Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
DSK on the beat, 25 ans, d’origine ivoirienne. Je suis auteur, compositeur, arrangeur et beatmaker.
Comment as-tu atterri dans l’univers de la musique ?
Depuis tout petit, je tape sur tout ce que je trouve. Mais ce qui a vraiment fait un déclic dans ma tête c’est lorsque j’ai écouté le son « In Da Club » de 50 Cent. En l’entendant pour la première fois, j’ai pété les plombs et j’ai voulu savoir comment faire pour réaliser ce genre d’instru. C’est grâce à cette musique que j’ai commencé à m’intéresser à cet univers. Ensuite, les années sont passées et, comme je faisais trop de bêtises en France, ma mère a décidé de m’envoyer en Angleterre. J’étudiais donc là-bas et un jour, en 2008 je crois, je suis tombé sur le son « Hustlin’ » de Rick Ross. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que j’allais faire de la musique mon métier.
En Angleterre, j’ai rencontré un ami, Samuel, qui venait de Miami. Il était dans l’industrie musicale et c’est en partie grâce à lui que j’ai commencé à charbonner sur ma musique, dans le FL studio où il m’avait introduit.
Te souviens-tu de ta première instru ?
Pour ma première instru, j’ai essayé de copier « Hustlin’ ». J’ai réussi à reproduire les percussions mais les mélodies étaient trop difficiles à imiter. Après, comme j’allais à l’église, j’ai appris à jouer du piano, ça m’a beaucoup intéressé et permis d’affiner mon oreille.
Du coup, tu maitrises plusieurs instruments ?
Oui, j’ai appris le piano, la batterie et un peu la basse, tout cela en étant autodidacte. J’ai tout appris tout seul, je n’ai jamais pris de cours. Plus jeune, ma mère m’avait pourtant inscrit au cours de solfège, mais je trouvais que c’était un truc de « bolosse » (rires). Au lieu d’y aller, j’allais traîner dans le quartier. Finalement, je suis revenu à mes premiers amours.
Pour ta première instru, tu as essayé pour t’amuser de reproduire « Hustlin », mais quelle était la première véritable instru que tu ais proposée à un artiste ?
Ça a pris quelques années, avant d’en vendre une. Je faisais tout le temps des instrus mais je n’étais pas encore prêt à les faire écouter aux gens, je faisais écouter à mes potes beatmakers, mais pas aux artistes. En plus il n’y avait pas de réelles occasions qui s’étaient présentées.
À cette époque, tu étais surtout spécialisé hip-hop ?
J’ai débuté avec le rap, le hip-hop, le garage musique comme Skepta et après j’ai été introduit à la musique afro.
Je suis arrivé en France en 1999, et jusqu’en 2004-2005 j’écoutais uniquement des artistes comme Kanye West ou 50 Cent. Ensuite, j’ai découvert Dj Arafat et là j’ai commencé à m’intéresser à la musique afro. Mon premier son placé était pour un chanteur anglophone qui venait d’Angola. Nous étions en 2011. C’était ma première production achetée, avant par la suite de la cliper.
À quel moment as-tu su que tu allais en faire ton métier ?
Quand je suis rentré en France, j’ai essayé de chercher du travail et je n’ai rien trouvé. Je me suis alors dit qu’il fallait que je me consacre à ma musique comme c’était quelque chose que je maitrisais. Au fond de moi, j’étais persuadé que ça allait marcher. Je n’écoutais pas les avis extérieurs, je faisais ce dont j’avais envie. C’était la musique ou rien. J’ai donc continué sur ma lancée, j’ai composé, surtout beaucoup d’afro. Je faisais du rap, certes, mais pour moi cela ne payait pas, alors je me suis dit qu’il fallait envoyer un nouveau truc.
Aujourd’hui, ton nom est beaucoup associé à celui de MHD. Quand on pense MHD on pense DSK et vice versa. Comment s’est faite cette rencontre ?
J’avais commencé à faire de l’afro en janvier 2015, mais c’était bien avant que je le connaisse.
Mon manager m’avait présenté un artiste qui s’appelle Limo. C’est avec lui que j’ai commencé à placer mes prods et quand j’ai vu que c’était lourd et que tout le monde kiffait, j’ai continué et j’ai carrément oublié le rap.
