Portrait de Falone Shimba, une jeune entrepreneure qui a décidé de réunir les start-ups de la diaspora au sein d’un espace grandiose.
Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Falone Shimba, j’ai 26 ans, je suis Congolaise. Je monte actuellement un espace de coworking sur Paris.
Revenons sur votre parcours avant la création de cet espace ?
Je pense avoir un parcours un peu atypique, forgé dans le temps. Dès le plus jeune âge, vers le Bac, je me suis dis que je voulais travailler en lien avec l’Afrique. Quand je suis allée en école de commerce, au moment d’effectuer les premiers stages, je n’ai pas cherché la grosse boîte pour faire comme tout le monde, j’ai travaillé avec une petite structure : « Africa Fashion guide ». C’est une bloggeuse qui habite à Londres et qui aide les gens à pouvoir produire en Afrique. Cela m’a permis de mettre les pieds dans l’industrie de la mode africaine et comprendre l’impact qu’elle peut avoir sur la création d’emplois. De là, j’ai côtoyé pas mal d’événements, j’ai fait pas mal de choses et je ne suis pas restée que dans le milieu de la mode. Ensuite, je suis allée aux Etats-Unis, j’ai travaillé avec un homme super qui s’appelle Chid Liberty et qui a monté la première usine certifiée éthique au Libéria, avec des femmes à la production. Cette expérience a renforcé mes compétences en marketing promotionnel de la mode africaine. Par la suite, j’ai atterri au Ghana et au Bénin, j’ai travaillé au niveau de la production dans les usines. On les aidait à produire et à s’aligner sur les standards internationaux, afin que l’Afrique puisse devenir la nouvelle Chine, mais avec une démarche éthique. En travaillant en Afrique, j’ai beaucoup appris sur moi. Finalement, je suis repartie travailler dans une société qui aide les Français dans leurs stratégies de création et d’exportation de leurs produits aux États-Unis. Donc voilà, j’ai touché à tout, mais en restant toujours liée à l’Afrique ou l’entreprenariat. Aujourd’hui, la diaspora africaine connaît un gros boom, en termes de création d’entreprises et je me suis dit que c’était le moment parfait pour revenir et participer à cet élan en créant un espace qui recouvre tout ce que j’aime : l’Afrique, l’entreprenariat et la création.
À seulement 26 ans, vous avez déjà une expérience très vaste. Comment avez-vous réussi à un tel projet en étant aussi jeune ? Avez-vous connu des difficultés ?
J’ai eu pas mal de difficultés, je pense comme tout le monde et j’en aurai toujours. Mais je dois avouer que je suis très bien entourée, surtout avec la famille. Mon père est très porté sur l’entrepreneuriat, la création, le leadership… Pareil pour ma mère, c’est une battante. J’ai grandi dans cet état d’esprit et je l’ai pris de mes parents. Aujourd’hui, mes associés et ceux qui ont mis l’argent pour mon projet, sont ma famille, mes oncles, mes cousins. C’est ainsi que j’y suis arrivée. Je suis passée par des organismes, des financements, mais les portes m’ont été fermées. Je n’ai rien lâché et le projet a vu le jour. Mais la route est encore longue, je n’ai même pas fait 20% de tout ce que j’ai en tête.
Pouvez-vous nous décrire cette structure de co-working que vous inaugurez début 2019 ?
Le nom est Kazi House. « Kazi » veut dire « Travail » en swahili, qui est la langue de mon père et « House » pour « Maison » en anglais. C’est donc la Maison du Travail. Les gens peuvent venir travailler, collaborer, créer des synergies. C’est un open space. Ils peuvent venir juste un jour où ils ont besoin de travailler, d’être inspirés et de rencontrer d’autres gens qui ont les mêmes valeurs, la même passion pour l’Afrique. D’autres pourront avoir un poste dédié, tout le mois, parce qu’ils viendront souvent. Lorsque l’on est entrepreneur, on a souvent cette solitude de travailler à la maison, alors le fait de pouvoir collaborer avec des gens dans la même osmose est une bonne chose. Même les étudiants peuvent venir réviser. Cet espace est donc à la fois disponible pour les associations, les startups et les étudiants de la diaspora.
Quels sont les espaces et gammes de prix proposés dans votre espace de co-working ?
Nous proposons des postes nomades pour 25 euros la journée et 5 euros de l’heure. Pour un mois complet, un poste en open space est proposé à 230 euros et cela varie pour les bureaux fermés en fonction du groupe, selon le nombre de personnes. Globalement, un bureau fermé commence à partir de 600 euros/mois. Le plus grand bureau fait à peu près 23 mètres carré, pouvant contenir à peu près 4 postes. Nous avons modulé l’espace de sorte à pouvoir répondre à tout type de demande.
Que représente le Congo pour vous et la personne que vous aspirez à devenir ?
Je suis originaire du Congo, de Kinshasa par ma mère et de Lubumbashi par mon père, précisément de Likasi. Likasi est une ville magnifique avec une histoire énorme et c’est ce qui m’a inspirée pour la décoration de mon espace de coworking. C’est la ville du cuivre et de la lumière., du coup, mon espace tourne autour du cuivre pour faire un petit hommage à mes racines. J’ai des projets au Congo qui se font tout doucement et qui restent dans la même optique, à savoir créer de l’emploi, mettre à disposition des espaces de travail groupés, etc.
Édition ROOTS spécial Kongo
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