ANGELA DAVIS : Un jour/Une femme

Donnons le ton immédiatement: Angela Davis est une femme, noire américaine, communiste, activiste des Black Panthers et homosexuelle affirmée. Autant vous dire qu’entre les lois ségrégationnistes, l’inégalité homme/femme, les crimes homophobes et « la chasse aux sorcières » notre héroïne allait devoir se battre pour vivre sa vie librement.

Revenons donc sur le parcours exceptionnel de cette femme qui a préféré le terme CHOISIR à celui de SUBIR.

Ainée d’une famille de quatre enfants, Angela Yvonne Davis est née le 26 Janvier 1944 à Birmingham (Alabama).

Sa combativité, assurément, c’est un trait de caractère qu’elle tient de ses parents. Tous deux professeurs, partisans communistes et membres de l’association NAACP (fondée par W.E.B. Dubois, vu dans Roots #5), ils ont inculqué à leurs enfants les bases du militantisme. D’ailleurs pour l’anecdote, toute la famille a participé au mouvement du boycott des bus initié en 1955 à Montgomery par Martin Luther King et Rosa Parks (également vu dans Roots #4).

Vivant dans un Etat ségrégationniste Angela Davis est très tôt confrontée au racisme.

Alors qu’elle vient d’emménager dans un quartier résidentiel essentiellement habité par des blancs, elle est témoin de plusieurs saccages orchestrés sur les maisons de ses voisins noirs. Son quartier sera même tristement surnommé par la suite «Dynamite Hill». A l‘école, en plus du programme traditionnel, elle apprend l’hymne national noir américain de James Weldon Johnson et étudie également la vie de quelques grandes personnalités noires. Plus tard, dans son autobiographie, elle déclarera que cela faisait partie des rares avantages apportés par les écoles réservés aux noirs. A l‘école, en plus du programme traditionnel, elle apprend l’hymne national noir américain de James Weldon Johnson et étudie également la vie de quelques grandes personnalités noires. Plus tard, dans son autobiographie, elle déclarera que cela faisait partie des rares avantages apportés par les écoles réservés aux noirs.

Loin de la ségrégation, c’est à New-York qu’elle décide à 14ans de poursuivre ses études. Aidée par le programme « American Friends Service Comittee » (association qui favorise le départ des jeunes des états du Sud vers les états du Nord pour leurs études), elle intègre l’université Elisabeth Irwin située dans le quartier de Greenwich Village.

Elle est logée chez le révérend William Howard Melish qui officiait dans la plus grande église épiscopale de Brooklyn. Ce dernier l’oriente vers le mouvement de jeunesse « Advance », là elle mènera ses premières actions militantes en faveur du marxisme.

En 1961, elle déménage une nouvelle fois pour ses études dans le Massachusetts. Elle étudie les lettres ce qui lui permet d’assister à de nombreuses conférences, dont celles de l’écrivain James Baldwin, du philosophe Herbert Marcuse et du grand activiste Malcom X.

Après un premier voyage en Europe, elle s’établit en Allemagne à Francfort, puis en France où elle étudie à l’université de Sorbonne. Là, elle milite contre la guerre du Viêt Nam et soutient le peuple algérien dans sa quête de reconnaissance.

Aux Etats-Unis, pendant son absence, le mouvement des droits civiques prend de l’ampleur. C’est depuis le Vieux Continent qu’elle contemple pour l’instant le combat de son peuple.

Se sentant inutile pour les siens, elle décide de regagner la Californie et devient le bras-droit du philosophe qu’elle admire tant, Herbert Marcuse.

A présent, elle affiche clairement sa sympathie pour le marxisme et fait le parallèle entre le combat que mène le peuple noir américain et celui des ouvriers qui désirent contrer le capitalisme.

En 1967, elle rejoint le très actif mouvement Black Panther Party.

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Le 7 aout 1970, une prise d’otage visant à libérer George Jackson (un membre des Black Panthers qui était condamné à la prison à vie pour un vol), tourne mal. Les échanges de tirs entre la police et les activistes causent la mort de quatre personnes, dont celle d’un juge.

Angela Davis est accusée d’avoir fourni les armes nécessaires à cette opération. Risquant la peine de mort, elle décide de se cacher et commence alors une chasse à l’homme menée par le FBI (à noter qu’elle est la troisième femme à avoir été inscrite sur la liste des personnes les plus recherchées par l‘organisation).

Aidés par de nombreux anonymes, elle est cependant arrêtée le 13 octobre 1970 dans un hôtel après deux mois de cavale.

Il n’y a pas de réelles preuves contre elle et il s’agit vraisemblablement d’une machination mise en place par les autorités, l’opinion publique qui le sait devient alors son meilleur avocat. A travers le monde, des milliers d’opposants à son incarcération haussent le ton.

John Lennon, Sartre ou encore les membres des Rolling Stones font partie des grands noms qui prennent position en sa faveur.

Le 14 juin 1972, après 16 mois d’incarcération elle est finalement acquittée.

Consciente qu’elle a risqué sa vie, Angela Davis – femme à nouveau libre – ne baisse pas les armes pour autant.

Elle continue sa lutte contre le racisme et le sexisme en publiant plusieurs ouvrages qui dénoncent le système américain (notamment « Femme, race et classe » publié en 1981).

Elle sera par ailleurs candidate, pour le parti communiste, à la vice-présidence des Etats-Unis en 1980 et 1984.

De nos jours, Angela Davis manifeste toujours contre la peine de mort et le capitalisme.

Le 31 octobre 2011, au Washington Square, elle a prononcé un discours (que l’on peut qualifier de tonique) à l’occasion du mouvement « Occupy Wall Street ».

Aujourd’hui âgée de 68 ans, l’infatigable Angela Davis transmet son histoire par le biais de meetings réalisés dans le monde entier.

Qui pourra arrêter une femme gouvernée par une telle soif d’égalité ? Dès lors qu’il est question de justice, elle s’implique et se bat. Aucun obstacle ne la freine. Elle sait que «les murs renversés deviennent des ponts» Angela Davis.

Par Tamandra Geny

Édition : ROOTS n°7