Contrôle d’identité s’il vous plait ?
Awa Sanoko, j’ai 20 ans, je suis d’origine ivoirienne et je viens d’être élue Miss Model of the World 2015.
Ton parcours ?
J’ai commencé dans le milieu du mannequinat en octobre 2014, avec un évènement qui avait lieu dans mon pays : Afrik Fashion Week. C’est à ce moment là que le grand styliste de chez nous Gilles Touré m’a découverte. Ensuite, j’ai commencé à participer à de grands castings, faire les plus grands dé lés de Côte d’Ivoire. Puis, j’ai fait et remporté le concours Élite West et Central Africa. Ensuite, je suis allée représenter l’Afrique de l’Ouest et Centrale au concours Élite Monde en Chine, que je n’ai malheureusement pas remporté. De retour en Côte d’Ivoire, j’ai été sélectionnée pour le concours Miss Model Côte d’Ivoire que j’ai gagné et je suis à nouveau parti en Chine pour la nale mondiale de Miss Model of the World, où j’ai été couronnée !
Un rêve d’enfant ou le hasard de la vie ?
Je ne rêvais pas d’être mannequin. Je voulais être hôtesse de l’air car j’aime énormément voyager. Cette passion m’est seulement venue en 2014, alors que j’étais en classe de 1ère, à force d’entendre les gens me répéter que j’avais la taille et la beauté pour devenir mannequin professionnelle. En essayant les photos et les dé lés j’y ai découvert un réel plaisir.
Des mannequins qui t’inspirent ?
Mon premier modèle est Grace Jones. On a l’habitude de me dire que je lui ressemble, que nous avons le même profil. Ce n’est d’ailleurs plus une mannequin désormais mais une artiste à part entière. Ensuite, je citerais Alek Wek et Naomi Campbell. J’aimerais suivre leur lancée.
La plupart des top models africaines qui percent sont issues d’Afrique de l’Est. J’imagine que cela doit être une grande fierté de représenter l’Afrique de l’Ouest ?
Bien sûr, nous avons l’habitude de voir les soudanaises, les somaliennes, qui sont magni ques mais il faut aussi faire un tour dans d’autres pays pour voir les autres types de beauté. Généralement, les gens me prennent pour une soudanaise à cause de mon teint et quand je rétorque que je suis ivoirienne, ils sont très agréablement surpris en se disant « nous aussi, nous avons de belles lles en Côte d’Ivoire ». C’est une fierté de porter haut mon drapeau et représenter mon pays partout dans le monde.
Tu es la première noire à gagner le concours Miss Model of the World, ça a dû être une énorme surprise ?
Comme tout concours, il faut l’appréhender avec de la con ance en soi. Cela fait 25 ans que ce concours existe et jamais une noire afric- aine n’avait été sur la première marche. Ce fut une émotion énorme, une bénédiction et j’ai eu le soutien de tout mon pays.
Si tu avais une baguette magique et pouvais être l’égérie d’une grande marque, laquelle choisirais-tu ?
J’en choisirais 3 et ce serait uniquement des marques et campagnes beauté : Guerlain, L’Oreal et MAC. Il faut plus valoriser les visages des beautés africaines car les lles avec mon teint sont rares sur les a ches beauté.
Sinon, je dirais Victoria’s Secrets pour la lingerie.
Une carrière de mannequin est souvent très éphémère. As-tu pensé à ce que tu aimerais faire plus tard ?
Du cinéma, mais aussi monter une agence qui viendrait en aide aux jeunes talents africains – modèles comme stylistes – qui manquent de visibilité.
Le magazine ROOTS est engagé dans la lutte contre le blanchiment de la peau. Toi qui es une man- nequin internationale avec un teint sublime, quel message pourrais-tu adresser ?
Nous ne devons pas avoir honte de notre culture, il faut savoir d’où on vient. Cette peau noire est un héritage. Pour le concours Miss Top of the World, j’ai aussi été sélectionnée à cause de mon teint, car nous étions 5 représentantes de l’Afrique et parmi elles certaines avaient eu recours au blanchiment. Il faut donc s’aimer telles que nous sommes.
Édition : ROOTS n°16
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