Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Evelyne Guillaume, Guadeloupéenne et fondatrice de O’natty.
Racontez-nous votre parcours jusqu’à la création de votre 1er salon O’natty ?
J’ai grandi en Guadeloupe et ne suis arrivée en métropole qu’à partir de mes 18 ans. Je me suis réorientée en poursuivant des études de prépa en pharmacie mais, dès la seconde année, j’ai décroché pour revenir à mon parcours initial : la comptabilité, rien de bien transcendant ! Puis, j’ai eu cette incroyable chance de devenir maman, dès mes 22 ans, et la vie a pris tout son sens à ce moment-là. J’avais raté mes études mais ma vie commençait là. Je ne voulais plus me lever le matin sans avoir un but qui ait du sens et j’avais surtout cette sensation que je devais accomplir quelque chose de grand. La coiffure a toujours été une passion depuis petite; je prenais plaisir à coiffer les personnes de mon entourage. J’ai songé plus jeune à m’orienter dans ce domaine, mais pour ma mère, à cette époque, c’était considéré comme un métier de peatite main. Pourtant, dans toutes les civilisations, la coiffure a toujours eu une grande importance. Il suffit de remonter l’Histoire et de voir combien les coiffeurs des rois et des nobles prenaient soin avec minutie des perruques sophistiquées qui recouvraient leurs vrais cheveux. Ils ont aussi été synonymes de force et de virilité, à l’instar de la légende de Samson qui détenait toute sa force dans ses cheveux.
Que signifie le port du locks pour vous ? Est-ce juste esthétique ou y a t-il également une revendication politique ou identitaire ?
Les locks permettent à ceux qui en portent de proposer fièrement un autre standard de beauté. Au-delà de leur dimension esthétique, nos cheveux sont une extension de nous-même. Porter mes locks est vraiment l’expression de ma fierté.
Les enjeux politiques ont toujours eu un lien fort avec les enjeux capillaires. Le port des locks transgresse les normes sociales, c ‘est un symbole de libération et de résistance.
Le port des locks est de plus en plus tendance. Que conseilleriez-vous à ceux qui hésitent à franchir le pas ?
En effet, depuis plusieurs années nous pouvons constater cette recrudescence de nouveaux adeptes. Cette décision demande un vrai cheminement car elles ne s’obtiennent pas du jour au lendemain, mais elles se méritent. Vous devez être en accord avec votre choix.
Quelle est votre plus belle expérience client ?
Honnêtement, je ne saurais pas les citer, il y en a tellement. Les moments que je passe avec mes clients sont tous uniques et enrichissants. Mais il y a une cliente que j’affectionne plus particulièrement, c’est ma fille : 0’. Un jour, lorsqu’elle était en primaire, elle m’a demandé de lui lisser ses cheveux afin de ressembler à ses copines. Ce fut le déclic ! Je ne voulais pas qu’elle grandisse avec ce complexe d’infériorité. Je me suis rendue compte que je devais prendre le temps et davantage soin de ses cheveux en lui exprimant des paroles positives sur leur texture, avant de lui proposer des locks.
Vous êtes propriétaire d’un salon spécialisé des locks et avez récemment lancé un magazine autour des locks. Racontez-nous l’aventure du magazine O’Natty…
O’NATTY existe depuis 10 ans. En 2014, je me suis faite la promesse de créer un magazine qui valoriserait le port des locks car il n’existait aucun magazine dédié aux locks en France et en Europe. L’ambition du magazine O’natty est d’offrir plus de repère et d’identification à ceux qui portent des locks en leur proposant de découvrir les témoignages de personnalités qui ont adhéré aux locks, mais aussi de comprendre les différents messages véhiculés par cette coiffure.
Ce numéro est un spécial Caraïbes. Que représente la Guadeloupe pour vous ?
La Guadeloupe est mon île de coeur car j’y ai grandi et mes parents vivent là-bas. Quand je dois me ressourcer, c’est l’unique endroit au monde, plus précisément Port-Louis, où je me régénère.
Y avez-vous des projets à court et/ou moyen termes ?
Tout à fait, je compte très prochainement donner naissance à O’natty Guadeloupe.
Si vous aviez un message à adresser à nos lecteurs ?
Seul on avance, mais ensemble on va loin. Nous avons besoin de nos forces mutuelles pour faire avancer les choses, quelqu’en soit le domaine.
Si je vous dis le mot “Roots”, vous me répondez ?
Honneur et gratitude à mes ancêtres.
Salon O’natty : 138 Rue de Charonne, 75011 Paris.
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