Contrôle d’identité s’il vous plaît ?
Souleymane Cissokho, 27 ans, né le 4 juillet 1991 à Dakar. Sportif de haut niveau, je suis boxeur et j’ai représenté la France aux Jeux Olympiques de Rio 2016, où j’ai été médaillé et aussi capitaine de l’équipe. Je suis passé professionnel, j’ai fait 7 combats pro pour 7 victoires. Je m’entraîne actuellement aux États-Unis. En parallèle, je suis aussi étudiant et je prépare un Master 2 Droit du Sport.
Revenons sur votre carrière. Quels ont été les étapes les plus marquantes ?
La plus marquante a été lorsque j’ai intégré l’équipe de France, très jeune, à l’âge de 16 ans. J’ai commencé chez les cadets puis chez les juniors, pour finir chez les seniors. M’imposer dans cette équipe et surtout dans toutes les catégories m’a vraiment marqué. Ensuite, il y a eu ma première grosse compétition : les Jeux de la Francophonie. C’était en 2009, avec la présence de plusieurs pays d’Afrique. Un événement riche en sport mais aussi en culture ! Ces Jeux de la Francophonie étaient un avant-goût des Jeux Olympiques de Rio. Là, ce fut l’apothéose avec la médaille de bronze olympique. Quand tu es sur le podium et qu’on te remet une médaille… C’est un moment qui marque à vie !
Que représente le Sénégal pour vous ?
Mes racines, tout ! J’y suis né et cela représente énormément de choses. C’est un pays qui m’envoie beaucoup de force et où j’y ai énormément de supporters. C’est aussi une terre d’accueil, la « Téranga », et c’est toujours un plaisir pour moi d’y aller, au moins 2 à 3 fois par an. J’y ai d’ailleurs créé une association, Secteur Sport Éducation, et je suis en train de développer pas mal de projets sur place.
Parlez-nous de votre association Secteur Sport Éducation…
Secteur Sport Éducation se veut ambassadeur de bonnes causes. Cette association, née en 2011, s’est beaucoup inspirée de Giving Back. Plus jeune, j’ai fait pas mal d’actions avec eux et, aujourd’hui, je suis même devenu un ambassadeur. On a fait beaucoup d’interventions sur place, au Sénégal, et cela ma beaucoup apporté. Comme Giving Back, mon association donne en retour, à travers l’éducation sportive, aux jeunes défavorisés. Au Sénégal, on fait pas mal de soutien scolaire et on épaule une école de football. En France, cela passe par la mise en place d’activités sportives et de sorties socioculturelles.
Quel est votre diagnostic du sport en Afrique ?
C’est un sujet très compliqué parce que les fédérations manquent de moyens pour suivre convenablement les athlètes, il leur manque beaucoup d’infrastructures. Après les Jeux, je suis parti plusieurs fois au Sénégal rencontrer les jeunes, la fédération et pas mal de boxeurs. Je les ai questionnés et j’ai pu constater la difficulté pour eux de représenter leur pays car, pour aller au tournoi de qualification aux J.O, il fallait qu’ils payent de leur poche les billets d’avion, hébergement et frais de participation… Sachant que ce sont généralement des personnes qui ne travaillent pas, et que les boxeurs sont souvent issus d’un milieu populaire, l’équation devient impossible. J’ai trouvé cela très dommage car le potentiel est là. C’est pour cela que beaucoup de ces jeunes essayent de partir ailleurs pour s’entraîner et là je parle de ceux qui ont de la chance de bénéficier d’une bourse olympique, si elle leur est versée…
Est-ce un domaine dans lequel vous souhaiteriez vous investir à la fin de votre carrière ?
Oui, je vais ouvrir mon académie de sport de combat. Je suis en plein dedans et je sens un énorme potentiel. Entre la lutte, le taekwendo, le judo, le karaté qui devient sport olympique et la boxe, il y a de quoi faire pour monter une académie de sports de combat. De plus, le Sénégal organise les Jeux Olympiques de la Jeunesse pour 2022 et ce sera un bon moyen de s’impliquer directement. Le pays va forcément se réveiller et ils essayeront de booster les jeunes pour ramener un maximum de médailles.
Pensez-vous déjà à votre reconversion ?
Actuellement, je suis déjà plus ou moins dedans. Je prépare mon avenir en finissant mon Master 2. J’ai également ma société SC Agency qui tourne et je suis, comme je vous l’expliquais, impliqué dans le milieu associatif.
Si vous aviez un message à adresser à la diaspora et la jeunesse sénégalaise ?
Croire en ses rêves. On doit être optimiste, mais il faut se donner les moyens de réussir. On peut évoluer, on peut être grand et, aujourd’hui, c’est de cette grandeur que les jeunes de la diaspora doivent rêver. Moi, je suis parti de rien, j’ai commencé la boxe par hasard, je n’étais rien du tout et je me suis retrouvé capitaine de l’équipe de France. Cette évolution n’est pas due au hasard mais au travail.
Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?
Racines, ce qui est en toi, là où tu puises.
Édition ROOTS n°22 – Spécial Djolof
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