LIONEL MONGUMU : Co-fondateur de Les 3 VIOLETTES

« Montrer que toutes les femmes méritent d’être célébrées, honorées et sublimées le jour de leur mariage. »

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Bonjour, moi c’est Lionel Mongumu, j’ai 26 ans et je suis le PDG de Les 3 Violettes, une marque de robes de mariée que j’ai co-fondée avec ma soeur Mimiche Mongumu. Je suis le dernier d’une famille congolaise de huit enfants. Mes parents sont originaires de Kinshasa, en République Démocratique du Congo, et c’est là que l’aventure Les 3 Violettes a vu le jour. En réalité, notre histoire puise ses racines dans celle de notre mère qui avait déjà, à l’époque, une vision forte : entreprendre en famille, dans la mode. Aujourd’hui, cette ambition, on la porte fièrement à notre manière. Et chaque jour, on écrit la suite de son rêve à travers cette belle marque qui sublime les mariées.

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D’où est venue cette envie de vous lancer dans la confection de robes de mariées ?
Ce projet, à l’origine, c’est celui de notre mère, Maman Viviane, la première des Violettes. Dans les années 2000, en plein cœur de Kinshasa, elle a ouvert une boutique de mode qu’elle a dédiée à ses trois filles, qu’elle surnommait affectueusement Les 3 Violettes. Ce nom, c’était sa façon de célébrer leur passion pour la mode, et c’est ainsi que l’histoire a commencé. Après plus d’une décennie d’activité, la boutique a fermé ses portes à Kinshasa, mais cette aventure familiale ne s’est pas arrêtée là. En 2022, à l’occasion du ma-riage de l’une des Violettes, l’idée de relancer ce rêve familial est née, cette fois-ci dans l’univers du mariage. Depuis, nous avons repris le flambeau en restant fidèles aux valeurs portées par notre mère : l’acceptation de soi, la confiance en soi, et l’importance des liens familiaux.
Ainsi, Les 3 Violettes ne se résume pas seulement à vendre des robes pour nous. C’est une expérience que nous voulons offrir, une expérience qui sublime chaque femme, peu importe sa taille, sa morphologie ou sa couleur de peau. C’est aussi une manière de prendre position dans une industrie où les corps et les visages africains, comme les nôtres, sont encore trop souvent sous-représentés. Nous voulons montrer que toutes les femmes méritent d’être célébrées, honorées et sublimées le jour de leur mariage.

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Comment décririez-vous l’ADN des 3 Violettes et quelle est votre cible ?
L’ADN des 3 Violettes, c’est d’abord nos valeurs et notre mission. Ce qu’on veut vraiment, c’est révéler la reine qui sommeille en chaque femme. On croit profondément qu’il y a une beauté unique chez chacune d’elles : dans leurs corps, dans leurs histoires, dans leurs personnalités. Et au lieu d’imposer un seul canon de beauté, comme c’est encore trop souvent le cas dans la mode, on préfère mettre en lumière cette étincelle qui fait leur singularité.
Notre approche, c’est simple : des robes sur-mesure pour des femmes uniques. Quand une cliente pousse la porte de notre boutique, la question qu’on se pose, c’est : « Comment sublimer cette femme ? Comment raconter son histoire à travers une robe qui lui ressemble vraiment ? » On s’intéresse à sa morphologie, mais aussi à sa personnalité, à ce qu’elle veut transmettre. Pour nous, tous les corps sont beaux, et toutes les femmes méritent d’être sublimées.
Avec Les 3 Violettes, on veut bousculer les standards de beauté dans l’univers du mariage et de la mode. On veut célébrer la diversité des corps et des histoires, mettre en avant des valeurs qui nous tiennent à cœur, comme celles de la famille, tout en proposant des robes qui marquent les esprits.
C’est ça, notre mission : faire en sorte que chaque femme, le jour de son mariage, se sente non seulement belle, mais aussi honorée et unique.

