COMORIENS : Le carrefour des cultures

Au large de l’océan indien, se dresse majestueusement l’archipel des Comores. Composées de quatre iles -Grande Comore, Mohéli, Anjouan et Mayotte- les Comores sont indépendantes depuis 1975, excepté Mayotte qui a souhaité rester française. L’archipel, qui compte plus de 700 000 habitants, vit de pêche et de culture vivrière principalement. L’ylang-ylang (cf page XX) et la vanille se trouvent être les exportations qui permettent aux Comores de se démarquer à l’international. Pour le côté touristique et clinquant, Moroni, la capitale, regorge de plages paradisiaques. Mais au-delà de sa faune, de sa flore et de son relief somptueux, les Comores et leur peuple ont bien plus à offrir et pour cela il faut aller au coeur de leur culture. Alors réunissons-nous autour d’une table, prenons un peu de thé au gingembre et du pilaou, spécialité comorienne à base de viande et de riz rouge, et laissez-moi vous conter le pays. La religion tient une place essentielle dans le quotidien des Comoriens. De par leur obédience musulmane sunnite (98% de la population), l’Islam et ses versets leur sont enseignés dès l’âge de 4 ans à l’école coranique. Les Comores sont le carrefour d’influences arabe, malgache, swahili et bantu. Les idiomes officiels comoriens que sont le shikomori aux origines bantu, l’arabe et le français sont le résultat de tous ces courants culturels. Quelques indiens chiites y ont également élu domicile. En Grande Comore, les cultures et les traditions sont davantage encrées. Il n’est donc pas étonnant d’y voir encore les trois grandes classes hiérarchiques que sont les Washondjé, qui s’occupent des corvées, les Wanamdji, deuxième catégorie sociale la plus influente et les Wandru Wadzima, qui ont fait le grand mariage et qui se trouvent donc au sommet de la classe sociale.

Les Comores sont le carrefour d’influences arabe, malgache, swahili et bantu.

Mais qu’est-ce que le grand mariage nous direz-vous ? Il s’agit du mariage coutumier appelé aussi « Anda » en shikomori qui signifie « coutume ». Le mariage traditionnel est une véritable institution en Grande Comore. La tradition veut qu’un homme dans l’âge et qui dispose de la possibilité financière, épouse une femme et puisse se faire une place de prestige et de privilèges au sein de la société, le marié devient « mdrumdzima », homme accompli, un notable. Le Anda est une féerie africaine composée de chants comme les twarab, de danses comme le sambé ou le shigoma, de mets comme le madaba, le samboussa ou le ntsouri. Vêtus au quotidien de kofia et de kandou pour les hommes et de lesso (châle à motifs) pour les femmes, ou du msindanu, un masque au bois de santal qui orne le visage des comoriennes, les jeunes mariés ne lésinent pas sur les moyens pour sortir leurs plus belles parures. Il existe de nombreuses fêtes culturelles et religieuses comme le shougou ou le gori, autres types de mariage, les Maoulides ou les « Ides» (respectivement la fête qui marque la naissance de Mahomet, l’Aid El Fitr, fête de fin du Ramadan et l’Aid El Kebir, fête du mouton), mais aucune n’est plus couteuse que le Anda. Les comoriens dépensent des sommes colossales pour célébrer cet évènement religieux et socioculturel. Et transition sociale oblige, nous nous devions de vous informer sur une facette comorienne qui met en lumière le joyau africain: la femme. Les Comores sont une société matriarcale et la femme est au centre de la famille. Seules les femmes peuvent hériter d’ailleurs, même si elles n’ont pas le total usufruit de leurs richesses. Notez également messieurs que la plus grande humiliation pour un comorien est l’ostracisme, c’est-à-dire de vivre seul, sans la compagnie de la gent féminine.

Par Tatiana Bayina

Édition : ROOTS n°10