Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je m’appelle Samba Kante, j’ai 42 ans et je suis originaire du Sénégal. Mon métier est producteur de spectacles, avec notamment le Samba Show comme projet fil rouge.
Vous êtes un dénicheur de talents hors-pair, racontez-nous votre parcours…
J’ai commencé en tant que comédien, mais les opportunités étaient rares et peu diversifiées. C’est en partant de ce postulat que j’ai su qu’il y avait quelque chose à faire par nous et pour nous. J’ai donc créé, en 2009, une plateforme sur laquelle tous les Noirs seraient les bienvenus, c’est le Samba Show, un show de deux heures avec du chant, de la comédie et de la danse. Le Samba Show a d’abord été diffusé sur une chaîne panafricaine, puis nous avons joué au Casino de Paris et, maintenant que la famille s’est agrandie, nous jouons au Palace. Durant toutes ces années, nous avons fait éclore des talents tels que Moussier Tombola, Bayou Sarr, Ahmed Sylla…
D’après votre expérience, qu’est-ce qui explique le manque de diversité toujours latent dans le milieu audiovisuel et cinématographique en France ?
Nos prédécesseurs auraient dû s’intéresser davantage aux médias. Commencer par investir en eux, car en tant que moyens de diffusion de l’information et des opinions, ils auraient pu changer la perception du public ; et des portes seraient déjà ouvertes pour beaucoup d’entre nous. Je n’ai pas une approche victimaire, c’est à nous de nous affirmer et c’est ce que j’ai tenté de faire avec le Samba Show.
Les rares qui émergent, certains étant issus de vos rangs comme vous l’avez rappelé, sont quasiment tous dans le registre de la comédie. Est-ce la condition sine qua none pour être visible ?
Je crois sincèrement qu’il y a, en France, de nombreux potentiels Will Smith ou Denzel Washington. Malheureusement, face aux refus se cumulant, la déception s’installant, la comédie est vue par beaucoup comme un tremplin pour atteindre le but ultime, à savoir le cinéma. C’est le prochain défi qui nous attend : donner la possibilité à des acteurs noirs d’interpréter des rôles d’envergure et pas uniquement dans le registre de la caricature ou de l’humour.
Quels conseils donneriez-vous aux plus jeunes, à ceux qui voudraient devenir acteurs ou comédiens en France ?
Je leur dirais de ne surtout pas faire les mêmes erreurs que nous, les aînés. Pour voir le succès frapper à sa porte, il ne faut jamais se laisser déconcentrer, quelque soit la situation. Mais j’ai confiance en l’avenir, ils appartiennent à une génération différente, une génération qui ose et qui s’impose.
Quels sont vos projets pour 2019 ?
En 2019 aura lieu le premier Dakar fait sa comédie. C’est un festival dédié à l’humour et servant à rendre hommage à cette jeunesse africaine talentueuse. Nous avons été reçus officiellement par le Président Macky Sall qui nous a assuré de son soutien.
Que représente le Sénégal pour vous ?
Le Sénégal m’a formé, m’a éduqué et a fait de moi l’homme que je suis.
Si un ami non-Sénégalais passait quelques jours au pays, quels endroits lui recommanderiez-vous ?
En premier lieu, il faut aller manger un bon thieb, ensuite, faire un tour à Missirah (village dans le Sine-Saloum) histoire de voir qu’il suffit de peu pour être heureux, passer par Dakar et, enfin, aller dans le « ter-ter » et non les endroits « bling-bling » …
Si je vous dis le mot « Roots », vous me répondez quoi ?
Je réponds que vous faites quelque chose de formidable, que je suis derrière vous et que je vous encourage !
Édition ROOTS n°22 – Spécial Djolof
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