Oubliez, Bill Gates, Liliane Bettencourt ou les autres membres de la famille Rothschild. Nous n’allons pas effectuer le classement des milliardaires de l’année mais plutôt vous narrer l’histoire de l’homme le plus riche de tous les temps (fortune estimée à 400 milliards de dollars actuels). Son nom, Mansa Moussa, ne vous dit sans doute rien, et pourtant, ce roi charismatique de l’Empire du Mali a de quoi retenir votre attention.
Issu de la même lignée que Soundiata Keïta, c’est en 1312 qu’il accède au pouvoir et grave son nom sur le mur de la mémoire africaine.
Ses oeuvres nous sont parvenues grâce à de nombreuses sources arabes et autres témoignages oraux transmis de générations en générations; si bien qu’aujourd’hui encore, son règne figure parmi les plus documentés de l’Afrique médiévale. En effet, fort d’une armée conquérante, ses troupes ont su conserver et même agrandir le royaume dont il avait hérité de son père, Aboubakari II. Il doit d’ailleurs à son général, Sagamandia, la prise de la ville de Gao en 1325, ce qui lui a permis d’étendre son pouvoir, des côtes atlantiques à la partie orientale de la boucle du Niger.
Mais ce sont surtout les oeuvres liées à sa piété qui lui ont permit d’acquérir une renommée phénoménale. De confession musulmane, c’es lors de son pèlerinage à La Mecque, effectué entre 1324 et 1325, qu’il a bâti sa légende : accompagné, selon certains, de plus de 60 000 hommes et de dizaines de dromadaires chargés d’or, il a sur son passage distribué des tonnes de ce métal précieux. Sa générosité était telle que l’économie des villes qu’il traversait en a été totalement bouleversée. Certains récits affirment même qu’il fallût attendre pas moins de dix années avant que la monnaie du Caire ne retrouve un cours stable.
Mais l’on ne peut résumer ses actions à une simple distribution de poudre d’or, puisque sur sa route il a aussi fait ériger de nombreuses mosquées, (paraitrait-il, une chaque vendredi). Tombouctou lui doit d’ailleurs celle nommée Djingareyber, encore visible aujourd’hui [classée cependant sur la liste du patrimoine mondial en péril par l’UNESCO, en vue des tensions générées par les groupes extrémistes dans la région].
À la fin de sa vie, vers 1335, Moussa Mansa, avait donc acquis une renommée gigantesque. Sa représentation, pépite d’or à la main, sur l’Atlas Catalan réalisé dans la seconde moitié du XIVe siècle, montre que sa puissance était reconnue bien au-delà des frontières de son royaume, et même du continent africain. D’ailleurs ce roi au rayonnement que l’on pourrait qualifier aujourd’hui d’international avait tissé des relations diplomatiques avec des puissances au nord du Sahara comme l’Egypte ou le Portugal.
Ce règne est donc un message venu du passé, afin de démontrer à tous ceux qui en douteraient, que l’Afrique subsaharienne a su forger son histoire bien avant l’arrivée des occidentaux sur ses terres. Retenir le nom de ce grand roi serait donc un hommage, mais également un argument à employer face à tous les détracteurs de l’Histoire africaine…
Édition : ROOTS n°16
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