CHEF THIAM : Itinéraire d’un surdoué… à la conquête du monde !

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Tout simplement, je suis Mamadou Thiam, chef de cuisine depuis presque deux décennies et fondateur de Maine Traiteur Événementiel.

Revenons sur votre parcours. Comment êtes-vous devenu l’un des chefs les plus prisés d’Angers ?
En 2001, nous sommes arrivés en France en regroupement familial avec mon père. Il ne pouvait plus vivre au Sénégal à cause de ses dialyses, alors il nous a emmenés ici pour que nous vivions avec lui et pour le soutenir. À notre arrivée, nous avons emménagé dans un immeuble du 11e arrondissement, rue Jean-Pierre Timbaud, dans un appartement insalubre de 20 m². Nous y vivions à 7 et avons vécu ainsi pendant un long moment. Nous ne connaissions personne en arrivant, et la transition entre la France et le Sénégal a été d’une violence inouïe. C’était vraiment difficile. Ma mère était femme au foyer, mon père était handicapé, et c’était une situation très compliquée à la maison.
À 14 ans, pour gagner un peu d’argent, je travaillais dans les marchés de Belleville, Stalingrad, et d’autres marchés
parisiens pendant plusieurs mois. Un chef de cuisine m’a rencontré sur un stand. Il plaisantait souvent avec moi et, au fur et à mesure, nous nous sommes rapprochés. Il m’a alors pris comme plongeur dans son restaurant. En le voyant travailler, je me suis pris de passion pour ce métier.
À 16 ans, je commençais à aider en cuisine, à la fois en froid et en chaud. Lorsque les cuisiniers sont partis, il m’a mis en cuisine froide. Il m’a donné l’opportunité d’évoluer, de ne pas me limiter à la plonge.
En 2007, j’ai intégré le lycée Belliard à Paris, dans une école de gastronomie française. Cependant, je n’ai pas terminé mes études car la réalité de la vie m’a rattrapé. C’est alors que j’ai travaillé dans divers établissements et maisons, où j’ai acquis de l’expérience, d’abord comme commis, puis comme chef de partie.
En 2015, je suis devenu chef de cuisine. Et après de nombreuses années passées dans des restaurants gastrono-miques renommés, j’ai eu l’ambition d’évoluer et de créer mon propre projet. Après de nombreux défis et d’échecs, je n’ai rien lâché pour créer ma propre entreprise.
Du jour au lendemain, j’ai appris le décès de mon père. Après avoir fait mon deuil, il m’est devenu évident que je devais me lancer.
Et c’est comme ça qu’en 2023, Maine Traiteur Événementiel est né. Aujourd’hui, je ne regrette pas d’avoir pris ce risque et d’avoir quitté le confort de mon poste de chef de cuisine. Après tout ce travail, Maine Traiteur Événementiel est devenu un traiteur incontournable de la région.

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Comment décririez-vous votre univers culinaire ?
Je qualifierais ma cuisine de colorée, riche en saveurs, multiculturelle et adaptable aux envies de tout un chacun. Nous créons des menus sur mesure et notre identité culinaire nous est unique, c’est pourquoi tant de personnes nous apprécient. Il y a une touche distinctive dans ma cuisine et chez Maine Traiteur Événementiel.

Vous avez organisé un dîner signature avec 55 invités le 1er Avril 2025, à Paris. Racontez-nous cette soirée magique…
C’était une soirée vraiment magique. Ce dîner était l’occasion pour moi de présenter une petite partie de la cuisine que je propose. Nous avons choisi un thème afri-cain, ce qui a orienté le menu et les produits utilisés, mais tout en conservant l’aspect gastronomique, visuel de la cuisine française. Je me suis inspiré de l’ingénierie de la gastronomie française pour l’adapter à une cuisine raffinée d’inspiration africaine.
Ce repas était également un moment particulier pour moi, car c’était l’occasion de montrer à ma famille, en conditions réelles, ce que je fais. Ils me suivent depuis des années, mais il est vrai qu’ils n’avaient pas pleinement mesuré l’ampleur de ce travail. Ils ont réalisé que ce n’était pas simplement être cuisinier : il y a des luttes, une recherche constante, des techniques complexes derrière chaque plat. C’était une véritable fierté pour eux de découvrir mon univers, notamment pour ma mère, qui était l’invitée d’honneur de cette soirée. Je tiens aussi à remercier le chef Christian Abegan, qui joue le rôle de mentor et de père depuis de nombreu-ses années. Ses conseils me sont précieux et m’aident dans mon travail de recherche pour développer la gastronomie africaine. Enfin, j’ai été honoré de mettre en valeur la Black Excellence et de représenter la gastronomie de mes origines lors de cette soirée.

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Quels sont vos prochains défis ?
Je veux conquérir le monde avec ma cuisine et partager mon amour pour la gastronomie. Un chef m’a toujours dit que pour être un bon cuisinier, il faut savoir aimer les gens. À travers nos assiettes, nous transmettons de l’amour, et cet amour doit se ressentir dans le dressage, les saveurs, et le visuel des plats. Peu importe les difficultés que je rencontrerai dans cette aventure, je n’abandonnerai jamais. Je vais me battre pour faire de ce rêve une réalité.

Originaire du Sénégal, que cela représente-t-il ?
Le Sénégal fait partie de mon identité. Je suis Sénégalais, profondément attaché à ce pays, ma terre de naissance. Tout a commencé là-bas et tout finira là-bas.
Mon désir le plus ardent est de retourner au Sénégal et de commencer un projet là-bas. Comme je l’ai mentionné précédemment, mon objectif est de transmettre à travers ma cuisine. L’idée est de créer une fondation ou une association qui garantira un repas et un goûter à chaque écolier au Sénégal. Je parle du Sénégal car il faut bien commencer quelque part, et c’est mon pays d’origine. Mais l’ambition va au-delà de cela : je souhaite créer une caravane qui parcourt toute l’Afrique pour répandre ce concept et garantir à tous les enfants du continent un repas et un goûter chaque jour. D’un point de vue plus personnel, j’ai l’envie de construire un complexe hôtelier, un mini-village autosuffisant. Par “village”, j’entends un complexe où les touristes peuvent venir, mais où tout est produit sur place. L’idée serait de créer une coopérative, un peu comme une école d’application, pour former les futurs serveurs dans l’art de la table, les futurs cuisiniers dans la gastronomie, les agriculteurs pour tout ce qui touche à l’agriculture, les pêcheurs… Bref, un véritable village-test pour former et préparer ces différents corps de métiers. C’est ça, mon idée.

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Édition spéciale Love. Si vous deviez concocter un dîner en amoureux, aux saveurs africaines ?
Pour un menu en amoureux, je partirai sur :
Entrée : Tartare de tilapia, accompagné de Fisha (Diabaré), mariné aux épices d’Afrique, gelé de fruit de Saba.
Plat : Paleron de boeuf confit, accompagné de mousseline de Manioc, petits légumes rôtis, sauce jus de boeuf au miel, noix de cajou grillées aux épices.
Dessert : Tamarin en trompe l’oeil (mousse de noix coco, coulis de tamarin, biscuit chocolat)

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ?
Black Excellence.

Contact :
maineevenementiel@gmail.com
Instagram : @chefmamadouthiam

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