Si vous aviez une baguette magique, qui serait l’égérie parfaite pour incarner votre marque ?
Si je devais choisir une égérie idéale pour Les 3 Violettes, je pense tout de suite à Didi Stone Olomide.
Didi Stone, c’est bien plus qu’un mannequin. Elle incarne tout ce que représente notre marque. Déjà, elle est Congolaise, et ça a du sens qu’une marque qui tire ses racines de Kinshasa, fondée par une maman congolaise, soit représentée par une femme qui porte fièrement ces mêmes origines. Mais ce n’est pas tout : Didi Stone, c’est la jeunesse noire ambitieuse et décomplexée. Elle influence tout le monde, sans se limiter à une communauté spécifique, et c’est ce que j’admire chez elle.
Elle a ce parfait équilibre entre la fierté de ses racines et cette ouverture sur le monde. Elle montre qu’une femme noire peut être une référence globale, une femme à qui on aspire à ressembler, qu’on admire, qu’on imite. Pour moi, c’est tellement puissant, surtout quand on pense au chemin parcouru. Pendant des décennies, les femmes noires ont été ignorées, voire rabaissées, dans les standards de beauté. Alors aujourd’hui, voir une Congolaise incarner la beauté, l’audace et l’élégance, ce serait un symbole fort.
Et puis, il y a une autre personne qui me vient à l’esprit : Kelly Massol. C’est une femme avec du caractère, une entrepreneure qui sort des cases. Elle a une énergie incroyable, et elle casse l’image un peu trop lisse et sage qu’on associe parfois à la mariée traditionnelle. Elle est belle, charismatique, et elle raconte une histoire à travers tout ce qu’elle fait. Pour moi, elle pourrait incarner une mariée mo-derne, libre, qui s’assume pleinement.
Je pense sincèrement qu’une collaboration avec ces deux femmes serait exceptionnelle. Elles représentent des facettes différentes, mais complémentaires, de notre vision : célébrer la diversité des beautés, des personnalités et des parcours. Mon petit doigt me dit qu’un jour, on arrivera à concrétiser cette idée.

Un mot sur votre présence lors du Festival de Cannes 2024. Les 3 Violettes ont habillée plusieurs personnalités ayant foulé le tapis rouge, une expérience
incroyable ?

Franchement, je me sens extrêmement reconnaissant d’avoir eu cette opportunité, surtout si tôt dans l’aventure des 3 Violettes.
Habiller des personnalités pour un événement aussi prestigieux, c’est quelque chose qui va rester gravé.
On a eu l’honneur d’habiller Nomcebo Zikode, l’artiste sud-africaine derrière le tube mondial Jerusalema, et Alicia Fall, journaliste et entrepreneure. On a confectionné trois tenues spécialement pour elles, stylisées par moi-même. C’était un vrai challenge, mais aussi une belle occasion de montrer mes compétences en tant que styliste sur des événements d’une telle envergure.
En fait, tout est parti d’un concours de Jeune Miss où nos créations avaient vraiment marqué les esprits. De fil en aiguille, cette visibilité nous a ouvert les portes du Festival de Cannes. Et une fois là-bas, c’était beaucoup plus qu’un simple défilé : c’était l’occasion de rencontrer des personnalités, de créer du réseau, et surtout de représenter nos valeurs sur une scène internationale.

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Nos robes ont été portées lors du Global Gift Gala, organisé par Eva Longoria et l’association Global Gift, et aussi sur le tapis rouge.
Ce sont des moments qu’on ne vit qu’une fois, mais qui, je l’espère, poseront les bases pour beaucoup d’autres collaborations.
D’ailleurs, cette expérience nous a inspirés pour développer une nouvelle branche de notre activité : une collection de robes de soirée. On veut continuer à proposer des créations qui subliment les femmes, non seulement pour le mariage, mais aussi pour d’autres grands moments de leur vie.
Et on ne compte pas s’arrêter là : 2025 est déjà en préparation. On prévoit de retourner à Cannes avec d’autres célébrités pour continuer à mettre en lumière notre savoir-faire et, bien sûr, nos valeurs.

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Quel est le processus de création avec les futures mariées et quelle votre gamme de prix ?
Nous avons développé plusieurs processus pour répondre aux attentes de toutes nos clientes, qu’elles soient à la recherche de simplicité ou d’une robe entièrement unique :
1. Les robes de cocktail et les modèles “simples” :
Ces robes font partie de notre collection actuelle et sont disponibles en stock. Les futures mariées viennent au showroom, essayent les modèles qui les inspirent, et repartent avec une robe qui correspond à leur style. Les prix pour cette gamme varient entre 500 et 1400 euros.
2. Les robes semi-mesure :
C’est l’option la plus populaire auprès de nos clientes. Ici, elles choisissent une robe de notre showroom qu’elles utilisent comme base pour créer leur robe idéale. Nous travaillons ensemble, directement avec notre atelier sur place, pour ajuster et personnaliser la robe en fonction de leurs envies : ajouter des dentelles, modifier la coupe, intégrer des éléments spécifiques… C’est une expérience collaborative et unique. Pour ce type de création, les prix vont de 1500 à 3800 euros.
3. Les créations sur mesure :
Pour celles qui rêvent d’une robe entièrement unique, nous créons une robe de A à Z. Cela commence par une inspiration, une photo ou une idée que la cliente apporte. Ensuite, nous réalisons un croquis ensemble et choisissons les tissus pour donner vie à cette vision. Ce processus se fait dans une ambiance entièrement privatisée, avec une boisson chaude ou une coupe de champagne selon les envies.
Les prix pour une robe sur mesure commencent à 3500 euros, mais peuvent varier en fonction des détails et des demandes spécifiques. Par exemple, nous avons déjà réalisé une robe avec une traîne ornée de 8 mètres de cristaux, ce qui fait naturellement grimper le budget.
Notre priorité est de rendre chaque étape spéciale, pour que nos futures mariées se sentent écoutées, accompagnées et sublimées. Peu importe leur choix, nous mettons tout en œuvre pour que leur robe reflète leur personnalité et magnifie ce jour unique.

