Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Arlette Natacha Yemba Pouth, j’ai 31 ans et je suis Camerounaise. Dans la vie, je suis Crédit Manager. Et sur les réseaux sociaux, je suis la « Présidente des immatures » (rires), ainsi que l’initiatrice de Black Love Connexion.
Qui est la Présidente des Immatures ?
Être la Présidente des immatures a toujours fait partie de ma personnalité. « La Prési » est un personnage, quelqu’un qui aime rigoler de tout et de rien de manière enjouée. La Présidente est née pendant le confinement, c’était une période pendant laquelle on était complètement enfermé et j’avais besoin de trouver le moyen d’évacuer. J’ai traduit avec un ton divertissant certains éléments et expériences de ma vie personnelle, que ce soit dans le domaine amoureux, sentimental ou amical. Je me suis dit pourquoi ne pas retranscrire certains moments qui m’ont marquée, de manière humoristique. Je veux toucher les gens et crever l’abcès.
Et qu’en est-il de La Black Love Connexion ?
Ce sont deux choses qui sont liées à ma personnalité. Black Love Connexion, ce sont des rencontres entre Afro célibataires que j’organise.
D’où est venue cette envie de créer Black Love Connexion ?
Je travaille dans le milieu de la finance et certaines de mes collègues m’ont souvent demandé où l’on pouvait trouver des hommes noirs qui travaillent dans le même domaine que nous, des hommes qui ont de la conversation, un certain statut social, etc.
Malheureusement, il y avait cet apriori qui voulait que les femmes noires avec de bons revenus se disent qu’il n’y a pas d’homme noirs « à leur niveau », tant financier qu’intellectuel. Black Love Connexion nous permettrait de créer des rencontres dans le cadre amoureux et relationnel et de créer une synergie entre gens qui « se ressemblent ».
Avant Black Love Connexion, j’étais donc la bonne amie « entremetteuse » et je créais des couples dans mon cercle amical. D’ailleurs, mes amis m’ont toujours dit de monter une agence matrimoniale car j’avais cette capacité à visualiser quel homme irait bien avec quelle femme. Les matchings correspondaient souvent. Il y en a qui sont à l’heure actuelle en couple depuis plusieurs années, d’autres qui sont même mariés et tout cela c’était avant Black Love Connexion. Et quand est venue la problématique dans le cadre professionnel, où ces femmes et ces hommes cherchaient l’amour, Black Love Connexion était comme une évidence. Créer un espace où des personnes pourraient se rencontrer et se connecter ne pouvait être que positif.
Revenons sur le volet humour. À quel moment t’es-tu dit : « Je suis marrante, me lance, je vais rire les gens ? »
Je ne sais pas si je suis marrante, mais je pense amuser certaines personnes, en fonction des sujets que j’aborde. Mais lorsque tu te rends compte que tes vidéos font des dizaines de milliers de vues, tu te dis que forcément il y a des gens que tu intéresses.
Quelle a été la vidéo déclic ?
C’était pendant le confinement, je sortais d’une relation de 10 ans avec quelqu’un. On s’est amusé à faire une vidéo où il me demandait de le retrouver dans son lit, alors je lui ai dit non, que c’était la quinzième fois et que j’étais trop fatiguée (rires).
Elle a été déclic, parce que beaucoup de couples se sont reconnus à travers cette vidéo, parce que qui dit confinement, dit être enfermé chez soi et dit sans doute avoir une activité sexuelle plus intense. Lorsque l’on a vu l’engouement de cette vidéo, je me suis dit qu’il y avait plein d’expériences que je vis, que certaines personnes vivent et que je pourrais tourner tout cela sur un ton humoristique.
Tes sujets de prédilection s’articulent uniquement autour des thématiques de couples ?
Moins maintenant, car entre le moment où j’ai crée le personnage La Présidente des immatures et aujourd’hui, il y a beaucoup de choses qui ont changé, notamment ma situation amoureuse.
Au début, j’en parlais beaucoup, mais j’ai toujours touché à tout, comme l’amitié, les relations, le sexe ou la religion qui reste encore tabou. En gros, j’aborde tous les sujets dont les Afros n’osent pas parler.
Tu travailles dans la finance, « La Présidente des immatures » étant un passe-temps. Cela pourrait-il devenir ton métier et est-ce que la prochaine étape pourrait être un One woman show ?
J’y ai déjà pensé, j’ai même déjà écrit certains textes que je présente souvent à mes amis, et même lors des événements Black Love Connexion.
D’autre part, je travaille déjà ma maitrise du langage et la présence scénique, mais je ne pense pas avoir assez de cran pour l’instant. Je ne souhaite pas laisser tomber mon salariat qui est un peu ma sécurité. Même si être à mon compte est quelque chose qui me plairait, je ne suis pas encore prête.
Y a-t-il des femmes humoristes qui t’inspirent ?
De tête, je dirais Claudia Tagbo car j’aime beaucoup l’énergie qu’elle dégage sur scène. Beaucoup de personnes m’ont déjà comparée à elle, que ce soit ses mimiques ou encore ses blagues. J’aime aussi Florence Foresti ou Anne Roumanoff, car chacune d’elle a une manière assez intéressante d’aborder des sujets qui peuvent être parfois tabou. Et c’est pour cela que je me suis nommée la Présidente des immatures. On aborde des problématiques qui sont certes sérieuses mais qui ont une ouverture humoristique. On peut en rire même si cela reste sérieux.
Originaire du Cameroun, que cela représente-t-il ? Des projets à termes ?
Le Cameroun représente tout pour moi. J’ai vécu toute ma jeunesse au Cameroun et suis arrivée en France à 16 ans. La détermination que j’ai dans le cadre professionnel et personnel, tout ce que je peux faire aujourd’hui, cela vient du Cameroun. D’ailleurs ma FanBase est en grande partie camerounaise. À termes, j’aimerais construire au Cameroun, pourquoi pas un orphelinat. Mais étant donné que je suis en France, s’investir à distance reste compliqué. À moins d’avoir la liberté d’une personne à son compte et de pouvoir faire de nombreux allers-retours.
Si je te dis le mot « Roots », tu me réponds ?
Je pense à la force, à l’union, aux origines, à la Terre Mère.
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