Contrôle d’identié, s’il vous plaît ?
Cissé Moussa, fondateur de la marque Ciss Saint-Moïse et du Nzassa Mode Festival. C’est en 2000 que je me suis vraiment lancé en ouvrant ma première boutique Ciss Saint Moise à Abidjan, et depuis, ma marque ne cesse de s’étendre. Mes différentes collections m’ont permises de faire de nombreux défilés à travers le monde. Depuis trois ans, j’ai décidé de créer mon propre festival baptisé Fal N’zassa Mode.
La mode a toujours été une évidence pour vous ou bien avez-vous découvert ce milieu par hasard ?
J’ai commencé à coudre depuis ma tendre enfance. J’avais beaucoup de plaisir à confectionner des vêtements pour mes proches, j’avais d’autant plus de plaisir lorsque je les voyais porter fièrement mes créations. C’est ce qui m’a poussé à continuer dans cette lancée.
À cette époque, par quoi étiez-vous inspiré ? Quels créateurs ont orienté votre style ?
C’est une question qui me revient souvent et me déplait parce que j’aurais l’air prétentieux en disant que personne ne m’a inspiré. Mais en réalité, mon seul objectif était de ne pas faire comme les autres. Je me suis initié à la mode seulement car je souhaitais fabriquer des vêtements et c’est ce que je fais.
Au fil du temps, j’ai été inspiré par Pathéo qui a développé la mode africaine, ainsi qu’Alphadi qui a un parcours exceptionnel. Au delà de leurs créations, ce sont leurs histoires qui m’ont réellement inspirées.
Avec du recul, quel état des lieux feriez-vous de la mode en Côte d’Ivoire et en Afrique, en général ?
On ne peut pas dissocier la mode ivoirienne et africaine donc, en allant dans la globalité des choses, je dirais que l’Afrique regorge d’incroyables talents comme vous avez pu le voir lors du défilé au festival Nzassa. J’ai été épaté par leur niveau de création ainsi que la maîtrise de leur show.
Il y a quelques années, un styliste expert a analysé un modèle d’un créateur africain et a dit qu’on pouvait retrouver plusieurs créations dans un seul modèle. Cela montre à quel point les talents sont diversifiés et présents. Les jeunes créateurs débordent de créativité et d’ingéniosité.
Malheureusement, l’Afrique a, aujourd’hui, un très gros problème car la mode n’est pas un domaine d’activité très populaire. Les créateurs africains font beaucoup d’efforts pour valoriser et présenter leurs modèles dans le monde entier, mais le « hic » est que la production derrière ne suit pas, ce qui constitue un réel problème économique. On a besoin de comprendre que la mode est une industrie qu’il faut développer. Par conséquent, beaucoup de formations sont nécessaires, notamment dans le stylisme et la confection. Les pays africains doivent développer l’industrie du textile afin que la matière première et la main d’œuvre soient locales car il y a un réel l’avenir.
Pour le moment, le made in Africa reste un slogan et il faut que cela devienne une réalité.
Qu’est-ce qui a motivé votre démarche de lancer le festival « Fal N’zassa Mode » ?
C’était pour rendre hommage à la commune de Treichville. C’est là-bas que j’ai grandi et découvert les différents arts exercés. Je me suis alors dit qu’il fallait faire un festival pour les honorer. Le premier lancement a été difficile et lent, mais aujourd’hui, cette seconde édition est un franc succès.
Votre évènement a été divisé en 3 parties, pouvez-vous nous les décrire ?
La première partie était l’accompagnement de Guerlain, membre du groupe LVMH, qui nous a soutenu/sponsorisé dans la logistique, le maquillage, l’accompagnement des mannequins. C’était une première en Afrique qu’un évènement soit sponsorisé par une telle société !
Cette année, nous avons mis en avant la célèbre petite robe noire de Guerlain. Ils ont fait une sélection de 20 créateurs qui ont dû revisiter cette petite robe noire lors d’un gala de charité en ouverture du festival. La seconde partie consistait en une soirée de cultures métissées. Nous avons voulu faire défiler des créateurs des États-Unis, du Nigéria, de l’Afrique du Sud, du Cameroun et bien évidemment de la Côte d’Ivoire. Nous avons profité de cette occasion pour mettre en avant certains jeunes créateurs. Ce fût pour eux un moment de plaisir et de partage. Le thème de cette soirée était celui du voyage, qui a énormément plu au public. La troisième partie était le défilé en pleine rue, à Treichville. J’étais émerveillé en voyant derrière moi des femmes qui n’auraient jamais cru pouvoir assister à un défilé. Elles suivaient avec passion les mannequins qui défilaient avec les différentes créations et c’est aussi
cette magie, ce partage avec la population locale, qui font le Nzassa Festival.
Ces dernières années, énormément de fashion weeks se sont déroulées en Afrique. Selon vous, quelle est la meilleure façon de mettre en avant ces nouveaux créateurs, après ce type d’évènements ? Comment pourraient-ils augmenter leur notoriété et avoir un plus grand impact ?
Lors de ce type d’évènements, beaucoup d’opportunités sont présentes car des personnalités représentant des radios, magazines et chaînes de TV sont présentes. Il est donc plus facile de se faire une visibilité. Grâce à leur participation, leurs marques commencent à être connues et reconnues. C’est alors aux créateurs de jouer le jeu et de savoir se mettre en avant.
De notre côté, nous sommes prêts à aider ceux qui souhaitent avoir des conseils concernant le développement de leur business et comment utiliser le e-commerce car il est primordial qu’ils soient présents sur différents marchés.
Si je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?
Les origines. C’est un retour aux sources, à soi-même.
Par Michael Kamdem
Édition : ROOTS n°19
Commentaires