans, New York, Miami et l’Asie. J’ai fait un constat limpide et j’ai vu ce qui manquait sur Paris. Ceux qui m’ont donné la première chance en club m’ont suivi dans l’aventure et je suis aujourd’hui suis associé au Libertalia. Cela fait 5 ans que nous proposons une terrasse à ciel ouvert, ouverte quasi tous les jours et cela fonctionne très bien car nous avons su percevoir l’offre manquante.
Ton business est géré par une team familial…
En effet, j’ai la chance de bosser avec ma sœur, mes deux grands frères et le petit. C’est une éducation de nos parents. Même si je suis celui qui est mis en avant, quand mes grands parlent je me tais. Chacun a son domaine et s’y tient. Mon petit frère s’occupe de nos visuels, de toute la partie web, c’est mon back office, ma sœur gère tout ce qui est administratif… Nous sommes tous très complémentaires et c’est bien sûr une force de pouvoir évoluer en famille !
Paris est un marché concurrentiel. Comment expliques-tu ta longévité ?
Il faut être avant-gardiste, avoir un ou deux coups d’avance. Parfois, il faut savoir faire au plus simple, avoir sa ligne de conduite. On vend un produit, on y croit, si vous êtes sincères avec ce que vous faites, le public va suivre. Le constat est le suivant: J’ai travaillé sur pas mal de clubs du 16ème, je voyais mes frères black qui se faisaient refouler et qui, pourtant, avaient le pouvoir d’achat. Je me suis dit pourquoi ne pas créer nos soirées avec le standing qu’ils attendent, les accueillir comme il se doit et ils vont pouvoir dépenser leur argent comme ils ont envie de le dépenser. Comme dirait Booba : « par nous, pour nous ». La porte est selecte car on a une grosse tendance américaine, on veut que les gens s’apprêtent au maximum. Les États-Unis et l’Afrique nous regardent, on veut renvoyer une image qui nous ressemble le plus.
Un concept qui a vocation à s’exporter ?
Cette année j’aurais dû être au Benin, au Maroc et à Dubaï s’il ne m’était pas arrivé quelques pépins en ouverture de saison. Les Antilles aussi étaient en cours. C’est un concept qui est exportable facilement, nous avons le cahier des charges. On connaît les points forts, les points faibles, il faut juste étudier le marché de la localisation et ensuite on met en place.
En ouverture de saison, tu as donc eu une aventure malheureuse, avec la destruction du Libertalia qui a entièrement brûlé. Comment as-tu vécu cette période ?
C’était le jour de l’ouverture, super booké, tous les footballeurs d’Île de France nous avaient confirmé leur venue, etc. Le matin, je reçois un appel me signifiant que tout avait été vandalisé et brûlé. Bizarrement, je n’ai ressenti aucune haine, juste de la tristesse. Je me suis demandé : « Quand est-ce que nous-autres allons arrêter de nous autodétruire ? Pourquoi autant de jalousie ou de haine ? ». On essaye de s’en sortir, on ne vole personne, on ne fait de mal à personne, au contraire on essaye de donner du bonheur aux gens et, pour une quelconque raison, on a essayé de nous ralentir. Je dis bien ralentir, car rien ne peut m’arrêter. On a été nombreux à penser que la saison était foutue et quelle surprise d’apprendre 3 semaines après l’annonce de la réouverture !J’aurais pu vaquer à d’autres occupations vu que j’avais d’autres plans sur l’Afrique, l’Europe… Mais j’ai reçu tellement de soutien de personnes à qui le Libertalia tenait vraiment à cœur ! Il faut cette distraction aux parisiens pour s’évader l’été. J’étais obligé de rouvrir. On a géré avec les assurances, avec nos partenaires qui nous ont soutenu… 3 semaines après, on annonce la réouverture… Et un deuxième coup dur ! L’Île de France tombe sous les inondations avec une crue qui monte jusqu’à 6m20 sur tous les quais ! On venait juste de finir les travaux et tout est inondé. Après le feu, c’est l’eau ! Là, s’offrent à nous deux options « on arrête tout et on part en vacances » ou « on réattaque de plus belle ». On a re-deblayé, on a reconstruit et on a ouvert au final 1 mois après le premier incident. C’était une surprise pour tout le monde car nous n’avions annoncé la réouverture qu’au dernier moment. On a prouvé à tous que rien n’est impossible. Si un obstacle se dresse dans la vie, ne pas se laisser abattre, croire en soi et ne rien lâcher. Il n’y a pas de limites. Après toutes ces péripéties, le Libertalia est donc reparti pour tout l’été jusqu’à mi-octobre 2016.
Ce qui a fait ta force est aussi la présence sur les réseaux sociaux avec des vidéos constantes de tes soirées et un travail pointu de tes visuels…
Je m’inspire de beaucoup de gens, notamment aux USA. Les Américains ne font rien à moitié. On a besoin de photos de qualité, avec un téléphone c’est bien, mais rien ne vaut le boulot d’un pro. D’autant plus quand on vise l’excellence et que l’on veut envoyer des messages !
Quels messages veux-tu envoyer avec tes visuels ?
En général, les maîtres mots sont : détermination, ambition, projets, aller de l’avant. J’ai pu comprendre il y a peu de temps que mes messages n’étaient pas forcément pris dans le bon sens. J’ai d’ailleurs un pote qui me disait « tu sais Théo, fais attention à tes messages car nous sommes en France. Moi, je les comprends mais énormément ne comprennent pas car ils ne sont pas encore prêts ». Cela a pu être interprété comme de l’arrogance ou de l’égocentrisme alors que l’idée est de motiver les gens. Sur Snapchat par exemple, lorsque j’expose ma vie, je montre celle d’un entrepreneur déterminé qui enchaine 4-5 rdv par jour, avec une bonne hygiène de vie, ne montrant jamais d’état de fatigue ou de détresse. Je veux toujours voir le verre à moitié plein et non à moitié vide. Malheureusement, c’est à croire qu’on ne t’apprécie que lorsque tu montres que tu n’es pas bien. C’est malheureusement la mentalité française.
Si je te dis le mot « ROOTS », cela t’évoque quoi ?
Quand j’entends « Roots », je pense à la source, à quelque chose de solide. Cela fait 5 ans, c’est la preuve qu’il y a une forte adhésion, donc force au magazine. Les passionnés ont vécu, les raisonnables ont duré, alors pourvu que cela dure !
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