TAYC : Prince de l’afrolove

Si tu veux une longue carrière dans la musique, tu ne peux pas te falsifier, il faut faire ce que tu maîtrises et apprécies.

Contrôle d’identité, s’il vous plaît ?
Je suis TayC, j’ai 24 ans, d’origine camerounaise. Je suis un artiste, principalement chanteur.

Revenons sur la genèse de votre parcours artistique…
Je suis né à Marseille, j’y ai grandi jusqu’à mes 17 ans et mon arrivée à Paris, en 2012. J’étais dans un internat dans lequel il y avait un studio d’enregistrement. C’est là-bas que j’ai commencé la musique, mes premiers pas dans un studio et je n’en suis jamais sorti (rires). J’ai fait un peu de gospel pendant 2-3 mois, puis j’ai fréquenté une église. Ensuite, j’ai intégré un groupe de danse, avant de me focaliser définitivement sur la chanson.

Avec la volonté d’en faire ton métier ou un simple amusement ?
Au départ, c’était juste un kiff. J’ai commencé à chanter à Marseille et, Dieu sait qu’à l’époque, c’était compliqué. Les esprits étaient un peu fermés. Je chantais en cachette dans les toilettes de mon collège (rires). On ne donnait du crédit qu’à ceux qui faisaient du rap, ceux qui étaient dans le chant étaient affublés de toutes sortes de commentaires désobligeants. À l’époque, c’était une ville très aliénée, tu ne peux pas chanter, tu ne peux pas mettre tel type de vêtements, etc. Aujourd’hui, les esprits sont plus ouverts. Je gardais la musique pour moi, jusqu’à ce que j’arrive à Paris. Les mentalités étaient différentes, tu pouvais y faire ce que tu voulais et c’est là que les gens m’ont fait comprendre que j’avais un vrai talent et que je devais pousser le chant.

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Un don que vous tenez de votre famille ?
Pas du tout, absolument personne dans ma famille n’était dans le domaine artistique, même si j’avais bien une grande sœur qui chantonnait, mais rien de sérieux. Vous savez, je suis d’origine camerounaise et, chez nous, le domaine artistique est mal perçu. Quand je me suis mis à la danse, c’était la guerre avec ma famille. Ma mère ne voulait absolument pas en entendre parler. Je me réveillais à minuit et devais faire le mur pour aller danser toute la nuit dans les gares. On ne prenait pas un rond mais on kiffait cela ! Ma mère a compris, petit à petit, mais au départ c’était très compliqué. Elle voyait la réussite dans ce type d’activité comme quelque chose de très lointain et incertain. Pour elle, la réussite passait par les diplômes. Aujourd’hui, tout est différent. Je peux dormir en sachant que mes parents sont fiers de moi. Pouvoir subvenir aux besoins de sa famille, c’est la plus belle des choses ! Encore plus pour moi, car je suis le benjamin.

Le r’n’b était une catégorie quasi inexistante en France. Comment expliquer votre succès ?
R’n’b c’était le mot à ne pas dire (rires) ! Je l’ai vu dès mes débuts. Quand j’ai fait mes premiers rendez-vous avec des petits labels et producteurs. Tout de suite, c’était : « Ah non, pas de r’n’b ». C’était le moment des sons d’ambiance club qui sont arrivés en masse, mais je n’avais pas envie de faire de musique de chichas. Si j’ai pu imposer mon univers musical, c’est grâce à Barack Adama, mon producteur. C’est un grand frère. Il est arrivé dans un moment où je ne savais plus quoi faire. Tu veux que ça fonctionne mais tu comprends que les gens sont hostiles à l’idée de produire un artiste de r’n’b. Barack Adama m’a approché et parlé clairement. Il m’a demandé ce que je savais faire et ce que je voulais faire. Je lui ai dit mes envies et il m’a conseillé de foncer. Si tu veux une longue carrière dans la musique, tu ne peux pas te falsifier, il faut faire ce que tu maîtrises et apprécies.

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Que cela vous a-t-il fait d’apprendre votre nomination aux NRJ Music Awards ?
C’était un rêve. Je suis un enfant de la télé, j’ai grandi avec Les Enfoirés, Le Juste Prix… Avec toutes ces émissions. Les NRJ Music Awards, c’est quelque chose qu’on ne ratait pas. Et me dire qu’aujourd’hui, c’est moi qui suis sollicité par cette institution… C’est dingue !

C’est une consécration ?
Non, je vois cela comme un step de plus. La mentale que nous avons dans notre label : « Tête dans le guidon ». On n’a pas le temps de voir que ça brille, on doit rester concentrés sur les prochaines étapes.

Je vous donne une baguette magique. Avec quels artistes francophones et anglophones feriez-vous un featuring ?
Je choisirais Céline Dion pour la voix et le parcours. Elle est une inspiration pour moi, elle a su s’imposer, avec de la musique française, partout dans le monde. Pour le « chill », je dirais Drake, histoire de pondre un petit hit (rires).

Que représente le Cameroun pour vous ?
C’est ma terre mère. Je n’ai pas eu l’occasion d’y aller souvent et encore moins depuis que je suis artiste. La dernière fois que j’y étais, c’était en 2015, mais c’était pour les fêtes avec la famille donc je n’ai pas pu bien voir le pays. Le Cameroun, c’est le pays de mes deux parents alors c’est de mon devoir d’y réaliser des choses et de poser des actions. J’ai donc voulu me rattraper et j’ai pu profiter à fond du pays pendant ce mois de décembre 2020, c’était le feu !

Si je vous dis « Roots », vous me répondez ?
Afro Love.

Édition ROOTS spéciale Afrique Centrale