Chabin : hybride du bouc et de la bre- bis. Défintion brutale si on l’applique à l’humain. On négligera plus tard ce sens péjoratif et le mot « chabin » deviendra usuel dans la culture antillaise. Techniqu- ment parlant, ce terme désigne des personnes nées de parents noirs dont l’origine blanche n’est pas toujours précise. Leur ADN ne trompe pas et ce mélange ethnique se voit sur leur morphologie mé- lant caractéristiques associées aux noirs et aux blancs: des cheveux crépus, oui, mais blonds virant même au roux, un corps de couleur claire à l’aspect laiteux muni d’un fessier rebondi. Pour savoir la transposition de ce terme de l’animal à l’humain, un peu d’histoire. Il faut alors remonter aux temps de l’esclavage et du commerce triangulaire aux Antilles. Pour mieux rappeler au Noir qu’il est nègre et donc différent, les négriers mettent en place une classification dégradante de leurs esclaves selon leur « part de sang noir ». Ceux qui travaillaient non pas dans les champs mais dans les maisons se voient assigner un nom d’animal considéré comme contre nature. La littérature antillaise rend compte des a priori et des légendes qu’alimentent ces individus noirs à la peau claire (à ne pas confondre avec les albinos dont la peau claire provient d’une absence de mélanine). On les présente comme des personnages mystérieux même inquiétants, ni noir ni blanc et donc associés au diable, hypersensibles et au tempérament volcanique ( cf. l’expression créole : « on mové chabin ») . On colle, ou sinon, aux jeunes chabines une réputation de beauté ensorcelante, synonyme d’équité des caractéristiques blanches et noires, à l’appétit sexuel insatiable. Si pour certains, interpeler une jeune femme à coup de « Hey belle chabine » est devenu le summum de la flatterie et si « être chabin » peut revêtir une grande fierté pour des familles et la société, le terme « chabin » revient de plus en plus, aujourd’hui, vers son sens négatif.
Édition : ROOTS n°2
Commentaires