Freddy : la mode, la mode

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Freddy Angel, de mon vrai nom Frédérique Mvondo. Je suis franco-camerounaise, j’ai 30 ans. J’habite à Paris depuis 10 ans et j’ai grandi en Alsace puis en Suisse avec ma famille. Actuellement, je fais beaucoup de choses : je suis mannequin, personal shopper, vendeuse luxe chez Dolce&Gabbana et directrice artistique sur des évènements.

Raconte-nous tes débuts dans le milieu de la mode ?
J’ai mis un pied dans le mannequinat en 2008. Mon 1er shooting à l’époque était avec le grand coiffeur Alexis Rosso et quelques années plus tard en 2011 j’ai commencé une carrière en tant que mannequin professionnelle. J’ai fait un premier shooting avec la marque Mizani, différents défilés : Labo Etnik, plusieurs fashion weeks, l’Africa Fashion Reception, et plusieurs dans les milieux afro à Paris et Londres, le salon Marions-nous à la Défense en étant la seule mannequin noire, j’ai aussi fait des campagnes publicitaires avec des marques telles que Dark&Lovely, Mizani, des salons de coiffure, égérie du premier salon Afro Wedding, de la marque capillaire Nappy Weft Hair, etc.

Être une femme mannequin noire en France est très compliqué. Comment as-tu réussi à faire la différence et t’imposer ?
Pour moi cela a toujours été une passion que je n’ai pas tout de suite prise au sérieux. J’avais une vie à côté du mannequinat, et je me suis distinguée en restant moi-même, j’ai toujours été souriante et accessible. J’aime ce que je fais, je ne prends pas les gens de haut.. Je ne fais pas un 34, je ne corresponds pas au mannequin type et pourtant je me suis imposée avec mes formes. Je pense que les créateurs ou marques ont apprécié mon visage, mon sourire, mais aussi mes cheveux qui sont la plupart du temps au naturel.

Comment as-tu basculé de mannequin à la profession de directrice artistique et personal shopper ?
La mode est une passion. Avant le métier de mannequin déjà j’ai occupé le poste de vendeuse chez Versace pendant plusieurs années. Dans le luxe, on nous apprend à valoriser le client, à apporter un conseil pointu. Je sais que je suis parfaite dans ce que je fais. Au fur et à mesure des défilés, j’ai rencontré du monde dans le milieu et je commençais petit à petit à leur prodiguer quelques conseils pour améliorer leurs shoots ou leurs évènements. De fil en aiguille, je suis devenue personal shopper pour des clients VIP. Ça allait de la princesse arabe aux grands comptes. J’accompagnais mes clients chez Versace, Chanel, Hermès… Plusieurs conciergeries privées m’ont approchées et elles m’envoient de temps en temps à l’étranger pour des clients prestigieux. Mon travail consiste à valoriser et illuminer une personne. Rien de plus simple pour un ex-mannequin puisque c’est ce qu’on faisait envers moi au quotidien, je bascule donc simplement de l’autre côté de la scène. Par la grâce de Dieu, on m’a toujours fait confiance. J’ai rencontré quelques personnes formidables qui m’ont inspirée, motivée et conseillée : Alvina Karamoko, Muriel Kabile, Chrystal. A force de travail sur des shootings, j’ai eu la chance d’être sollicitée comme directrice artistique de la Pulp Fashion Week au salon Hoche l’année dernière aux côtés de l’équipe AKM.
Depuis quelques temps, je travaille avec Amine Rami, un grand créateur haute-couture de caftan au Maroc. J’étais son premier mannequin noir et je deviens la directrice artistique de tous ses évènements. Nous avons fait récemment le Caftan Luxury au Marriott Hôtel : 19 créateurs, 18 mannequins, près de 600 personnes dans la salle, c’était un challenge très excitant ! Nous nous en sommes bien tirés et les gens étaient satisfaits.

Quel est ton plan à moyen terme ?
Prévois-tu de privilégier une activité en particulier ?
J’ai plusieurs objectifs : développer une structure avec plusieurs pôles, faire de plus en plus de campagnes publicitaires pour des marques cosmétiques ou des créateurs, développer au maximum nos propres évènementiels comme cette soirée que nous organisons avec mes associés le 15 juillet pour la sortie de l’album de Mokobé. Il y a beaucoup de choses sur le feu, je suis par exemple directrice artistique de la marque Divone et c’est aussi une nouvelle aventure qui s’ouvre à moi.

Des projets à destination de l’Afrique ?
Je n’ai pas grandi en Afrique mais je sais que tout ce que je fais ici a vocation à être reproduit là-bas. Il n’y a pas de raisons que cela se passe mal. Tout est une question de connections, il ne faut pas être effrayé mais foncer ! Je pense que lorsque l’on a grandi ici, il faut pouvoir transmettre ce que l’on a acquis en Afrique.

Un conseil pour quelqu’un qui aimerait s’épanouir dans le milieu de la mode ?
Être déterminé ! Ne pas avoir peur de ce que peuvent dire les autres mais suivre ses intuitions.

Si je te dis le mot Roots, cela t’évoque quoi ?
L’Afrique, mes racines.

Édition : ROOTS n°16