Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Cheikh Mbaye, j’ai 25 ans. Je suis né et j’ai grandi dans le sud de la France, à Avignon. Je suis venu à Paris à l’âge de 18 ans pour faire une prépa HEC puis j’ai intégré une grande école de commerce (ESCP) qui m’a mené vers une carrière prometteuse en banque d’affaires. J’ai finalement décliné une offre de CDI en fusion-acquisition (M&A pour les connaisseurs) pour lancer HYRO, un projet qui me trottait dans la tête depuis plusieurs années.
Décrivez-nous le champs d’actions de HYRO…
HYRO est un service innovant de location de vêtements et accessoires de luxe, spécialement conçu pour les professionnels, c’est-à-dire toutes les personnalités médiatiques qui vivent de leur image et de ce fait ne peuvent s’afficher deux fois avec la même tenue. Parmi nos clients, nous comptons des chanteurs, des sportifs, des influenceurs. Nous sommes en train de nous étendre vers l’industrie de la télévision et du cinéma. Nous proposons également à nos clients des services de stylisme et de gestion d’image. Pour le moment, nos services sont exclusivement destinés aux hommes. Notre principale clientèle provient du monde de la musique. En fait, une grande partie des tenues de luxe que vous voyez dans les clips, les concerts, les festivals et autres apparitions médiatiques des artistes proviennent de notre agence. Nous sommes fiers de cette contribution notable qui améliore l’image de marque de nos clients.
Vous êtes issu d’un cursus en finance, comment avez-vous finalement atterri dans l’univers de la mode ?
Il y a une multitude de facteurs qui expliquent mon virage vers l’entrepreneuriat, mais s’il fallait en souligner un, ce serait incontestablement ma philosophie de vie: choisir les chemins qui me permettent de continuer à rêver le plus longtemps possible. Je m’explique : dans l’univers de la finance, la hiérarchie est souvent rigide et les trajectoires professionnelles, bien que prometteuses, sont souvent prévisibles. J’ai donc décidé de choisir une voie où tout est possible sans concessions : l’entrepreneuriat. Cette décision n’était pas anodine, surtout en choisissant de me lancer dans un domaine qui me passionne profondément : la mode. Pour moi, entreprendre, c’est plus qu’une carrière, c’est une aventure personnelle où je peux exprimer ma créativité et mes ambitions sans frein.
“ Une grande partie des tenues de luxe que vous voyez dans les clips, les concerts, les festivals et autres apparitions médiatiques proviennent de notre agence. ”
Êtes-vous seul dans cette aventure ?
Avant de vous développer un peu plus en détails comment fonctionne HYRO, je ne peux pas continuer sans mettre en lumière le rôle crucial de mon associé, Steve Kameni. En effet, le petit succès de notre start-up repose entièrement sur la force et la complémentarité de notre duo. Steve est Camerounais, et en fier Bamiléké qui se respecte, il a un sens aigu des affaires qui nous guide dans l’univers compétitif et impitoyable de l’industrie du divertissement.
Je suis celui qui porte la vision du projet. Mon rôle est consacré à l’orientation stratégique d’HYRO avec pour mission de sculpter l’avenir de notre société. Steve, plus pragmatique, s’attache à assurer la viabilité et la rentabilité de l’entreprise. Ensemble, nous formons un tandem dynamique.
Quelle est votre cible et comment sélectionnez-vous les marques et personnalités qui travaillent avec vous ?
Je vais vous en dévoiler un peu plus sur le business model de notre activité principale qui est la location de vêtements. Le nerf de la guerre chez nous c’est le stock. 50% de notre stock est acheté par nos propres soins et les 50% restants proviennent du système collaboratif, c’est-à-dire des personnes qui possèdent de belles pièces de luxe dans leur dressing et qui viennent nous les confier. Ces propriétaires récupèrent 70 % du montant de chaque location.
En ce qui concerne les pièces que nous achetons nous-mêmes, nous nous concentrons sur les marques les plus demandées et qui peuvent se revendre facilement (Louis Vuitton, Dior, Gucci, Prada, etc.).
En presque 2 ans d’existence, nous n’avons jamais fait de publicité. Tous nos clients sont venus grâce au bouche-à-oreille. Nous nous efforçons d’offrir le meilleur service possible grâce à un processus simple et agréable pour nos clients. Ce sont donc les clients qui viennent à nous et non l’inverse.
Pour avoir un aperçu de nos clients, je vous invite à jeter un coup d’œil sur notre page Instagram (@hyroagency1). Et pour voir notre catalogue de vêtements, je vous invite à faire un tour sur notre site internet (https://www.hyroagency.com/).
Quels sont vos objectifs de développement à court et moyen termes ?
Mon objectif principal est de développer HYRO à l’international et d’en faire une institution solide avec un impact environnementale positif. A court terme, il est prévu d’ouvrir un grand showroom à Paris offrant un large choix pour faire briller les yeux de n’importe quel artiste. L’objectif est clair : faire de cet espace la destination privilégiée et reconnue pour le stylisme des célébrités. Une fois ce projet réalisé, nous irons à Londres où nous avons déjà quelques clients. L’étape suivante de notre expansion internationale nous portera aux États-Unis, où nous envisageons d’ouvrir deux showrooms stratégiquement situés à New York et Los Angeles. Ainsi HYRO sera présents dans les épicentres clés du monde de la mode et du divertissement.
