Une immense paresse s’était emparée de ma personne en posant les pieds dans le sable. Jouer les fashionistas et rester fraîche en pleine canicule, avec des enfants, c’est pas de la tarte mais quand on bosse là où je bosse on n’a pas le choix! C’est ça ou raser les murs à la rentrée, et gare à vous si, comme moi, vous avez passé plus de temps à critiquer vos collègues qu’à travailler.
Le show des photos de vacances n’épargne personne. C’est une étape cruciale qui détermine la place que vous occupez au sein d’une entreprise. Vous serez admirée en maillot de la dernière collection Eres, mais… shootée en trikini, vous ne serez plus rien ; idem lorsque vous présentez des clichés d’enfants, moins 5 points ! Bah oui , tout le monde sait qu’on est «rincée» quand on a des gosses. Et puis des morveux mal fagotés, pire, mal coiffés, c’est un crime de lèse-majesté qui ne saurait passer inaperçu dans l’oeil de vos «cousines» de bureau:
«Hé dis-donc, tu as vu les cheveux de l’enfant là ? On dirait une orpheline, quand même !».
Humm … c’est pourtant ce qui a failli m’arriver, je vous explique.
Une immense paresse s’était emparée de ma personne donc, et à vrai dire cela faisait plusieurs jours que ça durait, les journées à la plage avaient eu raison de ma combativité légendaire.
Le bruit des vagues résonnait comme des mots doux au creux de mon oreille, et j’en profitais au maximum.
Aussi n’ai-je pas vu la chevelure de Kadi, ma cadette, se momifier au fur et à mesure que les vacances avançaient.
Éblouie par les reflets du soleil sur l’eau, je n’ai rien vu venir et ni mes wayfarer ni Doudou, qui pourtant remplissait l’appareil photo, n’y changèrent quelque chose …
Une belle paire de parents indignes !
J’ai eu le déclic lorsque la voix stridente de ma voisine de serviette est venue interrompre mes rêveries estivales.
Toujours la même mégère hein ! Celle que je n’ai jamais su apprivoiser, enfin, à qui je n’ai pas su dire d’aller poser sa serviette loin de ma face.
C’est vrai, elle m’énervait avec ses « C’est marrant les cheveux de votre fille, on dirait du crin, j’peux toucher? » Je mourais d’envie de lui dire de toucher à son derrière mais la décence m’en empêchait .
Ma princesse a les cheveux doux comme de la soie et comme les vacances ne sont pas faites pour se remettre en question, j’ai fait comme si de rien n’était. Le lendemain, Kadi a mis un bandeau, l’affaire était réglée. Erreur, lorsque, malgré ma tentative «d’oeil qui tue» la femme a quand même plongé sa main dans la tignasse de ma fille et que de «crin» on est passé à «béton», j’ai compris qu’il y avait urgence.
Flash-back, on essaie de retrouver les pièces du puzzle. Qu’est-il arrivé ?
– baignades quotidiennes dans l’eau salée
– shampooings quotidiens pour enlever le sable
– hydratation sommaire…
Rappelons-nous les bases. Il existe quatre étapes dans la vie d’un cheveu afro (d’enfant) en vacances et tout le temps même.
1- DÉMÊLER // 2- LAVER //
3- HYDRATER // 4- COIFFER
J’ai troqué le maillot contre une blouse et décidé d’attaquer le chantier. Pour ce faire, il me fallait des mains en parfait état et des doigts agiles (pour démêler sans casser cette chose sur sa tête) mais si vous voulez utiliser un peigne à dents larges ou une brosse, libre à vous.
Quatre pinces crabes pour séparer la chevelure et direction la douche. J’ai d’abord assoupli avec un après-shampooing puis lavé avec un shampooing hydratant sans sulfate pour ne pas abîmer ses cheveux si malmenés. Re-après shampooing posé le temps de la douche puis rinçage.
Un pschitt de spray magique pour parfaire le démêlage, toujours au doigt, je n’utilise la brosse que pour coiffer. Quelques gouttes d’huile végétale pour hydrater (chez nous on aime l’olive) et une noix de beurre de kpan- gnan pour sceller l’hydratation. Cela vous paraît long ? Ce n’est pas le cas si vous savez vous organiser mais souvenez-vous, plus vous malmenez les cheveux et plus il vous faudra de temps pour rattraper les dégâts. Ouf ! On a frôlé la catastrophe, plus jamais ça ! J’aurais été obligée de raser au moins un côté de sa tête, c’est plutôt intéressant pour mon emploi du temps, mais comme on n’est pas à L.A. ça craint pour elle quand même !
Quelques jolies vanilles plus tard et ma fille allait jouer les mannequins dans l’eau, on a procédé à un vrai shooting de pro avec changement de tenues et tout pour sauver MES PHOTOS DE VACANCES. Maintenant on peut rentrer à Paris, c’est toujours moi la Boss.
Quoi ma petite dernière ? Non, elle a pas un poil sur le caillou celle-là, ça va j’ai le temps de voir venir…
Par Ija make up artist
Édition : ROOTS n°6
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