Ensuite, j’ai bossé avec H-Magnum. Un jour, il m’appelle car il avait un gros plan pour moi. Il me demande alors de lui envoyer des prods pour Fally Ipupa et Wizkid. On était au moins 5 beatmakers sur le coup à envoyer nos productions. J’en ai envoyé 3 et j’ai eu une réponse très rapidement.
Fally avait validé toutes mes prods et je les ai donc rejoints en studio pour enregistrer !
Un mois après ça, j’ai découvert la première vidéo de MHD qui tournait sur tous les réseaux sociaux. J’ai aimé sa musique mais ce sont surtout mes potes qui m’ont « engrainé » à lui envoyer mes prods.
Au départ, j’étais un peu réticent mais j’ai fini par me dire « pourquoi pas ? ». Je l’ai donc ajouté sur Snapchat pour découvrir son univers et j’ai commencé à lui parler.
Je lui ai dit que j’étais beatmaker, il m’a alors dit de lui envoyer quelques sons. Il a immédiatement trouvé que mon travail lui correspondait à merveille et a voulu que l’on se rencontre car j’étais le beatmaker qu’il recherchait ! Et tout est parti de là.
Je suis parti 3 mois au Canada pour m’inspirer et c’est à ce moment-là que je lui ai envoyé la prod pour « Afro Trap partie 5 ». Il a posé et au début je ne kiffais pas trop. Je lui ai dit qu’on n’entendait pas bien ce qu’il disait et qu’il n’articulait pas assez. Il m’a dit « ne t’inquiète pas, tu vas voir ».
Et là, le son sort, il fait 2 millions de vues en même pas 24 heures. C’était phénoménal ! Même chose pour Ngatie Abedi que je n’ai pas du tout aimé à la première écoute, je voulais qu’il reprenne le premier couplet. Encore une fois, il a eu le dernier mot et ce fut un carton total !
L’album est sorti 2-3 mois après « Afro Trap partie 5 », il a été double disque de platine, c’était un truc de ouf ! Avec lui, ça a toujours été un truc de ouf !
De tous les sons avec MHD, lequel te rend le plus fier ?
« Mort Ce Soir » et « A Kele Nta ».
Du coup, aujourd’hui, peut-on dire que vos deux carrières sont jumelées ou bien tu ne veux pas qu’on t’affilie à MHD, tu restes un beatmaker à part entière qui a ses propres projets ?
Aujourd’hui, quand on dit DSK, c’est automatiquement rattaché à MHD. Mais nous n’avons pas les mêmes carrières, lui c’est un artiste et moi je suis un compositeur.
MHD était comme un tremplin pour moi, je me suis servi de cette expérience pour arriver autre part.
Si on te donne une baguette magique et que tu avais la possibilité de faire un son pour n’importe quel artiste vivant francophone et anglophone, qui choisirais-tu ?
Booba et Jay-Z .
À quoi doit-on s’attendre pour l’année 2017 ? As-tu en tête de mener à bien ton propre projet ?
Je suis encore en train de réfléchir à ce sujet, mais je me concentre plus sur ma carrière de compositeur parce qu’il me reste beaucoup de prods à faire, malgré tout ce grand succès.
À moyens termes, cela fait bien sûr partie de mes projets de faire un album, et à longs termes avoir mon label.
L’univers musical fait rêver mais reste un domaine très concurrentiel et c’est encore plus dur de percer pour les beatmakers car, souvent, ce sont des personnes de l’ombre. Si tu avais un conseil à donner à quelqu’un qui souhaiterait se lancer ?
C’est un métier qui n’est pas facile du tout. C’est compliqué physiquement, mentalement et moralement. Il faut avoir de l’endurance et surtout ne rien lâcher !
Aujourd’hui, tu peux être le meilleur beatmaker le plus renommé , celui que tout le monde veut mais, un an après, on t’oublie.
La musique c’est comme le foot, il y a toujours un mec à côté qui attend de prendre ta place, qui bosse plus que toi, qui a plus la dalle que toi et il ne faut pas que le succès te monte à la tête parce que derrière toi il y a de la concurrence.
Le conseil que je donnerais est de bosser dur et de ne pas écouter les autres.
Si je te dis le mot « ROOTS », qu’est-ce que ça t’inspire ?
Une image positive de l’Afrique.
Édition : ROOTS n°19
Par Michael Kamdem
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