CULTURE DORÉE : Les Noirs dans l’Histoire

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Britanie, j’ai 30 ans, je suis créatrice de contenu et journaliste. Concernant mes origines, il faut s’asseoir (rires) !
Du côté de mon père je suis congolaise (RDC) plus précisément Luba (de Mbuji Mayi) et Tetela. Du côté de ma mère ça se corse. Mon grand père maternelle étaient Kongo du Congo Brazzaville et ma grand-mère bien que née dans ce même pays est issue d’un peuple originaire de la Nubie (Soudan actuel) qui a fuit les violences de la traite orientale et migré vers la Centrafrique, puis la RDC et enfin le Congo Brazzaville il y a peu (ma grand-mère et donc ma mère). Dans chaque pays, ils ont pris un peu de la culture, par exemple ma grand-mère est polyglotte, elle parle le sango (Centrafrique) et bien d’autres langues tout comme ma mère.

Racontez-nous la genèse de Culture Dorée. Pourquoi cette volonté de créer un tel média ?
Culture Dorée est né d’une dispute de couple. J’ai toujours été passionnée par l’histoire des afro-descendants depuis le collège, et tout le monde autour de moi le savait. Je me bourrais de lecture sur les découvertes, l’esclavage, et j’en passe.
Pendant le Covid, avec des amis on avait pour habitude d’organiser des sessions de jeux en visioconférence, c’est alors qu’un couple d’ami s’est “disputé”. La femme était Haïtienne et le mari Congolais. Ce dernier se moquait de sa femme en lui disant qu’à Haiti les gens mangeaient du sable ou une bêtise du genre. Je ne me souviens plus trop. Puis la femme me demanda en renfort si je n’avais pas du stock pour fermer la bouche de son mari sur l’histoire d’Haiti. Sans vraiment réfléchir, je leur ai donc parlé du rôle des Haïtiens durant la seconde partie du 20ème siècle dans les anciennes colonies françaises et belges en Afrique et particulièrement au Congo Belge/ Zaïre. Du fait que les Haïtiens étaient donc les professeurs des Congolais, par conséquent son mari devrait être reconnaissant du rôle qu’ont tenu les Haïtiens dans son pays à cette époque !
Et là, silence. Tout le monde était bluffé. En mode : ”Mais Britanie, avec toutes tes connaissances, tu devrais écrire un livre!”. De mon côté, j’en avais surtout marre de répéter ces histoires à tout le monde constamment (rires) ! Mais j’avais pris note et je me suis dit : pourquoi ne pas créer une page où je partagerais toutes ces connaissances une fois pour toute ? Et voilà !

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Selon vous, qu’est-ce qui fait la « touche » Culture Dorée et vous a permis de vous démarquer ?
Je pense que c’est mon côté authentique et sincère. Quand je fais une gaffe, je m’excuse. Quand je craque, je n’ai pas honte de montrer ma vulnérabilité. Et surtout, j’essaye au maximum de fédérer en valorisant nos cultures sans les barrières coloniales. Je me sens concernée par tous. J’essaye par ailleurs d’être un pont entre l’Afrique et sa diaspora noire à travers le monde, en essayant de n’exclure personne ! Et je prends plaisir à écouter, expliquer et surtout envoyer du love. Dernier point, je n’ai pas besoin de discréditer les autres communautés pour faire exister la nôtre. Je trouve cela ridicule, je sais ce que nous valons et ça me suffit. Bien sûr que toutes les communautés sont belles, mais pour rien au monde je n’échangerais la mienne (rires) !

Quel est votre processus de création de contenu ? L’actualité ou bien naviguez-vous au gré de vos coups de cœur ou coups de gueule ?
Hummm, beaucoup, beaucoup, beeeaaauucoup de recherches. Parfois, je pars de comportements répétitifs que je constate dans la communauté et j’essaye de comprendre d’où cela peut venir dans nos histoires communes et, parfois, cela ouvre des sujets sur des traumas historiques que nous ignorions comme le syndrome méditerranéen et l’exploitation des corps noirs durant l’esclavage et la colonisation. Parfois, c’est juste une histoire que j’ai envie de traiter et que je connais grâce aux échanges que j’ai avec mes abonnés, mon entourage, mes voyages, des témoignages, etc. Après, la partie recherche qui parfois peut me prendre des années (sans rire!) est la plus difficile. Ensuite, il y a la partie rédactionnelle. Là, j’ai mes codes pour éviter d’excéder 3 minutes afin que la vidéo soit digeste et contienne tous les éléments importants. Ça aussi c’est difficile car il y a souvent tellement à dire… Après moi ce que je veux, surtout, c’est que derrière les gens aillent faire leurs propres recherches et les approfondissent ! Mon travail est juste de les mettre sur la piste rapidement. Dans mon cas, cela peut m’avoir pris des années, mais pour mes abonnés tout est bien plus rapide grâce à mes vidéos, car je leur balance des thèmes auxquels ils n’auraient jamais pensé mais qui les intéressent vivement, et ça c’est cool. Puis vient le tournage, et enfin le montage qui en général me prend des heures. Et même là, rien n’est assuré !
Il m’est arrivé de suivre tout ce processus et finalement changer d’avis car je ne me sens soit pas en phase, soit un détail de la vidéo m’échappe, soit énergétiquement, je ne le sens pas… Parfois ce n’est pas le moment aussi. Enfin vient l’étape de la diffusion, puis de la communication. En règle générale, je ne communique qu’1 fois et cela dure 24 heures. Il faut noter que je fais tout cela toute seule. Alors j’en profite s’il y a des volontaires qui souhaiteraient rejoindre l’aventure, et pourquoi pas des investisseurs ! Je suis là !
En terme de sujets, ce sont principalement mes coups de coeur, mais si l’actualité me fait bouillonner et que j’ai des choses que j’estime pertinentes à dire, je peux produire du contenu. Cependant je médite à 2 fois, si j’estime que ma réponse à l’actu n’apporte rien, pas de connaissance / savoir en plus à mon audience, je lâche l’affaire.
Les cancans, ce n’est pas pour moi !

Si vous aviez un message à adresser à nos lecteurs ?
Oh là là, j’en ai plein. Déjà, soyez fiers de toutes les facettes de nos identités multiples. Être afro-descendant, Noir(e), d’ici et d’ailleurs, c’est une bénédiction même si on essaye de nous faire croire le contraire ! Aimez-vous, si vous souhaitez aimez les autres.
Apprenez à accepter que l’identité afro noire est multiple, prenez le temps de l’explorer sur le continent et en dehors. Je vous assure que c’est une pure merveille !
J’en profite pour ajouter que le métissage n’est pas une soustraction mais une addition. Soyez fier de qui vous êtes et embrassez chaque détail !

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Originaire des 2 Congo, que cela représente-t-il pour vous ?
Une fierté d’appartenir à ces terres, mais surtout une fierté de ce que ces terres représentent dans l’Histoire du monde. Et puis, je suis des 2 Congo, du coup quand il y a compétition je sais d’avance que, quoi qu’il arrive, je gagne ! Pardon mais je ne surveille pas le fleuve (rires) !

Si je vous dis « Roots », cela vous évoque quoi ?
L’essence même de notre identité ! Bon j’avoue, j’avais aussi Kunta Kinté en tête mais ai-je le droit de le dire (rires) ?