Une édition spéciale de ROOTS en ôde à l’amour. Si vous aviez un message à adresser à nos lectrices ?
Cela résonne profondément en moi, car le mariage, c’est avant tout une célébration de l’amour. En travaillant avec des mariées et en écoutant leurs incroyables histoires, j’ai appris à apprécier encore plus l’importance de l’amour dans nos vies.
À 26 ans, voici le message que je veux partager : ne perdez pas de temps. Prenez le risque d’aimer. Prenez d’abord le risque de vous aimer vous-même. Apprenez à vous accepter, à célébrer votre histoire, votre personnalité, votre corps, et tout ce qui fait votre différence. Dans un monde où l’on croit parfois qu’il faut se conformer pour être aimé, l’authenticité est devenue un acte de courage. Et pour beaucoup d’entre nous, notamment ceux issus de familles afro modestes, il y a ce travail subtil mais essentiel de déconstruire des années de désamour de soi, souvent appris inconsciemment.
Mon second message est celui-ci : une fois que vous aurez appris à vous aimer, prenez le risque d’aimer sincèrement quelqu’un d’autre. L’amour est beau mais effrayant, complexe mais gratifiant. Oui, il y aura des douleurs et des échecs, mais cela fait partie du chemin. Ne vous contentez pas de rêver ou d’attendre, sortez et vivez. Prenez ce risque, car même les blessures laissées par l’amour ont leur beauté.
C’est ce que m’ont appris mes conversations avec les mariées que j’accompagne, et c’est un message que je m’efforce aussi d’appliquer à ma propre vie.

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Originaire de la RD Congo, que cela représente-t-il pour vous ?
J’ai pris la décision de quitter mon école de commerce en 2021 lorsque j’ai mis les pieds pour la première fois au Congo (Brazzaville). Pourquoi ? Parce que c’est là-bas que j’ai pris conscience de la chance que j’avais de faire ce que je fais aujourd’hui. J’y ai vu à la fois toute la beauté et toute la
misère du monde, et cela m’a chamboulé. C’est grâce à ce
voyage que j’ai décidé d’entreprendre et d’incarner l’exemple que j’ai tant peiné à trouver étant plus jeune.
Pour moi, le Congo, même si je suis de nationalité française et fier de mon histoire, représente ma source d’inspiration la plus profonde. C’est pourquoi je m’efforce à travers mon aventure d’inspirer les jeunes congolais, ainsi que la communauté noire plus largement, en leur montrant qu’il est possible de réaliser de grandes choses malgré les difficultés.
Je veux démontrer au monde entier qu’un jeune français d’origine congolaise est capable de réussir dans le monde des affaires, même dans un secteur où l’on ne l’attend pas forcément, et surtout en restant ancré à ses valeurs.
Le Congo, c’est ma base, et j’espère pouvoir faire plus dans un avenir proche pour les jeunes congolais et les afros en général. Cela fait partie de ma mission personnelle.

Si je vous dis le mot « Roots », cela vous évoque quoi ?
La première image qui me vient à l’esprit, c’est la profondeur. Encore une fois, cela me ramène à penser que le but de la vie est de se (re)connecter au plus profond de soi-même, d’aller à la découverte de soi, d’apprendre à s’aimer pour pouvoir le partager efficacement avec les autres. Cela nous ramène à notre africanité, à notre humanité et bien plus encore. En bref, dans cette quête de soi que tout un chacun mène, on essaye avec Les 3 Violettes de jouer notre partition. Que ce soit en aidant nos mariés à se chercher et à trouver leur style, ou en représentant la beauté de la femme noire à travers le monde. Mais pour finir sur une touche moins philosophique, j’ai toujours secrètement rêvé de paraître dans le magazine ROOTS, donc voilà ce que ça m’évoque (rires). La fierté d’avoir ce privilège. J’adresse donc un grand merci à toute votre équipe pour ce magnifique travail qui dure depuis des années. En espérant que cela perdure encore longtemps.

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LES 3 VIOLETTES
105 boulevard Davout, 75020 Paris
www.les3violettes.fr
Instagram : @les3violettes & @le_gentleman_de_la_robe