Nous mettons en avant l’histoire riche du continent africain par des clins d’œil dans les noms des pièces ou dans les images représentées.
Contrôle d’identité s’il vous plait ?
Béni : Milalu Bénedict, 25 ans, originaire de la R.D.C. Dans la vie, je suis animateur commercial. Cela me permet pour l’instant d’avoir du temps pour moi et de m’occuper du développement de la marque Melanin Vibes. J’ai créé cette marque et, par la suite, j’ai demandé à Rebecca de me rejoindre.
Rebecca : Luyeye Rebecca, originaire de la R.D.C également. Je suis travailleur social. J’aime les gens, découvrir l’autre, j’aime le vêtement et c’est ce qui m’a rapproché de Bénedict dans l’envie de faire partie de l’aventure Melanin Vibes. Bénédict, c’est le calme, la discrétion et moi j’apporte la folie. Ce qui est amusant, c’est qu’à la base j’étais son modèle, je shootais pour lui. À force d’échanger ensemble, on s’est découvert de nos nombreux points communs et on a logiquement décidé de s’associer.
Quelle est la genèse de la marque ?
Béni : Tout a commencé en 2018. Au départ, c’était juste une idée. En 2019, le projet s’est, petit à petit, mis en forme. Ce n’est qu’en fin 2019 que j’ai eu une vision précise de l’orientation que je voulais pour la marque et que j’ai décidé de faire le Christian Showroom. J’avais vu une vidéo sur des femmes veuves qui se faisaient assassiner au Cameroun. Ce fut le déclic ! Cela m’a bouleversé et je me suis renseigné sur les moyens de venir en aide à ces femmes, à mon humble échelle. Aux aléas de mes recherches, je n’ai pas trouvé d’association traitant de cette problématique au Cameroun, mais je suis tombé sur une association congolaise venant en aide aux femmes veuves du pays. Je sortais d’un BTS, j’étais boursier, puis j’ai fait de l’intérim. Mes moyens étaient donc limités mais je voulais tout de même apporter ma contribution. J’ai décidé de créer la marque de vêtement Melanin Vibes. Melanin, parce que cela parle à la communauté afro, mais aussi à tous car tout le monde a de la mélanine. Ce n’est pas une marque communautaire mais universaliste. J’ai demandé au Seigneur de m’amener une personne en qui je pourrais avoir confiance et qui m’aiderait à porter ce projet. Et il m’a envoyé Rebecca. On s’est rencontré sur un de mes shootings. On a commencé à échanger ensemble. Je suis Chrétien, Rebecca aussi. Nous sommes tous les deux originaires de RDC et des fans de la mode. Quant à ma volonté d’action à l’endroit des femmes veuves du Congo, cela a touché Rebecca car elle s’est sentie concernée en premier lieu, de par son histoire. De fil en aiguille, je lui ai proposé de me rejoindre. Notre collaboration était donc une évidence.
Rebecca : Étant issue d’une formation professionnelle dans le social et étant une amoureuse de la mode, le projet Melanin Vibes permet d’allier les deux. L’idée n’est pas seulement de vendre un article de mode, mais il y a une envie d’aider autrui.
Comment décrire l’A.D.N de la marque ?
Béni : C’est un produit minimaliste et à notre image. Comme on l’a dit juste avant, nous sommes autodidactes. C’est une marque pensée par des gens qui ne sont pas du milieu, qui ne respectent pas les codes et le diktat de la mode. Cela se ressent même dans le choix des modèles photos que l’on utilise. Aucun n’est dans une agence, nous recherchons des personnes atypiques, naturelles, authentiques. Notre touche se retrouve dans l’assemblement des tissus, des matières, les images fortes et/ou inspirantes que l’on va décliner sur nos vêtements.
D’où vient d’ailleurs cette inspiration ?
