Fally Ipupa
Papa Wemba, pour moi, c’est comme un père, un grand-père d’ailleurs, parce que Koffi était son petit et nous sommes artistiquement les enfants de Koffi. La dernière fois que j’ai eu la chance de partager une scène avec Papa Wemba, c’était 7 ou 8 mois avant qu’il ne décède, nous étions tous les deux ambassadeurs de Airtel, la compagnie de téléphonie mobile. Ce jour-là, nous avons chanté un titre qu’il avait fait en duo avec Koffi :
« Mi Amor ». Papa Wemba a fait tellement de choses pour la musique africaine en général, congolaise en particulier. Même s’il n’est plus là, nous avons encore ses titres, les films qui avaient cartonné à l’époque, je pense à la « La Vie est belle ». Comme nous disons : « Mangrokoto Grand Prêtre », paix à son âme.
Ferré Gola
Lors du concert pour la sortie de l’album de JB Mpiana, quand les membres du groupe Wenge Musica étaient encore tous ensemble, j’ai eu la chance de partager le même micro sur la chanson « mon ami cobosse ». Imagine toi, petit poussin qui partage le même micro avec Papa Wemba « Maria Valencia ». Papa Wemba qui a fait des tournées à l’international, un album à l’international avec Peter Gabriel… et qui avec simplicité, modestie et humanisme vient partager, non seulement le même podium, mais le même micro, pour chanter à l’unisson. J’avais 17 ans à l’époque… Si ça ce n’est pas une anecdote à te donner la chaire de poule !
Roga Roga
Il fut le mentor de notre groupe Extra Musica, aussi longtemps qu’il a existé sur Terre. À chaque fois qu’on se retrouvait avec lui, on avait besoin de ses conseils, de ses encouragements. « Ne fais pas cela, fais plutôt comme cela, etc ». Je l’ai toujours considéré comme notre papa de la musique. Quand j’ai appris son décès, c’était comme si le temps venait de s’arrêter. J’ai discuté avec lui la veille. Il partait à l’émission « C’est midi », en Côte d’Ivoire. Il devait revenir par Brazzaville le mardi suivant. C’est le lendemain, à 10h, qu’on m’a réveillé pour me dire que Papa n’est plus. J’ai beaucoup pleuré. Il reste à jamais et demeure à travers ses chansons. C’était un monsieur exceptionnel. Il a beaucoup aimé et aidé les jeunes. Nous avons perdu notre baobab de la musique.
Passi
Malgré le fait que je sois originaire de Brazzaville et lui de l’autre côté du fleuve, il n’a jamais fait de distinction. À chaque fois que j’ai appelé Papa Wemba, il a toujours répondu présent, que ce soit pour « Bisso Na Bisso », pour « Dealer de Zouk », pour des titres mélangeant des artistes rap et africains… Papa Wemba, était l’un des papas qui soutenait beaucoup les jeunes, il connaissait bien la jeunesse, l’urbain et la rue. Pour moi, il fait partie des légendes africaines qui ont énormément soutenu notre mouvement urbain. Une perte immense pour le continent.
Youssoupha
Je l’ai rencontré, en 99, quand je commençais la musique de
façon professionnelle. Il avait accepté de faire un featuring alors que c’était le grand Papa Wemba, mais ce n’était pas sorti, pour te dire à quel point on était bancal à l’époque (rires). Il me disait plein de bonnes choses. Je venais de signer dans une maison de disque et pour être honnête, ils me prenaient un peu pour une merde. Il m’avait dit : « ne t’inquiète pas, laisse toi piloter, un jour tu seras grand et c’est toi qui pourras piloter ». Et franchement, je me disais: « il est bien gentil ce vieux, mais il exagère. Déjà je ne vois pas le moment où je serai grand » (rires). C’était une belle rencontre. À son décès, j’ai pensé à quelque chose qui faisait écho au décès de mon père (Tabu Ley). Si mon père était le dépositaire de la musique congolaise, sans doute le plus grand des chanteurs, Papa Wemba était le dépositaire du mode de vie congolais, du lifestyle à la congolaise, a-delà de la musique : la culture, la sape, le parler, l’excentricité… Il représentait comme personne le Congo.
Hiro
Je me souviens qu’à l’époque de Bana C4, nous avions été contacté pour bosser avec lui sur un projet. À l’époque, j’étais réticent parce qu’il y avait le problème des combattants. J’avais peur qu’en chantant avec un artiste Congolais ayant des ennuis avec eux, cela nous impacte également. Nous étions très jeunes, au début de nos carrières, et c’est un de mes plus grands regrets. Papa Wemba, c’est l’idole de mon père, c’est mon idole à moi aussi dans la musique congolaise et africaine. Je lui ai rendu hommage dans mon album, c’était une façon de lui dire merci. Aujourd’hui, quand on s’habille, c’est Papa Wemba ! Pour moi, c’est la première vraie star qu’il y ait eu au Congo et nous sommes ses enfants, dans la musique.
Édition ROOTS n°20 – Spécial Kongo
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