En 2011, nous étions encore émerveillés par la présidence Outre-Atlantique de Barack Obama. L’expression « Black Excellence » prenait tout son sens et un nouveau monde semblait s’ouvrir.
La contagion allait-elle s’opérer dans l’Hexagone ?
Comme je le disais 10 ans plus tôt, l’objectif de ROOTS n’était ni d’ostraciser, ni de se fermer. Mais au contraire, être un vecteur d’excellence aux yeux de tous.
Pour reprendre mes termes exacts de l’époque :
« Basculons sans complexe du black is beautiful au black is brillant ».
J’ai grandi dans le 19ème arrondissement, un endroit à la fois populaire et cosmopolite. Et, trop souvent, j’ai entendu les miens – ou des plus jeunes – essayer de m’expliquer qu’en France ce n’était pas possible de rêver en grand, parce que ceci ou cela. Parce que la France serait raciste. Parce que toutes les excuses du monde.
J’ai effectué des études dans une grande école de commerce, aux côtés de la jeunesse dorée de France. Et, trop souvent, j’ai entendu mes camarades m’expliquer (sans même s’en rendre compte) que la seule image du Noir présente dans leur esprit était celle du sportif, du danseur, du fils d’ambassadeur africain, du migrant ou du délinquant. Et j’exagère à peine.
Des deux côtés, chacun était campé sur ses préjugés.
Le défi était de taille. Montrer aux uns et aux autres que rien n’est figé. Qu’il y a des prodiges que la nature a gâtés, à l’instar de Kylian Mbappé ou Gims, certes, mais qu’il y a aussi des chercheurs, des restaurateurs, des avocats, des entrepreneurs, des politiques, de hauts cadres dirigeants… Oui, le Noir ne sait pas que danser et/ou taper dans un ballon.
Le maître mot de ROOTS : Montrer toute la richesse de ce qu’on appelle en France « la diversité », ces visages qu’on voit trop peu et qui pourtant existent. Les montrer afin de contrer les préjugés, les montrer afin d’inspirer d’autres à œuvrer vers le même chemin. Un seul maître mot : BLACK EXCELLENCE.
Et ce sera le fil conducteur de cette édition spéciale Boss Ladies.
300 pages pour un numéro collector.
Tout d’abord la cover, avec un shooting historique. Réunir, pour la première fois en France, 12 femmes afropolitaines au parcours d’exception pour un éditorial photo. Non sans peine, c’est une immense fierté que d’avoir mis sur pied ce panel répondant à un titre évocateur :
THEY INSPIRE.
Fadily Camara (humoriste/actrice), Flora Coquerel (Miss France 2014), Maïmouna Doucouré (réalisatrice), Rokhaya Diallo (écrivaine, journaliste), Kareen Guiock (présentatrice JT de M6), Imany (chanteuse), Kelly Massol (cheffe d’entreprise), Marie-Aline Méliyi (journaliste Tv chez LCI), Elisabeth Moreno (Ministre de la diversité, de l’égalité femme/homme et de l’égalité des chances), Fatou Ndiaye (1ère bloggeuse noire de France), Karidja Touré (actrice), Estelle Mossely (championne olympique de boxe en 2016).
BLACK IS BRILLANT.
Puis, un shooting tout aussi inédit. Réunir, pour la première fois en France, 10 des plus grandes influenceuses afropolitaines sur un shooting au nom tout aussi clair :
THEY GLOW.
Aïcha Ndaw, Ophély Mézino, Justine Kamara, Mary So.Kass, Eve Pamba, Leslie Lawson, Zara Aziliz, Tata Osca, Sarah Kpossa et Pembe Cherole.
BLACK IS BEAUTIFUL.
Au-delà de ces personnalités, vous retrouverez plus d’une cinquantaine de portraits de protagonistes qui oeuvrent à l’émancipation de la génération ROOTS. En mode, beauté, business, gastronomie, culture/art, découvrez les visages de ces porteurs d’initiative qui font notre fierté.
Et puis, en bon fan du PSG et amateur de hip-hop que je suis, quel kiffe de recevoir un Titi Parisien en la personne de Colin Dagba ou encore la nouvelle coqueluche du 92i, le rappeur SDM.
10 ans…
C’est toujours difficile de réaliser que ce qui n’était qu’un projet de fin d’études est devenu le magazine afropolitain n°1 en France – vous me pardonnerez mon manque d’humilité sur ce coup, mais comme on dit : « charité bien ordonnée commence par soi-même ».
Je repense à la première fois où nous avons trouvé le nom, alors que nous étions en pleine séance de brainstorming avec mes frangins du 19. Et ce moment où mon ami d’enfance Patrick, aka « Fish », a alors dit : « Et pourquoi pas ROOTS ? » et que tout a pris sens.
Je repense à ces débats interminables, cette émulation créative des débuts, avec mes premiers compagnons d’aventure : Eva Youmbi, Diane Audrey Ngako, Naomi Dado, Orphée Noubissi, Armand Noukelak, Amany Gogo…
Je repense à tous ces voyages, de Niamey à Miami, d’Abidjan à Brazzaville, de N’Djamena à Kinshasa.
Je repense à ces gens qui nous ont quittés en chemin. Ceux que je considérais comme ma famille. En premier lieu, Gillette Leuwat, pionnière de la valorisation du cheveu naturel afro et qui était devenue comme une seconde mère. Ishak, mon grand-frère, co-fondateur de l’agence Black Fahrenheit, avec qui j’ai eu la chance de partager des moments de complicité uniques, pendant plus de 8 ans.
Et biensûr, comment ne pas dédier cette édition à 4 mastodontes : Manu Dibango, Pape Diouf, Jacob Desvarieux et Amobé Mévégué. Chacun ayant contribué, à sa façon, au rayonnement de la diaspora.
Reposez en paix.
Sans plus tarder, je vous laisse entrer dans l’univers ROOTS.
La génération ROOTS est en marche.
Michael Kamdem
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