VIANDE DE BROUSSE : Entre identité culinaire et culturelle

Dans l’imaginaire collectif, qui dit « viande de brousse », dit nourriture goûtue et prononcée, mais aussi sauvage et tropicale. Dans les faits, la viande de brousse est le nom donné à la viande d’animaux sauvages, recherchée par de nombreux amateurs, entre autres sur le continent africain et dans les pays de forte immigration africaine. Le terme « viande de brousse », également appelée « viande sauvage » ou encore « viande de gibier » se réfère à la viande de mammifères non domestiqués, de reptiles, d’amphibiens et d’oiseaux chassés pour la nourriture dans les forêts tropicales. Au Congo, l’expression fait généralement référence à 3 animaux : L’antilope (mboloko), le porc-épic (simbiliki) et le cochon de brousse (sombo).

La viande de brousse représenterait près de 80% de l’apport en protéines des populations d’Afrique centrale. Environ 6 millions de tonnes de viande de brousse sont extraites du bassin du Congo chaque année — à peu près l’équivalent de la production bovine annuelle du Brésil.
Pour produire cette même quantité de viande bovine dans la région, il faudrait défricher 25 millions d’hectares de forêts pour les transformer en pâturages — une superficie presque équivalente à celle de la Grande-Bretagne.

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Le terme « viande de brousse » renvoie également à l’image des gorilles ou chimpanzés — mais la majorité des viandes de brousse chassées dans le bassin du Congo provient bien de porcs-épics, de géomydés (rats géants) et de céphalophes (petites antilopes). Les singes sont chassés en grand nombre dans la région mais ne représentent qu’un petit pourcentage de la biomasse de la viande de brousse. Il faut préciser que la majorité des espèces de mammifères (70%) chassées dans le bassin du Congo ne sont pas classées comme « menacées » sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN.

La croissance démographique et le commerce des régions rurales vers les régions urbaines, aggravés par l’absence d’une solide filière nationale de viande sont les principaux facteurs à l’origine des niveaux exponentiels de chasse. Vous l’aurez donc compris, c’est un mode d’alimentation qui n’est pas prêt d’être en voie d’extinction…  Au grand dam des organisations internationales telles que GreenPeace mobilisées pour la préservation de certaines de ces espèces et la lutte contre le braconnage animalier. Un combat qui s’annonce âpre, tant la viande de brousse revêt de l’identité culturelle et culinaire des enfants du Congo.

Par Shaïna Litho

Édition ROOTS spécial Kongo

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