Béni : De l’Afrique. C’est cette vibe que nous essayons de retranscrire à travers notre marque. Nous mettons en avant l’histoire riche du continent africain par des clins d’œil historiques dans les noms des pièces ou dans les images représentées. Par exemple, le t-shirt Drum en référence au magazine du même nom et qui fait partie de l’histoire de l’Afrique du sud. Il y a Kizemba, qui fait partie des vêtements traditionnels d’Afrique Centrale. D’ailleurs l’un des plus anciens kizemba est gardé au Vatican, grâce au premier ambassadeur du Royaume Kongo de l’époque. Vous retrouverez également le modèle Molokai qui fait référence à Papa Wemba, l’une des
légendes de la culture africaine. C’est notre Fela Kuti Congolais.
Quelle est votre gamme de prix ?
Rebecca : Les t-shirts vont de 35 à 50€, selon qu’il s’agisse ou non de séries limitées. Mais nous ne faisons pas que du t-shirt. Nous pouvons également retravailler et customiser une pièce, par exemple un blazer, selon nos envies.
Béni : Quoiqu’il en soit, nous sommes accessibles à tous les portefeuilles. La marque reflète notre versatilité. Aujourd’hui, je peux porter une pièce de « frippe » et, demain, je peux mettre une pièce haute-couture. Il en va de même pour Melanin Vibes, tout le monde peut s’y retrouver.
Comment se procurer du Melanin Vibes ?
Rebecca : Sur notre site internet www.melaninvibes.fr
Ensuite, nous sommes en train de ficeler des collaborations avec des showrooms parisiens.
Béni : À court terme, l’idée serait d’ouvrir des pop-up stores (boutiques éphémères) pour 2021. Car il faut voir nos produits, en vrai. Il faut les toucher et apprécier chaque détail de finition. On a des retours très positifs et il est difficile de se rendre compte de la qualité d’un produit uniquement en photo.
Numéro spécial Afrique Centrale. Que représente le Congo pour vous ?
Rebecca : Le Congo, c’est le pays de mes parents, c’est toute mon histoire. Pour nous, aussi bien Melanin Vibes que d’un point de vue personnel, c’est un honneur d’apparaître dans cette édition. Notre vocation, à travers Melanin Vibes, est également d’œuvrer pour le Congo, notamment auprès des femmes veuves comme on vous l’expliquait précédemment.
Ma mère est veuve, j’ai perdu mon père étant très jeune. Ma mère a pu subvenir à mes besoins car en Europe il y a des structures qui vous accompagnent. En Afrique, ce n’est pas le cas. On pense souvent aux orphelins, mais rarement aux veuves. Elles restent parfois seules, abandonnées par leur propre famille et soutenues par aucune organisation. Quand je pense à ces femmes, elles pourraient être mes mamans ou mes grands-mères.
Béni : Nous aspirons donc à développer deux volets : la mode et l’humanitaire. Cela va se construire avec le temps. Chaque trimestre, nous faisons une cagnotte, extraite de nos bénéfices, qui est reversée à une association qui œuvre en local. Nous voulons une totale transparence. Nous voulons que les gens sachent qu’ils achètent plus qu’un simple produit de mode. Quant à ce que représente l’Afrique Centrale, nos frontières ont été fixées par les Occidentaux. Lorsque je vois des couples mixtes de Gabonais, Angolais, Camerounais ou Congolais, il y a énormément de similitudes dans les mœurs, langues ou gastronomies de ces pays. Nous sommes issus d’un même tronc. Si je dois parler du Congo Kinshasa, à proprement parlé, je pense à l’art, à son sommet. LA RDC est l’un des piliers en matière de beaux-arts sur le continent. Je pense à la musique, la sape, je pense à nos traditions qui ont été exportées au
Panama, à Cuba… Les Congolais sont aussi des intellectuels, des Prix Nobel, des grands écrivains… Mon objectif final serait de pouvoir m’installer au Congo et produire localement.
Si je vous dis ROOTS, vous me répondez ?
Béni : Je pense au film sur Kunta Kinté. Cela me fait aussi penser à nos cultures oubliées, à la spiritualité africaine.
Rebecca : Je pense à notre culture, à nos langues et à nos ancêtres.
www.melaninvibes.fr
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Instagram : @melanine_vibes
Contact : 06 45 64 25 77
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