Les Sérères ont développé leurs lieux de vie près des fleuves. Partis de l’Égypte-Nubie, une des régions de la vallée du Nil, ils atterrissent dans un de leurs premiers points de chute : le Tekrour (déformé par la suite en «Toucouleur»), près du fleuve Sénégal. Pour fuir l’islamisation de ce petit état où ils étaient basés en Afrique de l’Ouest, les Sèrères migrent dans la région du Sine entre le XIème et le XIIIème siècle. Ces agriculteurs animistes et sédentaires cultivent majoritairement le mil et l’arachide, font aussi de l’élevage et pêchent. Au cours de cette longue migration, ils fuient également la sécheresse qui menace leurs activités. Les Sérères forment une société plutôt égalitaire, sans castes. L’arrivée des Malinkés du Kabuu va quelque peu changer la donne. La cohabitation donne naissance aux royaumes de Sine et de Saloum au début du XVème siècle. La société sérère est alors organisée en castes, selon l’activité professionnelle de ses membres. Les artisans, tisserands, teinturiers… sont tous représentés par les griots. Le Royaume du Sine cesse d’exister en tant qu’entité pour être incorporé au Sénégal indépendant en 1969. Aux côtés du wolof et du peul, le sérère est devenu l’une des langues officielles du Sénégal. Connus au-delà des frontières du pays où cette ethnie est majoritaire, les Sérères ont inspiré le nom du groupe hip-hop Sa-Ra Creative Partners. Pour certains scientifiques, le mot même « sérère » serait issu de l’égyptien se-re ou sa-ra qui veut dire « fils de Dieu ». Autant dire qu’à l’instar d’Erykah Badu, férue de l’ânkh, la croix égyptienne et d’autres artistes de la vague nu-soul des années 90, l’héritage laissé par les esclaves arrivés en Amérique est très vivace. L’engagement des États-Unis va plus loin. Comme le relatent plusieurs journaux, dont le quotidien sénégalais Le Soleil, près de 9 millions de FCFA (environ 18 000$) vont être débloqués afin de préserver la musique sérère, comme l’indique la convention de financement signée en novembre par l’actuel ambassadeur américain au Sénégal Lewis Lukens.
Par Dolores Bakela
Édition : ROOTS n°11
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