SERGE AURIER : Enfant de la Côte d’Ivoire

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Nous sommes quasiment un an, jour pour jour, après les attentats de Bassam (13 mars 2016). As-tu un petit mot à faire passer pour les victimes de Grand-Bassam ? Comment l’as-tu vécu ?
C’est la première fois qu’un tel évènement arrive dans notre pays donc, forcément, c’est choquant et attristant. Dans le passé, nous avions connu la guerre mais cette attaque reste tout de même très marquante et offensive à nos yeux. Avec l’équipe nationale
de football ivoirienne, nous avons apporté notre soutien et rendu hommage aux familles des victimes et aux personnes ayant assisté à cette tragédie. C’était notre devoir de remporter le match qui suivait, cette victoire nous tenait vraiment à cœur et nous avons réussi à remporter ce match avec fierté.

On sait que tu es un vrai Parisien mais en même temps tu restes très attaché à la Côte d’Ivoire. Quelle place occupe le pays dans ta vie, car tu es l’un des rares joueurs de ta génération qui avait l’opportunité de jouer en équipe de France et qui a choisi de jouer avec son pays d’origine ?

Depuis petit, j’ai toujours porté la Côte d’Ivoire dans mon cœur. Pourtant, au centre de formation, on regardait les matchs de l’équipe de France et, déjà à ce moment, chacun avait sa petite idée en tête. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix car j’ai pu réaliser ce que d’autres n’ont pas pu faire en remportant le titre de « Champion d’Afrique » avec ma sélection, qui est un titre majeur en Afrique. Pour moi, cela a vraiment été une fierté
d’acquérir un tel titre en portant les couleurs de mon pays d’origine. C’est vraiment une aventure humaine qui restera gravée à tout jamais dans ma mémoire et dans mon cœur ! Après, il est vrai que je ne suis pas souvent au pays car je m’y rends surtout lorsque je suis appelé en sélection, mais je conserve d’agréables souvenirs. Dès qu’il m’en est possible, même pour quelques jours, j’essaye de m’y rendre avec mes parents. De plus, j’écoute beaucoup de musiques ivoiriennes, donc la Côte d’Ivoire est toujours à mes côtés, je reste très attaché à mon pays et je suis très fier d’avoir fait ce choix-là.

Alors justement, quels sont tes artistes ivoiriens préférés ?
J’écoute vraiment tout type de musique. Niveau rap, je pourrais citer Kaaris et Fababy. Après, pour ceux qui représentent vraiment le pays, il y a Dj Arafat, Kiff No Beat, Bebi Philip. Ce sont des artistes que j’écoute beaucoup car ça me permet de me détendre et de m’apporter de la force avant les matchs et dans les vestiaires. Il m’arrive aussi d’écouter de la musique ghanéenne et nigériane, mais je reste tout de même très attaché aux sonorités ivoiriennes.

Quand tu es en Côte d’Ivoire, quels sont tes repères et les endroits où tu aimes te retrouver ?
Lorsque je suis là-bas, c’est très rare de me voir à l’extérieur, je préfère me retrouver en petit comité avec ma famille. J’essaye de profiter au maximum de mes proches car je ne viens pas souvent.
Après, je ne suis pas une personne qui aime trop s’exposer, je préfère la tranquillité et le calme.

Même si ta carrière de football reste encore longue et que tu as un bel l’avenir devant toi, as-tu déjà des projets pour la Côte d’Ivoire ?
J’essaye vraiment d’aider les plus démunis, là-bas. Aujourd’hui, je suis un personnage public, il m’est donc important d’agir car je sais que beaucoup d’enfants et de jeunes garçons souhaiteraient être à ma place.
Pour aider la Côte d’Ivoire, j’effectue beaucoup de dons mais je ne suis pas du genre à exposer chaque bonne action que je réalise. J’essaye chaque année de faire mon maximum, surtout lors des périodes festives car c’est à ce moment-là qu’on essaye de se mobiliser avec les enfants car ces instants passés à nos côtés représentent beaucoup pour eux.
C’est le moment pour nous, jeunes Africains, d’aller investir en Afrique et d’encourager la jeunesse africaine !

Si tu pouvais faire passer un message à nos lecteurs ivoiriens lequel serait-il ?
Pas grand-chose, qu’il ne faut pas s’attarder sur ce que l’on dit de moi. Aujourd’hui, je pense avoir une image différente en Côte d’Ivoire et en Europe.
Après, ceux qui me connaissent savent comme je me sens bien lorsque je suis en sélection, quand je suis en famille. Au pays, je peux marcher tranquillement dans la rue, sans problème, les gens respectent ce que je fais et ce que je suis.
Le plus important pour moi est de continuer à travailler. Je suis très heureux lorsque les gens m’apportent beaucoup de soutien sur les différents réseaux et me montrent leur amour pour leur patrie. J’ai envie de leur dire que je suis ce genre de personnes, comme on le dit chez nous : « on est ensemble ! ».

Si je te dis le mot ROOTS, cela t’évoque quoi ?
Mes origines, la banlieue, tout ce qui me caractérise. C’est important de conserver ses racines et ne jamais oublier d’où l’on vient lorsque l’on est Africain.

Par Michael Kamdem
Édition : ROOTS n°19