“ La Black Excellence, c’est un état d’esprit. […] Rien n’est impossible pour celui qui s’en donne les moyens. ”
Vous avez collaboré avec de nombreuses personnalités. Quel serait votre top 3 (sans ordre) et pourquoi ?
C’est vraiment difficile de n’en choisir que trois.
Tout d’abord, je vais citer NINHO. On est fier de travailler avec lui car les chiffres le placent comme le rappeur numéro 1 en France, d’autant plus que notre collaboration est plus poussée qu’avec les autres clients. En effet, l’agence HYRO s’occupe personnellement de son image puisque nous avons entamé depuis quelques mois un travail complet sur son style afin qu’il passe à un niveau supérieur. Cette relation de confiance que l’on entretient avec lui et son équipe nous a permis de découvrir de nouveaux horizons, tels que participer à des campagnes publicitaires et à plusieurs autres projets que je ne peux pas encore dévoiler.
Ensuite, je vais citer GAZO. J’apprécie particulièrement travailler avec lui car il a un charisme à l’américaine et une manière propre à lui de porter le vêtement, ce qui permet de s’amuser avec son style et de prendre des risques. De plus, j’entretiens d’excellentes relations avec son équipe, c’est toujours un plaisir de les retrouver lorsqu’ils font appel à nous pour un clip ou un concert.
Pour finir, je vais citer KALASH. C’est grâce à lui que j’ai fait mon premier clip à l’étranger (ce qui est une superbe expérience, car on découvre vraiment les artistes dans leur intimité) et ma première grosse salle de concert (l’Accor Arena de Bercy). C’est un plaisir de travailler avec lui car il a une prestance et une ouverture d’esprit qui permettent d’aller oser chercher de nouveaux horizons artistiques.
Édition spéciale « Black Excellence », que signifie cette expression ? Mythe ou réalité en France ?
J’aime beaucoup cette expression. Elle m’inspire et me donne de la motivation pour travailler dur et atteindre mes ambitions. La Black Excellence, c’est un état d’esprit : ne jamais perdre confiance malgré toutes les difficultés qui se poseront sur notre chemin et toujours être focus sur l’objectif. Il faut être conscient que ce sera sûrement plus dur que pour les autres dans le sens où on est plus exposé aux clichés et aux fausses croyances, et qu’on manque souvent d’entraide-aide financière et de réseau. Mais ça ne doit en aucun cas être une excuse car je suis convaincu que rien n’est impossible pour celui qui s’en donne les moyens.
En tant que grand fan d’entrepreneuriat, je passe mon temps à écouter des podcasts d’entrepreneurs pour étudier leurs réussites. Et je pense qu’en France on a besoin de plus d’exposition de modèles noirs de réussites, en dehors du monde de la musique et du sport, pour les jeunes issus de la diversité.
Avez-vous un modèle de réussite dont vous aimeriez suivre la trajectoire ou qui vous inspire ?
Je fraie mon propre chemin, je n’ai donc pas vraiment de modèle à proprement parler. Cela dit, s’il fallait choisir une figure publique qui incarne les qualités que j’admire, ce serait sans doute KEVIN HART, le célèbre stand-upper et acteur. Ce que j’aime particulièrement chez lui c’est sa bonne humeur vibrante et contagieuse. Il a toujours le sourire aux lèvres et ça me représente bien.
Au-delà de ça, c’est un businessman aguerri puisqu’il est actuellement l’acteur le mieux payé du box-office avec une fortune estimée à 500 millions de dollars. Il symbolise l’alliance réussie entre le talent artistique et le sens aigu des affaires. En plus de ça, il a beaucoup de style – ce qui est un point important en tant que fondateur d’HYRO. Pour toutes ces raisons je m’identifie assez facilement à lui.
Originaire du Sénégal, cela représente quoi ?
C’est mon pays d’origine et j’en suis fier. Je suis déçu de ne pas avoir pu y aller plus souvent ces dernières années à cause de mon rythme de travail assez intense. Mais je compte changer cela, surtout que je sais d’ores et déjà que mes prochains projets entrepreneuriaux seront tournés vers l’Afrique.
Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez ?
Tout de suite me vient à l’esprit l’image d’un énorme Baobab (arbre emblématique du Sénégal) avec de grandes racines à la fois visibles mais profondément ancrées. Ces racines gigantesques sont pour moi une métaphore puissante puisqu’elles illustrent l’importance vitale de fondations robustes et saines pour le succès et la longévité de tout projet. Dans un monde où les défis et obstacles sont nombreux, seules des racines bien établies permettront de résister et de prospérer.
En ce qui concerne HYRO, ces fondations se manifestent à travers le duo solide et complémentaire que je forme avec Steve, un business model rentable, une vision claire, une détermination à toute épreuve et une passion sans faille pour notre activité.
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