MARYSE CONDÉ : Hommage à une étoile de la Guadeloupe

Née en Guadeloupe, Maryse Condé a écrit plusieurs œuvres littéraires. Parmi eux, des romans sur le colonialisme, l’esclavage et la multiplicité des identités noires comme Ségou, les murailles de terre, Ségou la terre en miettes, ou encore Moi, Tituba, sorcière noire de Salem. Elle a obtenu un doctorat en littérature comparée à l’université Paris III (Sorbonne Nouvelle), puis est devenue professeur des universités. Parallèlement à sa carrière de romancière, elle enseigne la littérature francophone dans différents collèges. En 1985, Condé a reçu une bourse Fulbright pour enseigner aux États-Unis pendant un an à Los Angeles à l’Occidental College. Elle s’implante ensuite durablement aux États-Unis puisqu’elle publie régulièrement des ouvrages littéraires dans les différentes presses des universités où elle enseigne comme l’Université de Berkeley, l’Université de Virginie ou encore l’Université du Maryland. Elle a longtemps enseigné à l’Université de Columbia où elle a présidé le Centre d’études françaises et francophones depuis sa création en 1997 jusqu’en 2002. Maryse Condé a ainsi contribué à la reconnaissance de la littérature francophone aux États-Unis. Elle a marqué durablement le paysage culturel français et francophone à travers un prix littéraire portant son nom, le Fetkann ! Prix Maryse Condé, Mémoires des pays du Sud, Mémoire de l’Humanité. Maryse Condé a également été décorée des récompenses de l’Ordre National de la Légion d’Honneur et a été nommée Commandeur des Arts et des Lettres. Elle a également été décorée de la Grand-Croix de l’Ordre National du Mérite français en 2019.

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Sa disparition le 2 avril 2024 suscitera une émotion considérable, en Guadeloupe, en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Afrique et au-delà. De nombreuses tribunes soulignent la grandeur de Condé, que ce soit en tant que « grande dame » de l’écriture caribéenne francophone, en tant que « grande figure » des lettres mondiales ou, selon les mots du président Macron, lors de « l’hommage national » qui a eu lieu le 15 avril 2024 à la Bibliothèque Nationale (Richelieu) à Paris, en tant que « géante des lettres ». Cette cérémonie extraordinaire, à laquelle assistaient son veuf et fidèle traducteur Richard Philcox, sa famille et des personnalités majeures du monde des arts, de la politique, des médias, du sport et du monde universitaire, a vu la somptueuse salle de lecture de la bibliothèque drapée d’un immense portrait de l’auteur, et comprenait un discours de 15 minutes du président Macron, ainsi que des lectures de son œuvre par Mariann Mathéus, Sonia Emmanuel et Frank Babène. Même si Condé elle-même, indépendantiste de longue date, aurait pu trouver certains éléments de la cérémonie inconfortables, l’événement a témoigné de sa place monumentale dans l’imaginaire national et international. Quelques semaines après sa mort, il fut décidé que l’aéroport international de Guadeloupe serait renommé en sa mémoire ; une plaque avait été érigée en son honneur sur le mur de sa maison d’enfance à Pointe-à-Pitre quelques jours seulement avant son décès.

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