DALITS : Les « intouchables » d’Inde

La société indienne est construite autour d’un système de caste qui se divise en 4 classes. EIle privilégie les blancs au sommet, les noirs au bas de l’échelle et détermine les droits et devoirs que chacun aura durant sa vie. Certains vont jusqu’à qualifier d’« apartheid caché » et de violations graves des Droits de l’Homme, les discriminations que subissent au quotidien les noirs Indiens: les Dalits. Un « Intouchable », d’après la tradition hindoue, est une personne qui dans sa vie antérieure aurait commis un grand nombre de pêchés. De ce fait, elle ne mériterait pas sa place auprès des autres indiens et devra exercer les tâches les plus dégradantes. Gandhi les appelait les «harijans », enfants de Dieux, mais eux préfèrent s’appeler les « dalits », ce qui signifie : les opprimés. Ils représentent aujourd’hui 17% de la population indienne, soit 200 millions de personnes et sont voués à une vie ingrate. Synonyme d’humiliation, d’exclusion et de pauvreté, leur routine se résume à l’accomplissement de tâches considérées comme impures. Ainsi, ils sont chargés de la crémation des morts et de nettoyer les latrines et les égouts. Il leur est interdit de porter des chaussures en la présence de membres de castes supérieures, de prier dans les mêmes temples et d’accéder à l’éducation et à la propriété. Dans le temps, l’humiliation allait jusqu’à les obliger à marcher avec un balai noué au dos pour effacer toute trace de leur passage dans la ville. Selon les conceptions de l’hindouisme, l’appartenance à une caste est héréditaire, ce qui empêchait toute possibilité pour les dalits de voir leur situation sociale évoluer. C’est donc au travers de la politique que le changement s’est amorcé. En 1950, sous l’impulsion du Dr Bhimrao Ambedkar, l’un des rares dalits à avoir eu accès à l’éducation supérieure, une révision de la constitution a été faite.  Celle-ci a interdit toute discrimination basée sur les castes, sexe ou religion mettant fin à « l’intouchabilité » et prônant l’égalité de tous les indiens. Quelques améliorations ont eu lieu après ça, notamment au niveau de l’accès à l’éducation et des mesures de « discriminations positives » ont été mises en place pour favoriser l’accès des dalits à la politique. C’est ainsi que Kocheril Raman Narayanan est devenu le premier président dalit de l’Inde en 1997. Quand à Mayawati Naina Kumuri, elle est, depuis 2007, la première femme dalit à occuper le poste de   «ministre en chef » de l’Uttar Pradesh.

Leurs voix se font de plus en plus entendre, aussi bien en Inde, qu’à l’international, mais malgré cela, la ségrégation perdure. Après avoir réformé la politique, il faudra reformer les mentalités basées sur la religion et le système de caste,  pour que les dalits ne soient plus perçus comme de vulgaires intouchables …

Par Diane Bizimungu

Édition : ROOTS n°5

Tags

#inde #roots