EMPIRE DU DJOLOF : Quand Sénégal et Gambie ne faisaient qu’un

Ancien empire situé dans l’ancienne Sénégambie, le Djolof a été fondé par Ndiadiane Ndiaye, premier Bourba (roi) Djolof au 13ème siècle. C’est un des grands états musulmans médiévaux d’Afrique de l’Ouest.

Ndiadiane Ndiaye, le premier Bourba

Ndiadiane Ndiaye était chef du royaume du Oualo (l’actuel Nord-Ouest du Sénégal). Le Bourba réunit d’après la tradition toutes les populations d’ethnie Wolof pour fonder cet empire qui fut dirigé par le clan des Ndiaye. D’ailleurs, le patronyme Wolof existe toujours… Les habitants du Djolof sont appelés « Djolof-Djolof ».

Son Histoire

L’Empire est issu d’une union volontaire entre les royaumes Wolof, Sérère et Peul. Au 12ème siècle, dans la région du Djolof vivaient divers peuples (Toucouleurs, Soninké, Peuls et Maures).
Ils finirent par créer au fil du temps une culture homogène et une langue commune: le Wolof. C’est eux qui formeront l’État du Djolof.

Après avoir connu un rayonnement sans précédent, l’Empire finit par s’affaiblir en 1549 avec la mort de l’empereur Lele Fouli Fak Ndiaye. Les régions prirent leur indépendance, petit à petit, jusqu’à réduire cet immense empire à l’état d’une royauté. Dans la seconde moitié du 19ème siècle, les colons français annexèrent progressivement tous les royaumes du Sénégal.

Le Djolof fut le dernier royaume annexé sous l’impulsion de Louis Faidherbe.

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La résistance de Lat Dior

De son nom complet Lat Dior Ngoné Latyr Diop, le résistant laissera son empreinte dans l’Histoire du Sénégal et de tout le Continent.

A l’âge de 14 ans, après le décès de son frère, il décide de rentrer dans la Case de l’Homme qui est un rituel d’intégration chez l’adolescent africain, où l’on accepte officiellement la Loi sacrée aux yeux de tous. Malgré son jeune âge, Lat Dior espère perpétuer le gouvernement de Cayor (un des 4 royaumes résultant de l’éclatement de l’empire Djolof) au sein de sa famille. Il va s’opposer au règne du Damel (souverain), Madiodio Déguéne Codou, qu’il estime être corrompu par son alliance avec Louis Faidherbe, le gouverneur colonial français. Il réussira, en 1861, à défaire Madiodo et les Français lors de la bataille de Coki. Après de multiples affrontements avec les forces coloniales, dont la bataille de Mekhe où il repoussera glorieusement les troupes françaises, Lat Dior est reconnu Damel de Cayor en 1871. Il sera tué lors de son dernier affrontement, en 1886, ainsi que ses deux fils. 33ème Damel de Cayor, il est le plus aimé par son peuple et devient une figure héroïque, symbole de la  résistance face à la colonisation française.

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Une organisation sociale

L’éthnie Wolof a longtemps régné sur ce Royaume. Ils vivaient dans une société bien hiérarchisée, divisée en castes, chacune ayant un rôle bien défini.
Au sommet de cette hiérarchie : Les Gor (nobles), parmi eux les Garmi qui constituent l’aristocratie éligible pour diriger le Royaume. Ces deux détiennent le pouvoir temporel et politique, puis viennent les Nye Nyo (forgerons et artisans), les Griots et enfin les Diamé (anciens esclaves).

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Seuls les mariages réalisés au sein d’une même caste étaient permis. La lignée des empereurs du Djolof est matrilinéaire comme en Egypte, les femmes n’abandonnant pas leur nom de famille lorsqu’elles se marient.

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Les Français s’installent à Saint-Louis en 1659, s’ensuit une guerre où l’Afrique est divisée par ses envahisseurs. L’Empire Djolof est renommé « Afrique occidentale française » en 1900 par les Français, le Bourba est alors évincé du pouvoir et remplacé par un gouverneur français.

Le peuple garde néanmoins un infini respect pour la famille royale et suivra ses préceptes moraux, jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale.

Édition ROOTS n°22 – Spécial Djolof