FABREGAS : Les confidences du maestro

“Que les gens comprennent que l’on n’est pas sur Terre pour vivre éternellement. Il faut vivre et construire dans le bien.”

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?

Fabrice Mbouyoulou, fils de Papa Théodore Mbouyoulou et de Maman Elisée Mbouangueli. Je suis un jeune Congolais de 31 ans, passionné de musique.

La musique, une passion de famille ?

Effectivement, ma mère, ma grande sœur et mon grand frère Christian étaient tous dans une chorale. Moi-même, j’ai pris ce goût de chanter au sein de la chorale Saint-Alphonse, à Matété et dans mon collège Saint-Théophile Allemba. Je m’en rappelle comme si c’était hier. Notre professeur de musique voulait entendre les cordes vocales de chacun des élèves, j’ai essayé, cela a plu à toute la classe, tout le monde a applaudi. J’ai commencé à vivre le « starisme » dans mon école, à la récréation on m’achetait tout (rires). Et c’est ainsi que j’ai décidé de pousser plus loin ce don de Dieu.

Comment s’est faite la rencontre avec votre mentor Werrasson ?

C’est mon mentor, mon maître, mon père. Quand j’ai quitté la chorale, j’ai fait pas mal d’orchestres du quartier, avant de me dire pourquoi ne pas faire mon cursus auprès de grands noms de la musique. J’ai rencontré Werrasson avec Wengé Musica Maison mère. Ils m’ont accueilli les bras ouverts et c’était un rêve. Nous étions nombreux, il y avait Héritier Watanabe, il y avait Café Room, etc. On était jeune et on voulait devenir comme eux. Le Wengé de Werrasson était une vraie école. Je pourrais citer mon grand frère Ferre Gola qui était dans Wengé 4×4 et dans Maison Mère, c’était le chef d’orchestre d’ailleurs.

Vous venez de citer Héritier ou vous-même qui avaient commencé avec Werrason. De l’autre côté, on a Fally qui a commencé avec Koffi. Est-ce un préalable obligatoire pour percer dans la musique au Congo ?

J’ai envie de répondre oui et non. Ces écoles permettent d’acquérir une certaine maturité artistique. Pour autant, ça n’empêche pas de pouvoir sortir de « nulle part ». Je pense, par exemple, à mon frère Innocent Balumu, qui n’était ni chez Wengé, ni chez Quartier Latin, mais qui se débrouille très bien.

Qui sera la filiation de Fabregas ?

J’ai déjà un groupe : VillaNova. J’estime que c’est ma progéniture, ils sont encore jeunes, ils ont une fougue terrible. Si je devais miser sur quelques-uns, je dirais Bina File, Acoustic Disa Match, Thierry Mugler, Materrazzi, Merveille, Francesco… En réalité, ils sont plein, je pourrais même vous en citer le double.

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Vous êtes le chanteur Congolais qui a les danses les moins compliquées, les plus simples à reproduire en boîte. Quel est le secret ?

Je fais tout avec Dieu, c’est lui qui nous inspire et qui fait que tout se passe bien. En dehors de cela, avec la multitude d’artistes, je pense qu’il faut faire les choses au plus simple et c’est valable pour tout. Je pense que les gens n’ont plus le temps d’écouter des morceaux de 10/15 minutes, par exemple. Il faut faire des choses qui vont rapidement les captiver et qu’ils vont facilement pouvoir reproduire.

« Yamado », le tournant de votre vie ?

J’en suis pleinement conscient. Dans notre métier, vous avez énormément de très bons artistes, mais qui n’ont pas de tube. J’ai eu la chance de faire un tube planétaire dans ma carrière et c’est quelque chose d’énorme. Je remercie Dieu et tous ceux qui m’ont soutenu de près ou de loin, qui ont retenu la chorégraphie, qui ont joué le jeu avec moi dans le morceau.

En terminant ce morceau en studio, vous saviez que vous teniez « LE » tube ?

Non, je ne savais pas. Quand je fais de la musique, c’est par passion, je ne calcule pas… Ni les millions de vues, ni rien. Je ne suis pas dans le « m’as-tu vu », je suis dans la pratique de mon art. Et ce sont les autres qui décident.

Si je vous donne une baguette magique, avec quel artiste francophone et anglophone vivants feriez-vous un featuring ?

C’est difficile de choisir, il y en a tellement. En anglophone, j’hésiterais entre Drake, Kanye West et Jay-Z. En francophone, je dirais Maître Gim’s, Dadju, mais en fait il y en a plein. Je pourrais citer Niska, Damso, les artistes de Bomaye : Naza, Keblack, sans oublier le grand frère Youssoupha, ou encore Hiro le Coq qui fait bien le taf. La liste est longue !

Quel est votre prochain défi ?

Il faut que je réussisse à asseoir l’amour sur Terre. Un morceau qui arrive à installer l’amour entre les peuples. Faire danser les gens, on le fait déjà, faire des morceaux que les gens retiennent, on le fait aussi, mais le défi serait d’avoir un vrai morceau universel porteur d’un message d’amour. Quand les gens s’aimeront réellement, on n’aura plus de raisons de se faire la guerre. Que les gens comprennent que l’on n’est pas sur Terre pour vivre éternellement. On est tous passagers, on finira par mourir un jour… Ça ne sert à rien le « m’as-tu vu », ça ne sert à rien de faire du mal. Il faut vivre et construire dans le bien.

Vous êtes « validé » par la jeunesse congolaise. Quel message leur adresseriez-vous ?

Je leur dirais de savoir que c’est nous qui allons gérer les choses demain dans notre pays, et sur ce continent. Nous devons être conscients et nous regrouper entre jeunes conscients. On ne doit pas faire les mêmes erreurs que ceux qui nous ont précédé. On représente l’avenir et avant tout, je le répète, on doit s’aimer !

SI je vous dis le mot ROOTS, cela vous évoque quoi ?

Tes origines sont ta source, qui permettent d’avancer sur un chemin bien taillé.

Édition spécial Kongo