Paulette Nardal, ainée de 7 soeurs, est une journaliste et écrivaine martiniquaise. Elle est membre de la famille Nardal, famille bourgeoise noire de l’île. Elle est l’un des moteurs du développement de la conscience littéraire noire et un auteur impliqué dans le courant littéraire de la Négritude.
Elle sera d’abord professeure d’école avant de quitter la Martinique et de poursuivre ses études de lettres à Paris. À l’âge de 24 ans, elle sera la première femme noire à faire des études à la prestigieuse université de la Sorbonne.
À Paris, elle fréquente la diaspora africaine et antillaise comptant dans ses rangs Aimé Césaire et tant d’autres. Elle profite de la vie culturelle qu’elle mène pour fonder avec ses sœurs un salon littéraire favorisant l’échange au sein de la communauté noire parisienne. En tant que journaliste et auteur, elle expose les inégalités liées au racisme et sexisme.
En octobre 1931, Paulette Nardal fonde avec ses sœurs et d’autres littéraires « la Revue du monde noir » qui, comme son nom l’indique, mettait en avant des thématiques concernant les Noirs de l’époque tout en revendiquant leur culture. Six numéros de la revue seront publiés.
Grâce à ses traductions d’ouvrages d’auteurs de la Renaissance d’Harlem, elle inspire les fondateurs du mouvement de la Négritude, s’opposant à l’anticolonialisme.
Alors qu’elle rentre d’un séjour en Martinique, son navire est frappé par un sous-marin allemand. Nardal parvient à être secourue, mais sera blessée aux genoux. Ce tragique incident la laissera infirme. Son handicap l’oblige à quitter son poste aux Nations Unies, à New-York, pour s’installer définitivement en Martinique.
Au court de sa vie professionnelle, Paulette Nardal fut l’assistante parlementaire de Lagrosillière, député de la Martinique, et de Diouf, député du Sénégal. Elle n’a eu de cesse, à travers ses écrits et discours, de gratifier la beauté de la femme noire, d’où sa devise restée dans toutes les mémoires : « Black Is Beautiful ».
Elle meurt le 16 février 1985 à l’âge de 89 ans, laissant derrière elle un héritage culturel et émotionnel colossal. Elle aura clamé haut et fort sa fierté d’être une « negresse », revendiqué la beauté de la femme noire et inspirée des générations de jeunes femmes de par son parcours professionnel d’excellence. Tant est si bien qu’en 2016, un élan populaire réclamera auprès de François Hollande que Paulette Nardal entre au Panthéon.
Plus qu’une femme, Paulette Nardal est à considérer comme un monument de la Caraïbe.
Par Anne Duret,
Édition : ROOTS n°20
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