LES MANDINGUES : Tradition

La guerre qui sévit au Mali depuis 2012, dont découle l’opération Serval l’atteste : l’histoire des Mandingues est riche et si elle a été transmise oralement, une bonne part a traversé les siècles grâce à des textes écrits. À l’origine, ils occupaient le pays aujourd’hui en guerre, au terme d’une migration et de l’établissement de royaumes, séparés en deux catégories, les Mandingues orientaux (Bambaras, Kassonkhés…) et ceux de l’ouest comme les Sarakhollés. Le mandingue est une langue, parlée actuellement par près de dix millions de locuteurs. Le jéli -griot- n’est pas l’unique détenteur et émissaire de la culture et des hauts faits des héros mandingues, mais son savoir-faire sans pareil en Afrique peut éclairer le parcours de ce peuple, présentant beaucoup de ressemblances avec les Bantus (voir page). Ainsi pourrait commencer l’histoire contée le professionnel de la parole. Les Soninkés, ethnie de voyageurs et de cultivateurs, fondent l’empire de Ghana, au IIIè siècle sur les terres correspondant aujourd’hui à tout ou partie du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie. Cette histoire est rapportée par des récits de Une armée forte, des denrées précieuses, telles que le sel ou l’or… À la tête du premier empire structuré et puissant, ils commercent avec les marchands arabes dès le XIè siècle et sont les premiers aux côtés des Peuls à se convertir à la religion musulmane. Cette religion ne s’imposera parmi toutes les ethnies que bien plus tard, notamment lors de l’établissement de l’Empire du Mali, dirigé par le légendaire et valeureux Soundiata Keïta. L’unité de peuples de tous les Mandingues déjà cités est réalisée par le clan Keïta. La charte du Manden proclamée par l’empereur en 1222 est l’un des premiers textes constitutionnels au monde et est inscrit au patrimoine de l’humanité par l’Unesco depuis 2009. Elle régit les rapports entre les hommes dans cette société, condamnant la faim ou l’esclavage et mettant le respect de la vie humaine au centre. L’Empire du Mali décline suite à des querelles intestines. Il est un objet de convoitise pendant longtemps. Connaître son histoire est au cœur de la culture mandingue. Les manuscrits de Tombouctou qui brûlent, ce sont des pans d’un passé commun à une bonne partie de l’Afrique qui disparaissent.

Par Dolorès Bakela

Édition : ROOTS n°8