WAGENIAS : Les pêcheurs de l’extrême

Qui sont donc ces mystérieux Wagenias ? Un peuple d’acrobates du fleuve Congo, cependant nous ne savons pas très bien situer leur provenance. Accrochés aux chutes, ils y construisent des échafaudages et y suspendent des nasses coniques. Profitant de la furie des eaux, ces pêcheurs hors du commun tentent depuis des siècles de dompter un environnement à l’équilibre précaire.

Sur les bords du fleuve Congo, qui leur est sacré, dans des eaux déchainées, les pêcheurs Wagenias risquent tous les jours leur vie pour seulement quelques poissons… Pour attraper ce butin vital, ils utilisent des techniques de pêche ancestrales uniques au monde. Ils vont chercher à mains nues les poissons que l’eau courante coince entre les rochers et/ou dans leurs pièges artisanaux. Malheureusement, la violence du fleuve confronte chaque jour les pêcheurs à la mort. Beaucoup y ont perdu des proches et n’ont jamais pu retrouver les corps. Tragique paradoxe : sans le fleuve, ils ne seraient rien, mais il y a un lourd prix à payer, celui de surfer avec la mort au quotidien.

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Pour éviter de glisser dans les rapides et d’être emportés par le courant, les pêcheurs fabriquent des nasses en bois, une sorte de gigantesque panier en osier ou en treillage métallique utilisé pour capturer des poissons. Le courant étant très puissant, dès lors que le poisson pénètre dans la nasse, il meurt quasi instantanément. À la fin de la journée, solidarité oblige, les Wagenias se partagent les poissons pris au piège.
Une partie de cette pêche est destinée à la vente, le reste a pour but de nourrir leur famille. L’argent récolté est ensuite rétribué aux femmes du foyer et à leurs enfants pour qu’ils puissent payer leur scolarité.
Malgré un cadre de vie périlleux, les Wagenias sont reconnaissants. Pour rendre hommage à ce fleuve qui les nourrit chaque jour, ces pêcheurs de l’extrême enseignent le “Kabobo” à leurs enfants. Il s’agit d’un sport de force pour leur apprendre à apprivoiser (à défaut de pouvoir combattre) le fleuve Congo et avoir les meilleurs reflexes face aux dangers ou aux imprévus des courants d’eau.

Un peuple en harmonie avec sa nature, au destin de vie quasi irréel, mais qui participe à la richesse culturelle du Congo.

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Édition ROOTS N°20 Spécial Kongo
Par Amina Mabondzot

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