De Nina Ricci à Courrèges, en passant par Lanvin, découvrez l’itinéraire de l’une des premières modélistes africaines à avoir séduit les maisons de haute couture parisiennes.
Fin des années 70, cette jeune femme de la bourgeoisie camerounaise rejoint Paris pour ses études, des rêves plein la tête. Amoureuse du vêtement depuis sa tendre enfance, c’est tout naturellement que Justine Nokam oriente son cursus vers cette voie. Elle se retrouve diplômée du lycée technique Albert De Mun dans le 7e arrondissement de Paris après avoir enchaîné un BEP Couture Flou (le « flou » désignant la haute couture), un CAP Habillement Fabrication Industrielle et un BT Industrie de l’Habillement. Après un court passage à la faculté d’Assas, en Droit, Justine Nokam revient à ses premiers amours : la couture. Et, en 1985, s’achève sa vie d’étudiante avec une formation en décoration d’intérieur spécialisée textile.
Il est désormais temps de se lancer dans le grand bain. Et, après quelques expériences en tant que modéliste dans le prêt-à-porter, les choses sérieuses se mettent à prendre forme à la fin des années 80, début des années 90.
C’est ainsi qu’elle s’épanouira dans l’univers très parisien de la haute couture. Des maisons de prestige telles que Nina Ricci, Lanvin, Guy Laroche et Olga Rabenada, où elle officiera en qualité de première main, patronnière et modéliste. Elle fera d’ailleurs partie de l’équipe ayant travaillé sur la collection Dé d’Or de Guy Laroche (Prix décerné deux fois par an, en France, à des créateurs de haute couture et qui a lieu de 1976 à 1990).
En cette période, Paris n’a aucun égal en matière de luxe et de raffinement. C’est aussi l’âge d’or du modeling avec l’explosion des supermodels : Naomi Campbell, Linda Evangelista, Claudia Schiffer, Cindy Crawford…
Forte de ces années d’expérience au sein du fleuron de la mode française, Justine Nokam décide de se lancer en indépendante. Elle crée sa maison de couture, Mony Mamga, du nom de sa défunte mère, elle-même couturière en son temps. Nichée sur le boulevard Simon Bolivar, dans le 19ème arrondissement (quartier Buttes Chaumont), la belle Camerounaise se fait rapidement un nom et une
clientèle fidèle. De 1996 à 2013, elle proposera du luxe à portée de bourse. Des pièces coutures, réalisées sur mesure, avec des process quasi similaires à ceux utilisés dans les maisons où elle évoluait auparavant.
Après une aventure entrepreneuriale de 17 années, notre protagoniste se tourne vers une activité moins stressante et devient formatrice, de 2015 à 2016, spécialisée en couture et patronage.
Depuis 5 ans désormais, Justine Nokam officie chez Courrèges. Une sorte de retour à ses grandes années. Une maison française de renom, pour boucler la boucle d’une carrière bien remplie. Devenue l’une des chouchous de ce géant du textile, honneur lui sera fait, à l’automne 2021, de travailler à la confection d’une robe Courrèges, sur mesure, pour Kim Kardashian.
Rien que ça.
Et si cette édition des 10 ans de ROOTS existe, c’est aussi un peu grâce à elle, puisqu’elle n’est autre que la femme qui m’a donné la vie, moi le fondateur du magazine. Elle m’aura transmis, entre autres, 4 valeurs dont je me suis servi tout au long de cette aventure : le travail acharné, le goût du beau, la quête de l’excellence et l’amour de mes racines.
Love you mum.
Par Michael Kamdem
Édition ROOTS 10 ans
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